Pédagogie plein air

CPE Populaire Saint-Michel: jouer dehors comme dans le bon vieux temps!

CPE Populaire Saint-Michel: jouer dehors comme dans le bon vieux temps!

Crée en 1973, dans la foulée du premier réseau de services de garde financés par l’État, le CPE Populaire Saint-Michel est l’un des plus anciens centres de la petite enfance au Québec. Sa directrice générale, Lise Bélisle, qui y travaille depuis plus de 30 ans, a vu s’y succéder autant de pratiques éducatives que de générations d’enfants. Aujourd’hui, son enthousiasme devant le retour du jeu libre en plein air est aussi contagieux qu’éloquent. Chaque jour, elle se réjouit de voir « ses petits loups » jouer dehors comme dans le bon vieux temps.

« On a sorti des photos des années 1970. Ce qu’on fait aujourd’hui ressemble à ce qu’on faisait à cette époque-là. On laisse le temps aux enfants d’explorer, de respirer le grand air et on leur permet de bouger. On revient au point de départ. C’est comme si on bouclait la boucle. » - Lise Bélisle

Jouer dehors pour contrer l’anxiété

Depuis son ouverture, le CPE Populaire Saint-Michel n’a cessé de grandir et accueille aujourd’hui 220 enfants dans ses trois installations avec la même mission de stimuler leur développement en assurant leur bien-être et leur sécurité. Mais comme le raconte Lise Bélisle, « dans les années 1970, il n’y avait pas de matériel, pas de financement ou presque et beaucoup moins de règles, alors on était tout le temps dehors avec les enfants. » Au fil des années, l’adoption de nouvelles politiques familiales, le désir de favoriser l’apprentissage préscolaire au détriment du développement global de l’enfant et le souci de réduire les risques de blessures ont fortement contribué au déclin du jeu libre à l’extérieur.

« J’ai commencé à travailler en garderie en 1978. On sortait avec les enfants, on ramassait des branches et on construisait des cabanes avec eux. Une décennie plus tard, les éducatrices faisaient le ménage de la cour pour s’assurer qu’aucune branche ne puisse crever les yeux des enfants. Aujourd’hui, il y a des branches dans la cour et on en met même à la disposition des enfants dans le local avec des bacs de roches. C’est tellement beau de les voir jouer avec les objets de la nature ! » - Lise Bélisle

Il y a environ six ans, Lise Bélisle a commencé à observer des signes et des symptômes d’anxiété chez les enfants. Ce constat l’a amenée à s’intéresser aux travaux des chercheurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières sur l’implantation du projet pilote Enfant Nature, initié par Sylvie Gervais, en Mauricie. Comme le souligne la directrice générale, le CPE a rapidement joint le mouvement et a fait appel à l’accompagnement de Sylvie Gervais pour implanter la pédagogie de l’éducation par la nature. « Depuis plusieurs années, nous faisions des sorties en plein air avec les enfants, ajoute-t-elle, mais nous souhaitions intégrer toute l’approche d’Enfant Nature axée sur le développement global de l’enfant. »

L’approche Enfant Nature au cœur de la ville

Inspirée du modèle « Forest School » des pays scandinaves, Enfant Nature mise sur une approche éducative expérientielle qui favorise par le jeu, l’interaction étroite entre l’enfant et la nature. Il s’agit donc de développer l’habitude des enfants d’être dehors, d’utiliser les ressources naturelles comme matériel pédagogique et de multiplier les occasions de jeu libre en plein air. « L’accompagnement d’Enfant Nature nous a beaucoup aidés à accélérer le processus, précise Lise Bélisle, aussi bien pour former et soutenir les éducatrices et la direction, que pour sensibiliser les parents à l’importance du jeu libre en nature. C’est toute une philosophie d’intervention qui va au-delà du jeu à l’extérieur. » La directrice générale tient d’ailleurs à préciser toute l’importance de l’implication et de la collaboration de l’équipe du CPE, tant les éducatrices que la cuisinière, sans qui un tel projet n’aurait pu voir le jour.

Si faire bouger les tout-petits et les mettre davantage en contact avec la nature peut parfois sembler un défi, c’est devenu aujourd’hui une seconde nature au CPE Populaire Saint-Michel. Bien que les trois installations soient situées en plein cœur de la ville, l’environnement naturel fait désormais partie du quotidien du CPE, hiver comme été. Que ce soit au mont Royal, au Jardin botanique ou dans l’immense parc Frédéric-Back à proximité, les enfants sortent tous les jours pour explorer, jouer librement, observer les oiseaux et les insectes, réaliser des bricolages et des activités éducatives avec les objets de la nature ou faire la sieste à l’extérieur. Depuis la mise en place de ce programme structuré, Lise Bélisle ne remarque que des bienfaits au niveau de la santé physique et mentale des enfants.

« Quand les enfants jouent dehors, les interventions, c’est à peu près zéro. C’est extraordinaire de voir comment ça les apaise. Toute l’effervescence du groupe, ils ne la sentent plus quand ils sont en liberté à l’extérieur. On voit qu’ils sont heureux. » - Lise Bélisle

Des enfants équipés de la tête aux pieds

Pour passer des moments agréables à l’extérieur, le confort est essentiel, explique Lise Bélisle. Aussi l’équipe du CPE Populaire Saint-Michel n’a pas lésiné sur l’équipement. Grâce à l’obtention d’une subvention de la Fondation Bon départ de Canadian Tire du Québec, l’équipe a pu se procurer bottes et combinaisons imperméables pour que les enfants s’amusent, même sous la pluie. « Les enfants ont chacun leur petit sac à dos, poursuit Lise Bélisle, et on a acheté des tentes et des sacs de couchage pour prendre la collation ou faire des siestes dehors pendant l’hiver. On a tout l’équipement et ils sont bien habillés pour pouvoir profiter de l’expérience en tout temps. »

Le CPE s’est également procuré des trottinettes, des vélos sans pédalier et des raquettes pour faire bouger les enfants en toutes saisons. Alors que la clientèle est composée à 50 % d’enfants immigrants, plusieurs familles apprennent à démystifier l’hiver à travers les activités du CPE. « Ce qu’on a remarqué le plus, souligne Lise Bélisle, ce sont les changements dans les familles. Les parents sont devenus très collaboratifs et les enfants sont habillés de façon plus adéquate. » Les parents peuvent par ailleurs emprunter les raquettes du CPE pour tenter à leur tour l’expérience de marcher sur la neige et découvrir en famille les plaisirs de l’hiver québécois.

Au fil des années, les services de l’éducation à la petite enfance n’ont cessé de se transformer, mais Lise Bélisle compte bien poursuivre le développement du projet Enfant Nature et maintenir la garde pour que tous ses petits loups passent le plus de temps possible à l’extérieur. Après tout, n’est-ce pas le propre de l’enfance de se développer en jouant librement au contact de la nature ?

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garderie en forêt Crédit photo: Karine Gravel

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