En septembre 2007, le ministère de l’Éducation a lancé la Politique-cadre Pour un virage santé à l’école, qui vise à offrir aux élèves le meilleur environnement possible pour l’adoption de saines habitudes de vie. Dix ans plus tard, les écoles ont-elles été en mesure d’atteindre les objectifs énoncés par la Politique-cadre?
Il faut le reconnaître, la Politique-cadre a eu un impact positif, notamment sur l’offre alimentaire proposée aux élèves. Par contre, très peu de soutien a été offert aux écoles en comparaison de l’ampleur de la tâche. Des obstacles ont été identifiés, dans divers rapports d’évaluation, sans que les solutions nécessaires pour les atténuer ne soient appliquées par le gouvernement. Le temps est maintenant venu d’y remédier !
Voilà pourquoi, la Coalition Poids a décidé de revoir et de documenter ce qui se passe dans les écoles en matière d’alimentation et d’activités physiques. Grâce au savoir expérientiel de plusieurs partenaires et collaborateurs du milieu scolaire et de la santé, aux évaluations gouvernementales antérieures et à des collectes de données réalisées auprès de services de garde et de parents, nous avons été en mesure d’établir certains constats et d’en faire un rapport.
Un virage santé inégal d’une école à l’autre
Ce qui frappe en tout premier lieu, ce sont les énormes différences entre les milieux ! Par exemple, il est bouleversant de voir à quel point le temps disponible pour les récréations ou pour l’« éducation physique et à la santé » peut varier d’une école à l’autre. Pourtant, il est démontré qu’amputer ces moments actifs, pour faire plus de place à d’autres matières dans la grille horaire, ne permet pas d’augmenter le succès académique. Au contraire, les pauses et l’activité physique favorisent l’apprentissage en maximisant la capacité de concentration et d’attention des enfants.
Du côté de l’alimentation, les défis sont particulièrement nombreux. Les conditions dans lesquelles les enfants mangent sont souvent loin d’être agréables, même si les écoles font tout ce qu’elles peuvent avec les moyens et l’espace dont elles disposent. On observe aussi des pratiques se voulant bienveillantes, mais qui peuvent nuire à une saine relation avec la nourriture. Le gouvernement doit s’assurer que les écoles aient accès aux outils et aux services d’accompagnement dont elles ont besoin pour appliquer les meilleures pratiques d’encadrement de repas et d’éducation en nutrition. De plus, des programmes de subventions pour la saine alimentation sont absolument nécessaires pour permettre aux écoles d’offrir à leurs élèves des contextes de repas conviviaux et les aider à développer leurs compétences alimentaires. Diverses subventions sont accordées pour du petit matériel d’activités physiques ou l’aménagement des cours d’école. Pourquoi ne fait pas la même chose pour l’aménagement des lieux de repas et le matériel de cuisine ou de jardinage destiné à des fins éducatives ?
Donner les mêmes chances de réussir à tous les enfants
Actuellement, les élèves québécois n’ont pas tous les mêmes chances d’adopter un mode de vie sain qui contribue à leur réussite. Même si chaque école doit conserver son autonomie pour répondre aux besoins de sa clientèle, les écarts doivent être réduits en matière de qualité des environnements offerts aux élèves. Des directives de base sont aussi requises pour harmoniser les pratiques. Enfin, du leadership et une volonté politique sont nécessaires pour donner les moyens aux écoles de mettre les saines habitudes de vie au service de la réussite ! Pour en savoir plus, consultez le rapport Virage santé à l’école, 10 ans plus tard : constats et recommandations.