La Table sur le mode de vie physiquement actif a publié un document de référence qui nourrit la réflexion sur un sujet qui touche tous les acteurs de la société : comment doser la sécurité de l’activité physique et des déplacements actifs, sans tomber dans une surprotection qui peut devenir un frein ?
Coécrit par une brochette d’experts de l’activité physique, du transport actif et des loisirs, ce document intitulé Sécurité bien dosée, une question d’équilibre!, vise à jeter les bases d’une vision commune des concepts suivants : le danger, le risque et la prise de risque; la sécurité; la prévention; la responsabilité civile et le risque acceptable, ainsi que l’approche préventive.
Les 6 principes d’une sécurité bien dosée
La TMVPA invite les intervenants à retenir les principes suivants :
- La sécurité est un volet indissociable, essentiel et complémentaire à la promotion de toutes activités visant un mode de vie actif ;
- Il faut considérer autant les paramètres observables (dimension objective) que le sentiment de sécurité des individus (dimension subjective) pour la mise en place d’environnements propices à l’activité physique ;
- Les nombreuses variables d’une situation (âge des pratiquants, lieu, nature de l’activité, infrastructures, normes, etc.) doivent être prises en compte pour déterminer les mesures préventives appropriées ;
- Les mesures préventives mises en place sont considérées comme raisonnables dans la mesure où elles considèrent les risques inhérents à l’activité et qu’il n’y a pas la présence de négligence ou d’imprudence évidente ;
- Les mesures préventives sélectionnées ne doivent pas créer d’effets pervers tels que de freiner la pratique d’une activité, de créer un autre problème ou d’inciter une personne à une prise de risque inutile qui est due notamment à un faux sentiment de sécurité ;
- L’élimination complète des blessures ou l’atteinte du « risque zéro » est impossible à réaliser.
Des outils d’analyse
Le document de référence de la TMVPA présente deux outils d’analyse des facteurs de risques.
Mis au point par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), le premier identifie les types d’actions à poser en tenant compte de la sécurité objective et subjective. Par exemple, des parents qui vivent un sentiment d’insécurité lorsque leurs enfants vont à l’école à pied, même s’il y a absence de danger objectif, ont besoin d’être écoutés et informés.
« Rendre une activité ou un jeu sécuritaire ne signifie pas de l’aseptiser ou de le dénaturer, mais plutôt de mettre en place des moyens raisonnables afin que ne survienne pas d’incident malheureux qui aurait pu être évité. »
Le second outil s’appelle la Matrice de Haddon. Il repose sur l’évaluation des 4 aspects qui pourraient être à l’origine d’une blessure, soit l’environnement physique, l’équipement personnel, l’encadrement, ainsi que les comportements et attitudes. Chaque facteur est analysé en fonction de la dimension temporelle de l’événement, afin de prévenir l’incident (avant), d’en réduire la gravité (pendant) et d’en diminuer les conséquences (après). Dans le cas d’un parc, l’espace libre autour d’un module se situe avant l’événement, l’accès à un téléphone, pendant, et le rapport de défectuosité, après.
La responsabilité civile : un devoir de prévisibilité
Sécurité bien dosée, une question d’équilibre ! propose un éclairage intéressant sur la notion de responsabilité civile en précisant que les intervenants concernés « ont un devoir de prévisibilité, soit de prendre des moyens raisonnables pour éviter d’exposer les individus à des dangers qu’ils ne peuvent prévoir. »
On ne peut toutefois exiger qu’aucun accident ne survienne, soulignent les auteurs, car toute activité physique comporte un risque prévisible, par exemple, le risque de chute lorsqu’on fait du vélo.
Sécurité bien dosée, une question d’équilibre!, Table sur le mode de vie physiquement actif, 2018.