Au moins 8 fois dans l’assiette, remettez ce légume boudé par les petits : une nouvelle revue d’études confirme ce que nous disent, depuis plusieurs années, les spécialistes de l’alimentation des enfants.
Des chercheurs britanniques ont analysé les résultats de 30 études ayant testé différentes stratégies visant à faire manger davantage de légumes aux enfants de 2 ans à 5 ans. Résultat : toutes ont eu un succès modéré, mais la plus efficace est l’exposition répétée, qu'il s'agisse de brocoli, de tomate ou d’artichaut...
Menées dans plusieurs pays, principalement en Europe et aux États-Unis, les études scrutées totalisent 4107 jeunes participants.
Les chercheurs ont tout essayé…
Les principales stratégies utilisées au cours de ces études comprennent, en plus de l’exposition répétée :
- le choix entre plusieurs légumes ;
- le camouflage dans un plat cuisiné ;
- l’éducation alimentaire (jardiner, cuisiner) ;
- l’exemple donné par les parents ou les éducatrices
- la récompense ;
- la présentation attrayante (une tranche concombre avec des yeux en olives noires, quel parent n’a pas essayé ?) ;
- le « jumelage » qui consiste, par exemple, à mettre du brocoli sur de la pizza, ou à le recouvrir d’une trempette…
À retenir : de 8 à 10 fois, et sans enrobage
L’analyse fine des résultats de ces 30 études indique que, pour obtenir un résultat positif, il faut proposer le légume boudé de 8 à 10 fois à l’enfant. Les chercheurs considèrent que cette technique toute simple pourrait être mise en pratique à la maison et en milieu de garde.
Fait à noter, les données révèlent aussi qu’il vaut mieux présenter le légume tel quel plutôt qu’avec un ingrédient qui modifie son goût (trempette ou assaisonnement, par exemple). Cela permet d’éviter que, par la suite, l’enfant réagisse négativement lorsqu’il goûte le légume sans accompagnement.
Néophobie et petits mangeurs difficiles : études manquantes
Les auteurs remarquent que la durée des études publiées ne permet pas de savoir si l’exposition fréquente aux légumes a des effets à long terme sur l’augmentation de leur consommation. Ils conseillent toutefois d’agir le plus tôt possible, car modifier des préférences alimentaires chez des enfants âgés de 5 ans et plus peut s’avérer un défi encore plus difficile à relever…
Les chercheurs suggèrent également de faire des études auprès des jeunes mangeurs difficiles et de ceux qui sont réfractaires aux nouveaux aliments (néophobie alimentaire) afin d’évaluer quelles seraient les meilleures stratégies pour qu’ils mangent plus de légumes. Espérons, pour tous les parents et éducatrices concernés, que ce champ de recherche avance le plus vite possible !
Source : Nekitsing C, Blundell-Birtill P, Cockroft JE, Hetherington MM. Systematic review and meta-analysis of strategies to increase vegetable consumption in preschool children aged 2-5 years. Appetite. 2018 Aug 1;127:138-154.
*** Cet article a été publié dans le cadre d’un partenariat avec le groupe de travail « Saine alimentation pendant l’enfance » de la Table québécoise sur la saine alimentation.