Les rues conviviales : un mouvement en pleine croissance. Tel était le titre de la conférence présentée par madame Nancy Smith Lea, directrice du Toronto Center for Active Transportation (TCAT), à l’invitation du Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM), plus tôt cette semaine à Montréal.
« Cela fait des décennies que nous construisons des routes pour les voitures, a d’entrée de jeu fait remarquer Nancy Smith Lea. C’est sans doute la raison pour laquelle il est si facile de reconnaître les rues non conviviales! Elles sont parfaites pour le déplacement des voitures, mais impossible de les emprunter si on veut marcher, se déplacer à vélo ou même utiliser le transport collectif. »
Par contre, en ce qui concerne la description des rues conviviales, les choses se compliquent. « C’est à la fois un peu frustrant, mais tout aussi fascinant, remarque Nancy Smith Lea, de constater que chacun semble avoir une définition légèrement différente du concept de rue conviviale. Chez nous, au TCAT, nous disons que ce sont des rues aménagées pour la sécurité de tous : les gens à pied, à vélo, en transport collectif, en automobile, peu importe l’âge ou les habiletés. »
Du cas par cas
Les variantes de la définition d’une rue conviviale ne sont sans doute pas étrangères au fait que son implantation est fonction de contraintes souvent nombreuses et de pratiques tout aussi multiples à l’échelle du pays. Déjà, on compte plus d’une centaine de municipalités, partout au Canada, qui se sont dotées de politiques en matière de rues conviviales. Et si parfois le choix des mots diffère, toutes ont pour dénominateur commun la volonté de faire différemment, et surtout pas à l'identique.
Cela dit, le TCAT a sondé les municipalités ontariennes et, à 70 %, elles ont pu fournir des exemples de rues conviviales aménagées sur leur territoire alors que seulement 43 % d’entre elles se sont dotées d’une politique en ce sens. « Même si de telles politiques sont importantes, rappelle Nancy Smith Lea, dans la mesure où les ingénieurs sont alors tenus de s’y référer, il est intéressant de constater que cela n’empêche pas les municipalités d’aménager des rues conviviales, comme c’est le cas de Montréal, et certainement en de nombreux autres endroits au Québec. »
Crédit photo : Vivre en Ville
Une responsabilité commune
« Pour que les rues conviviales se multiplient dans les communautés, rappelle Nancy Smith Lea, il faut non seulement des politiques qui les encadrent, des lignes directrices qui guident les bonnes pratiques et des employés municipaux formés en ce sens, mais il faut surtout une volonté des élus soutenus par la communauté. Il essentiel que les citoyens et les organismes qui les représentent participent à la co-création de rues conviviales. Que tous ensemble s’efforcent d’imaginer des manières de faire différentes dans le but de créer des environnements favorables au transport actif. »
Un jeu de rôle
Nancy Smith Lea a profité de l’occasion pour annoncer la nouvelle version 2.0 du jeu sur les rues conviviales conçu par le TCAT. C’est un outil utilisable aussi bien dans les salles de classe que lors de réunions communautaires ou d’ateliers d’aménagement. Il permet aux participants, confrontés à des contraintes bien précises, de construire une rue traduisant une vision concertée émanant d’une réflexion collective. Grâce à la collaboration du CEUM, les coffrets sont désormais bilingues et déjà disponibles, mais en nombre limité. Les personnes ou organismes intéressés peuvent le commander sur le site du TCAT.
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