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En dépit des efforts de leurs parents, le temps d'écran des jeunes Québécois dépassait nettement les recommandations en la matière, et ce, tout juste avant la pandémie, révèle un nouveau rapport de l’INSPQ. Il est à craindre que depuis mars 2020 la situation se soit aggravée…
Les données recueillies pour cette étude reposent sur un sondage téléphonique mené du 20 février au 13 mars 2020, donc tout juste avant la déclaration de l’urgence sanitaire au Québec, auprès de parents québécois ayant des enfants de six à dix-sept ans. Selon cette enquête, la majorité des jeunes dépassent le seuil recommandé de deux heures par jour de temps d’écran de loisir, aussi bien les jours de semaine que de fin de semaine.
Au cours des récentes années, l’exposition aux écrans a connu une hausse marquée chez les Québécois, notamment chez les jeunes. Ce qui préoccupe tant les parents, que la communauté médicale et scientifique, de même que les décideurs. C’est d’ailleurs pourquoi le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) a mandaté l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) pour qu’il mène des travaux destinés à mieux comprendre les enjeux liés à l’usage des écrans chez les enfants et les adolescents, et dont ce rapport fait partie.
Temps d’écran recommandé
Rappelons que les directives spécifiques au temps d’écran stipulent que pour les 0-2 ans, il faut l’éviter complètement. Pour les enfants d’âge préscolaire 3-4 ans, on recommande de ne pas dépasser une heure par jour. Et pour les jeunes âgés de 5 -17 ans, une limite de deux heures par jour devrait être respectée. Ajoutons que, récemment, on a défini un nouveau seuil de « quatre heures et plus de temps d’écran » de loisir par jour, que l’on qualifie d’utilisation « intensive », ce qui est le cas d’un trop grand nombre de jeunes.
L’étude de l’INSPQ nous apprend que le temps d’écran quotidien s’accroît alors que les jeunes grandissent. Ce qui n’est pas étranger au fait que, avec le temps, ces jeunes sont toujours plus nombreux à posséder davantage d’écrans. Par exemple, 17 % des 6-8 ans ont un téléphone intelligent, une proportion qui passe à 94 % chez les 15-17 ans ! Cela vaut aussi pour les consoles de jeu, les ordinateurs portables ou de bureau et les écrans de télévision.
Sans trop de surprise, on constate que l’utilisation intensive des écrans est trois fois plus élevée les jours de fin de semaine que les jours de semaine. Cela dit, les jeunes qui sont tenus d’utiliser un appareil personnel à l’école sont davantage enclins à utiliser les écrans de manière intensive. Un constat qui risque de compliquer la donne dans la mesure où, dans leur quasi-totalité, les écoles sont maintenant branchées au réseau Internet dans toutes les classes (97 %). Et que d’autre part, les écoles disposent en moyenne d’un appareil numérique pour deux élèves. En plus, dans 47 % des cas, les jeunes sont autorisés à les apporter à la maison.
Les impacts négatifs du temps d’écran
L’étude révèle en outre que les parents sont conscients des effets néfastes d’une trop grande exposition aux écrans sur la santé psychologique, la santé physique, le fonctionnement social, la santé cognitive et l’apparition d’usages problématiques. Par ailleurs, peu importe leur statut socioéconomique, ils rapportent connaître et appliquer plusieurs stratégies d’encadrement adaptées à l’âge de l’enfant afin de prévenir les risques liés aux écrans.
Et ils ont raison de se montrer vigilants. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, trop de temps d’écran est susceptible d’engendrer des problèmes musculosquelettiques, de vision et d’audition, d’accroître la sédentarité et les risques d’obésité, d’entraîner des dépendances, des troubles du sommeil, des comportements agressifs, du harcèlement, de la cyberintimidation, des comportements sexuels à risque, des problèmes de santé mentale comme l’anxiété et la dépression, en plus d’avoir des répercussions sur le développement physique, cognitif et psychosocial.
Toutefois, le portrait que brosse l’INSPQ révèle que les directives de temps d’écran ne sont généralement pas respectées. Or, il a été réalisé avant la pandémie. Et depuis, on a pu constater une augmentation du temps d’écran tant chez les adultes que chez les jeunes. Ce qui laisse présager une aggravation des problèmes de santé physique et mentale, de développement et de bien-être associés à l’usage intensif des écrans, notamment chez nos jeunes. C’est pourquoi l’INSPQ entend justement documenter « l’évolution des habitudes des jeunes et des parents en matière d’utilisation accrue des écrans suite à la pandémie de COVID-19 afin de définir un cadre de prévention québécois adapté à cette nouvelle réalité ».
À suivre…