Ressource
Au Québec, 53 % des matières recyclables aboutissent dans un bac à ordures, et ce pourcentage est encore plus élevé en milieu scolaire. Cette situation vous préoccupe et vous voulez mettre l’épaule à la roue pour la changer ? Vous dirigez une école ou un centre de services scolaire et souhaitez améliorer la gestion des matières résiduelles dans votre milieu ? L’Agenda GMR 2030 a été conçu pour vous !
Le sac à ordures des Québécois·es regorge de ressources inexploitées. Selon les statistiques de RECYC-QUÉBEC, il serait composé à 20 % de matières récupérables et donc recyclables, à 57 % de matières organiques pouvant être compostées (de manière industrielle ou non) et d’une foule d’autres matières qui ne devraient pas s’y retrouver. Seulement 3 % de son contenu correspondrait à des déchets ultimes, c’est-à-dire des matières qui ne peuvent plus être revalorisées.
En milieu scolaire, des études réalisées par la Communauté métropolitaine de Québec sur son territoire ont démontré que seulement 11 % des matières résiduelles étaient récupérées dans ses écoles secondaires, un portrait qui reflète la réalité de beaucoup d’écoles québécoises. Ainsi, comme le contenu des poubelles des écoles secondaires est riche en ressources naturelles, mieux les récupérer tombe sous le sens.
Gérer les matières résiduelles à l’école, tout un défi!
Il fut une époque où le milieu scolaire était à l’avant-garde en matière de sensibilisation et de mobilisation à la récupération. Or, ce n’est plus le cas aujourd’hui, en raison de nombreux défis liés à la gestion des matières résiduelles (GMR). D’ailleurs, même lorsqu’un effort de tri est fait, on entend parfois dire que ces matières se retrouveront finalement à la poubelle. Bien que ce ne soit pas le cas pour nos bacs résidentiels, cela peut malheureusement se produire dans certains milieux scolaires. En effet, si la gestion des bacs de récupération ou des ilots de tri de la cafétéria ne fait pas partie de la liste des tâches du personnel d’entretien, toutes les matières risquent d’aboutir dans le même sac à ordures, à moins que des élèves faisant partie de comités verts ou de classes spécialisées s’en chargent.
Pourtant, l’implication des jeunes dépend elle-même souvent d’adultes passionnés et dévoués. Il suffit que ces personnes quittent le milieu ou perdent leur motivation pour qu’on revienne à la case départ. C’est sans compter la complexité du tri et les différences d’une région à l’autre dans le traitement des matières résiduelles. Faute d’un effort continuel de sensibilisation, les matières récupérées sont parfois contaminées, puis refusées par les centres de tri. Si on ajoute à tout cela l’introduction du compostage et de la consigne élargie, on comprend rapidement à quel point la GMR peut représenter un casse-tête dans les écoles.
Il faudrait compter sur une volonté réelle des centres de services scolaires (CSS) pour remédier à ce problème. Des actions concrètes devraient être posées, dont celles de revoir les ententes avec le personnel d’entretien, de nommer chaque année un·e adulte responsable du dossier, et d’intégrer des notions de GMR dans le cursus scolaire.
Une trousse conçue pour les écoles
C’est justement pour réfléchir à des pistes de solutions, en compagnie des jeunes, que la Fondation Monique-Fitz-Back (avec son programme Gère tes matières), ENvironnement JEUnesse et Québec'ERE ont uni leurs expertises en organisant un forum jeunesse dédié à la GMR. Rassemblés à Victoriaville, le 22 novembre 2024, lors du « Forum TRIppant ! Avenir brillant ! », des élèves du secondaire ont eu l’occasion d’exprimer leur vision de cet enjeu et de jeter les bases d’un outil visant à soutenir le milieu scolaire dans l’adoption de pratiques écoresponsables. Ainsi est né le concept de l’Agenda GMR 2030 !
Ce nouvel outil s’adresse principalement aux gestionnaires des écoles et des CSS afin qu’ils s’engagent dans une démarche collective. Comment ? Grâce à une liste de missions à réaliser dans leur milieu, sur un horizon de 5 ans.
L’Agenda GMR 2030 fait partie d’une trousse qui contient les éléments suivants :
- Un état des lieux ainsi qu’un argumentaire pour motiver les troupes;
- L’Agenda lui-même, contenant une liste de 33 missions à réaliser;
- Une grande affiche, permettant de visualiser l’horizon de 5 années, à accrocher au mur;
- Les 33 missions parmi lesquelles choisir, et à situer sur l’affiche;
- Une boîte à outils facilitant la réussite des missions.
La démarche est ajustable selon les milieux. De plus, la possibilité de déplacer les missions sur l’échiquier du temps permet de s’adapter à la réalité de chaque établissement.
Adopter l’Agenda GMR 2030, étape par étape
Idéalement, voici le scénario qui pourrait se dérouler dans votre milieu :
- Un comité ou une instance prend connaissance de l’Agenda GMR 2030 et décide de porter le projet au sein de l’école ou du CSS.
- L’Agenda est présenté à la direction, au conseil d’établissement ou à toute autre instance qui le signe en guise d’engagement.
- Un comité représentatif du milieu (jeunes, personnel enseignant, PNE, personnel de soutien, direction, conciergerie, maintenance, etc.) prend connaissance des 33 missions, choisit celles qui sont réalisables dans le milieu et les situe sur un horizon de 5 ans.
- Le comité établit un plan d’action. Il détermine les responsables de chacune des missions et les moyens envisagés pour les réussir.
- Le comité se réunit à intervalles réguliers afin de faire le point.
- En fin d’année, l’agenda est révisé et modifié au besoin.
Il est suggéré de publiciser les bons coups dans le milieu. Des organismes de soutien tels que la Fondation Monique-Fitz-Back, ENvironnement JEUnesse et Québec’ERE peuvent vous aider à le faire.
Afin de célébrer les avancées, on peut aussi songer à demander une certification auprès d’ENvironnement JEUnesse, d’Éco-école ou d’autres organismes.
De bonnes raisons de réduire nos déchets dès maintenant!
Alors que notre environnement terrestre se renouvelle à un rythme beaucoup plus lent que celui de notre développement effréné, la GMR est devenue incontournable. Nous savons que notre empreinte écologique mondiale est de plus en plus profonde et entraînera des répercussions pour les générations futures. On calcule d’ailleurs que si tous les humains adoptaient le mode de vie des Américain·es, 5 planètes seraient nécessaires pour répondre à la demande en ressources. Un rythme insoutenable… Pour preuve, le jour du dépassement – cette date où la demande de l'humanité en ressources naturelles dépasse ce que la Terre peut produire en une année – ne cesse d’être devancé. Le 1er août 2024, l’humanité avait déjà consommé toutes les ressources renouvelables que la Terre produit en un an. Au Canada, ce seuil avait été atteint dès le 13 mars. Les inégalités sociales sont donc flagrantes à l’échelle planétaire. Nous avons des choix collectifs et solidaires à faire.
Face à l'écoanxiété paralysante, la GMR est une dimension sur laquelle nous avons prise, car les moyens d’y contribuer sont de plus en plus accessibles dans toutes les municipalités du Québec. Les installations iront en s’améliorant avec l’entrée en vigueur du RIPUU (Règlement interdisant les plastiques à usage unique) et de la REP (responsabilité élargie des producteurs au Québec) depuis janvier 2025. L’impact d’une réduction de notre consommation et d’une meilleure GMR est loin d’être négligeable; il est crucial pour la qualité de notre environnement. Par exemple, la valorisation par le compostage et la biométhanisation des matières putrescibles diminuent les émissions de méthane, un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le CO2.
C’est pourquoi nous sommes fières d’ajouter cette trousse aux efforts déjà déployés par plusieurs organismes soucieux d’améliorer la gestion des matières résiduelles en milieu scolaire. Grâce à l’Agenda GMR 2030, les 5 prochaines années seront tournées vers l’action !
Vous souhaitez vous procurer l'Agenda GMR 2030 en format papier? Écrivez dès aujourd'hui à adm@fondationMF.ca
Notez qu'une version numérique de l'Agenda GMR 2030 sera également disponible sous peu. Rendez-vous sur le site Web de la Fondation Monique-Fitz-Back pour tous les détails.
*Cet article a été écrit avec la collaboration de Stéphanie Pellerin, coordonnatrice des programmes d’accompagnement et de certification d’ENvironnement JEUnesse. Créé en 1979, ENvironnement JEUnesse est un organisme d'éducation relative à l'environnement qui vise à conscientiser les jeunes du Québec aux enjeux environnementaux, à les outiller à travers des projets éducatifs et à les inciter à agir dans leurs milieux respectifs.