Pourquoi le jeu libre et le contact avec la nature sont-ils essentiels au développement de l’enfant ? Voilà qui résume le sujet de la toute première conférence 100° présentée par Sylvie Gervais et Louis-Philippe Dugas à Trois-Rivières le 13 juin dernier.
Définir le jeu libre
Autres temps, autres mœurs. Autrefois, les parents n’hésitaient pas à envoyer leurs enfants jouer dehors, a expliqué Louis Philippe Dugas, doctorant en psychologie à l’UQTR, qui a animé la première partie de la conférence. À l’époque, cela signifiait que les jeunes se retrouvaient entre eux, sans supervision et souvent dans des environnements où les risques d’accident étaient présents. La seule règle était de rentrer à l’heure.
Pour une foule de raisons, cette manière de vivre s’est perdue au fil des ans. Toutefois, les études le montrent clairement : le jeu libre est essentiel au développement des enfants. Pourquoi ? Parce que le jeu, qui est synonyme de plaisir, représente un besoin intrinsèque chez l’enfant. D’ailleurs, ce qui définit le jeu libre en premier lieu, insiste Louis-Philippe Dugas, c’est justement son caractère spontané. Le fait qu’il soit initié par l’enfant lui-même. On peut ensuite ajouter que le jeu libre, au départ, n’a pas de but précis, que c’est le contraire du travail, même si ça repose sur de l’activité et que c’est générateur de nouveauté.
Favoriser le jeu libre et actif
Un des aspects fondamentaux du jeu libre tient aux interactions des enfants avec l’environnement. Il faut donc que les enfants jouent dehors, rappelle Louis-Philippe Dugas. Et il suffit de peu de choses pour créer des environnements qui vont les stimuler. Des matériaux de jeu simples, souvent recyclés, conviennent parfaitement pour qu'ils puissent jouer dehors. On doit seulement s’assurer qu’ils seront adéquats durant les quatre saisons.
Le rôle de l’adulte, quant à lui, c’est de s’effacer. De laisser les enfants se salir et prendre des risques. C’est de cette manière qu’ils pourront connaître leurs propres limites et les repousser. Et c’est justement dans la nature des enfants de prendre des risques, explique Louis-Philippe Dugas. L’une des premières grandes décisions qu’ils prennent en ce sens, c’est vers l’âge d’un an, quand ils commencent à marcher. Pour eux, ça représente un grand risque, et pourtant, leurs parents les encouragent. Alors que par la suite, c’est le contraire qui se passe. On les surprotège. Le conseil qu’il donne aux parents ? « Souvenez-vous de ce jour où votre enfant a pris son premier grand risque dans la vie pour faire ses premiers pas. Eh bien, continuez de lui faire confiance. »
En pleine nature
Titulaire d’une maîtrise en activité physique et santé, et fondatrice du projet Enfant Nature. Sylvie Gervais a animé la seconde partie de la conférence. Sourire en coin, elle explique qu’elle a décidé, il y a 3 ans, de créer un « laboratoire vivant » pour observer comment nos connaissances théoriques peuvent être mises au service du jeu libre, actif et créatif. Et puisque les interactions avec l’environnement sont fondamentales pour le jeu libre, elle s’est imposé le défi de reconnecter les enfants avec la nature, sur les 4 saisons.
Le contact avec la nature comporte plusieurs dimensions, explique-t-elle. Car en plus du risque physique, l’enfant prend aussi des risques émotionnels. À cela, il faut ajouter le risque social. Car quand on se place en retrait, en position d’observateur, on constate que les enfants font vite preuve d’entraide, de solidarité et d’empathie lors du jeu libre extérieur.
Sylvie Gervais : « En s’effaçant, on observe qu’il se crée une dynamique naturelle dans le groupe. Comme s’il s’équilibrait de lui-même. D’ailleurs, souvent les enfants hyperactifs, ceux qui sont si difficiles à gérer habituellement, deviennent nos leaders naturels. Ceux qui vont pousser le groupe à être plus créatif. »
Ce qui fascine Sylvie Gervais c’est que, au fond, dans la nature, ce n’est pas elle, l’adulte, qui apprend aux enfants comment jouer. Ce sont les enfants qui lui apprennent comment ils apprennent à jouer. Parce que, dans la nature, on s’amuse avec un rien.
Cette première conférence-réseautage 100º a été présentée grâce à l’implication de l’Unité régionale de loisir et de sport de la Mauricie. La vidéo de la conférence sera disponible prochainement.