Les provinces canadiennes où le port du casque de vélo est facultatif n’enregistreraient pas des taux plus élevés de blessures à la tête que les provinces où le port est obligatoire, révèle une vaste étude.
Au Canada, quatre provinces ont rendu le port du casque de vélo obligatoire entre les années 1996 et 2003 : la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard. En Ontario et en Alberta, le casque n’est obligatoire que pour les moins de 18 ans. Partout ailleurs, il est facultatif.
En comparant, les données des différentes régions du pays, les auteurs de cette étude inédite1 n’ont pas été en mesure d’établir que les taux de blessures à la tête sont inférieurs dans les juridictions où le port du casque est obligatoire comparativement aux provinces ou territoires où il est facultatif. À ce chapitre, soulignent les auteurs, il est important de noter que, dans la réalité, là où il est obligatoire, environ 67 % des cyclistes portent le casque contre environ 39 % là où il est facultatif.
Les hommes 3 fois plus à risque que les femmes
Entre 2006 et 2011, on a rapporté une moyenne annuelle de 3690 hospitalisations liées à des accidents de vélos. Durant cette même période, on comptait environ 595 millions de déplacements à bicyclette par année. Cela représente un cas d’hospitalisation pour 161 000 trajets à vélo. Or, 76 % des personnes impliquées dans ces accidents étaient de sexe masculin.
Selon les chercheurs, cette proportion est conforme à la plupart des études réalisées à ce jour et qui suggèrent que la clientèle féminine roule moins vite, prend moins de risque, s’aventure moins volontiers sur les grandes artères afin de privilégier les rues plus tranquilles ou les voies cyclables.
Quelques faits saillants
Dans 82 % des cas d’hospitalisation, les personnes ont souffert de blessures au tronc et aux extrémités de membres. Les blessures au cerveau, au crâne, au cuir chevelu ou au visage représentaient 25 % des cas d’hospitalisation, et celles au cou seulement 5 % des cas. En outre, 51 % de ces cas d’accident se sont produits sur la chaussée, mais seulement 18 % ont été causés par une collision avec un véhicule motorisé.
En ce qui concerne les accidents mortels de cyclistes impliquant des véhicules motorisés, les auteurs de l’étude signalent qu’ils sont heureusement rares au Canada, avec une moyenne de 57 cas par année durant la période étudiée.
Un cercle vertueux
Cette étude montre aussi que, plus les cyclistes sont nombreux, plus les taux d’accident diminuent. Il est probable, soulignent les chercheurs, que de nombreux facteurs concourent à cet état de fait. Certains auteurs avancent que, plus les cyclistes sont nombreux, plus les automobilistes sont alertes. Mais il est aussi possible que des infrastructures plus sécuritaires attirent d’autant plus de cyclistes. Ce qui peut alors engendrer un cercle vertueux, puisque, plus les cyclistes sont nombreux, plus ils vont réclamer des aménagements cyclables sécuritaires.
La solution : des aménagements plus sécuritaires
D’ailleurs, les auteurs de l’étude interpellent les décideurs qui souhaitent voir diminuer les taux de blessures à la tête des cyclistes. Ils leur recommandent de prendre des mesures qui vont augmenter le nombre des cyclistes et surtout d’investir dans des infrastructures plus sécuritaires, comme des pistes cyclables balisées ou, encore mieux, séparées du trafic routier.
En entrevue au quotidien le Devoir, Vélo Québec s’est réjoui des résultats de cette étude. L’organisme rappelle d’ailleurs que, selon les études, le port obligatoire du casque est un frein à l’usage du vélo. De son côté, la ville de Montréal est d’avis que l’imposition d’une telle mesure marquerait la fin de Bixi.
1 Cette étude est la première du genre à comparer, à l’intérieur d’un même pays, les taux de blessures de différentes régions, mais qui partagent des réglementations similaires en matière de transport, sauf en ce qui concerne le port du casque à vélo.
Sources : Le Devoir, Planetizen