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Les écrans sont devenus omniprésents dans le quotidien des jeunes. Bien que ces technologies offrent de nombreux avantages, elles peuvent également avoir des impacts négatifs sur l’activité physique et la sédentarité des jeunes, et donc entraîner des conséquences néfastes sur leur santé. Cependant, une fois sensibilisés à ces enjeux, les jeunes sont susceptibles de pouvoir modifier leur comportement.
Des jeunes actifs, mais sédentaires
Pour bien comprendre les impacts potentiels de l’utilisation des écrans sur la sédentarité, il est tout d’abord nécessaire de faire la différence entre le concept d’inactivité et celui de sédentarité qui sont connexes, mais qui ont des significations différentes. En bref, l’inactivité fait référence à un nombre de minutes d’activités physiques qui ne permettent pas de satisfaire les recommandations quotidiennes. Chez les jeunes de 6 à 17 ans, on parle d’un minimum de 60 minutes d’activités physiques d’intensité modérée à vigoureuse impliquant une variété d’activités. La sédentarité, quant à elle, correspond à toute situation d’éveil en position assise, inclinée ou allongée caractérisée par une faible dépense énergétique. Cela peut inclure des activités telles que travailler devant un ordinateur, naviguer sur Internet, jouer à des jeux vidéo ou lire un livre. Autrement dit, il est possible d’être inactif sans être sédentaire et, inversement, d’être sédentaire tout en étant physiquement actif, ce que certains auteurs nomment les « active couch potatoes ».
Des jeunes de plus en plus sédentaires à cause des écrans?
Les progrès technologiques ont révolutionné l’accès aux médias sur écran au cours des deux dernières décennies, mais la façon dont cela a affecté le volume total et le schéma d’accumulation des comportements sédentaires chez les jeunes est mal comprise. Toutefois, il a été bien documenté que la prévalence des comportements sédentaires devant un écran augmente au cours de l'enfance et de l'adolescence, les plus fortes augmentations étant observées au début de l'adolescence. Cela est préoccupant, car les habitudes sédentaires établies pendant l’adolescence sont susceptibles de se poursuivre à l’âge adulte. Des données récentes montrent qu’après l’introduction des téléphones intelligents, des tablettes et de l’accès Internet quasi universel (2008 comparé à 2015), le temps sédentaire a augmenté de 20 à 30 minutes par jour chez des jeunes de 9 et 15 ans. De plus, entre ces deux périodes, le temps consacré à des épisodes sédentaires d’une durée de moins de 5 minutes a diminué tandis que les épisodes sédentaires ininterrompus plus longs ont augmenté.
Des comportements sédentaires qui ne sont pas tous égaux
Lorsque les comportements sédentaires sont divisés en deux catégories, selon la demande cognitive (actifs ou passif), seuls les comportements sédentaires passifs (ex. regarder une vidéo) sont associés à une mauvaise santé mentale, alors que les comportements sédentaires actifs (ex. lire un fil d’actualités) n’y sont pas associés ou peuvent même devenir un facteur de protection. Les comportements sédentaires passifs sont souvent accumulés sur de plus longues périodes, tandis que les comportements sédentaires mentalement actifs sont accumulés sur de plus courtes périodes et intègrent davantage de pauses. De plus, les comportements sédentaires sur écran, tels que l’écoute de vidéo sur une tablette ou un cellulaire, entraînent une dépense énergétique inférieure par rapport à d’autres activités sédentaires comme les jeux de société, l’écriture et la lecture.
Moins d’activités physiques légères chez les jeunes
Bien qu’elles aient fait l’objet de la plupart des recherches antérieures, la pratique d’activités physiques d’intensité modérée à vigoureuse n’est pas systématiquement associée à une augmentation de la sédentarité liée à l’utilisation des écrans. Toutefois, des données quantitatives récentes pourraient probablement expliquer ce constat. En effet, la pratique d’activités physiques totale diminue entre 12 et 16 ans, et ce principalement à cause de la diminution des activités physiques d’intensité légère comme marcher en nature, faire du yoga, lancer un frisbee, jardiner, réaliser des tâches ménagères ou cuisiner. En somme, les jeunes passent moins de temps debout au cours d’une journée, et cela malgré le fait qu’il puisse avoir cumulé 60 minutes par jour d’activités physiques d’intensité modérée à élevée.
Dans une perspective d’intervention, les activités physiques d’intensité légère demandent moins d’effort que les activités physiques d’intensité modérée ou vigoureuse, ne nécessitent pas nécessairement de planification ou de périodes dédiées, et donc elles peuvent être facilement et simplement incorporées dans une routine quotidienne. Par conséquent, à court terme, l’augmentation des activités physiques d’intensité légère pourrait produire un effet plus soutenu et être plus facile à mettre en œuvre que les activités physiques d’intensité modérée ou vigoureuse.
La sédentarité liée à l’utilisation des écrans: un comportement modifiable
Étant donné que les comportements sédentaires devant un écran sont modifiables, et qu’ils prédisent en partie les niveaux futurs, il est crucial de sensibiliser les jeunes et leurs familles à l’importance de limiter le temps passé devant les écrans et de promouvoir des modes de vie actifs pour prévenir les problèmes de santé associés à la sédentarité.
Quelques pistes d’action :
- Prendre conscience de la différence entre l’inactivité physique et la sédentarité. Éviter d’être un « active couch potato » ! Malgré les avantages d’une pratique régulière d’activités physiques d’intensité modérée à élevée, les comportements sédentaires ont des répercussions négatives sur notre santé qui sont indépendantes de celles de l’inactivité.
- Dresser un bilan des moments actifs et des comportements sédentaires lors d’une semaine « normale ». Cette étape peut permettre de réaliser que l’on est plus souvent sédentaire qu’on le pense et fournit un point de départ pour changer nos habitudes.
- Changer progressivement vos habitudes. Transformer les comportements sédentaires passifs en comportements sédentaires actifs. Diminuer la longueur de vos périodes sédentaires avec une alarme et intégrer des pauses actives aux moments où on est contraint d’être sédentaire plusieurs heures. Ajouter des activités d’intensité légère à votre routine quotidienne et augmenter progressivement l’intensité de vos activités pour migrer éventuellement vers des activités physiques d’intensité modérée à élevée.
Bien que l’utilisation des écrans puisse entraîner une augmentation de la sédentarité et de l’inactivité physique, ils peuvent également être de puissants outils pour changer nos comportements comme nous le verrons dans un prochain article.
Sources
Dalene, K. E., Kolle, E., Steene-Johannessen, J., Hansen, B. H., Ekelund, U., Grydeland, M., ... & Tarp, J. (2022). Device-measured sedentary time in Norwegian children and adolescents in the era of ubiquitous internet access: secular changes between 2005, 2011 and 2018. International Journal of Epidemiology, 51(5), 1556-1567.
Fennell, C., Lepp, A., & Barkley, J. (2021). Smartphone use predicts being an “active couch potato” in sufficiently active adults. American Journal of Lifestyle Medicine, 15(6), 673-681.
Kandola, A., Lewis, G., Osborn, D. P., Stubbs, B., & Hayes, J. F. (2020). Depressive symptoms and objectively measured physical activity and sedentary behaviour throughout adolescence: a prospective cohort study. The Lancet Psychiatry, 7(3), 262-271.
Werneck, A. O., Romanzini, M., Silva, D. R., Oyeyemi, A. L., Bueno, M. R., & Ronque, E. R. (2021). Association of mentally-passive and mentally-active sedentary behaviors with device-measured bouts and breaks of sedentary time in adolescents. Health Promotion Perspectives, 11(1), 109.
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