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Le 19 avril dernier, le ministre de la Santé a présenté un projet de règlement qui prévoit notamment interdire les arômes, autres que ceux du tabac, dans les produits du vapotage. Il n’en fallait pas plus pour que l’Association des représentants de l’industrie du vapotage monte aux barricades. Afin de faire contrepoids, Cœur + AVC et la Société canadienne du cancer ont uni leurs forces pour créer une plateforme permettant à ceux et celles qui soutiennent l’initiative du ministre de la Santé de faire entendre leur voix !
Ados accros au vapotage
Au cours des dernières années, la pratique du vapotage chez les jeunes a pris l’ampleur d’un véritable fléau. Selon l’Institut national de santé publique du Québec, la prévalence de l’usage de la cigarette électronique chez les jeunes a quintuplé, de 2013 à 2019, passant de 4 % à 21 %. De son côté, Cœur + AVC dévoilait, en 2020, les résultats d’un sondage mené dans six provinces canadiennes. Des résultats qualifiés, à l’époque, de révélateurs et d’horrifiants puisqu’ils montraient que les jeunes commencent à vapoter avant l’âge de 16 ans et qu’ils le font en moyenne six jours par semaine, à raison de 30 fois par jour. De plus, la majorité d’entre eux (59 %) seraient devenus dépendants, car ils ont tenté d’abandonner cette habitude plusieurs fois, en vain.
Ce sondage révélait en outre que plus de neuf jeunes sur dix (92 %) rapportent avoir commencé à vapoter en raison des arômes, notamment ceux qui imitent les saveurs de baies, de confiseries, de mangue et de menthe. Plus inquiétants encore, neuf jeunes sur dix (92 %) utilisent un liquide à vapoter contenant de la nicotine.
Principe de précaution
Même sans ajout de nicotine, les liquides de vapotage ne sont pas sans risque. Ils sont susceptibles de contenir des produits chimiques nocifs, tels que le propylène glycol, l’acroléine et le formaldéhyde : des produits chimiques qui risquent de causer des irritations de la gorge, des nausées, des maux de tête, des problèmes respiratoires, des maladies cardiaques et même des cancers.
Déjà, à l’automne 2019, le Dr Horacio Arruda, alors directeur national de la santé publique, déclarait, au nom du principe de précaution, que les jeunes, les femmes enceintes, les non-fumeurs, incluant les anciens fumeurs, devraient carrément s’abstenir de vapoter. Puis, au printemps 2020, il remettait au ministre de la Santé un rapport visant à mieux encadrer l’industrie du vapotage. Ce document contenait notamment deux recommandations phares : l’interdiction des arômes et des saveurs, ainsi que la limitation des concentrations de nicotine.
Pour l’essentiel, le projet de règlement que le ministre Christian Dubé vient de déposer, et ce, pour une période de consultations publiques de 45 jours, reprend justement les recommandations du rapport de 2020 :
- Interdiction de tous les arômes dans les produits de vapotage, sauf ceux du tabac et nature.
- Limitation du taux maximum de nicotine à 20 mg/ml dans les cigarettes électroniques.
- Limitation de la taille maximale des réservoirs de liquide.
- Restrictions sur la forme et l’emballage des produits du vapotage qui sont attrayants pour les jeunes.
Un ensemble de mesures qui, en résumé, visent spécifiquement la protection des jeunes. Et à raison !
Arômes, saveurs, couleurs…
À l’origine, les produits de vapotage étaient présentés comme un des outils de cessation du tabagisme. Bien sûr, nul n’est contre la vertu, mais on constate, depuis trop longtemps, que l’industrie du vapotage ne cesse de rivaliser d’imagination dans le but de séduire les jeunes grâce à des produits aussi alléchants qu’aguichants. Du design des vapoteuses aux motifs et aux couleurs tendance, en passant par la multitude de saveurs aussi appétissantes qu’affriolantes, l’industrie ne ménage visiblement aucun effort pour fidéliser une jeune clientèle, voire la rendre dépendante.
Certains commerçants ne s’en cachent même pas et adoptent un modèle d’affaires qui s’inspire de celui des dépanneurs et des stations-service. Et c’est pour profiter d’un de leurs privilèges : l’autorisation de vendre des produits de vapotage aux 18 ans et plus, pourvu qu’ils demeurent cachés, comme les cigarettes - le reste des marchandises, notamment les bonbons, pouvant être exposée à la vue de tous les clients, y compris les enfants. Donc, selon cette logique, et depuis quelque temps, on trouve des magasins de bonbons, ayant pignon sur rue, mais qui en réalité abritent, à l’arrière-boutique, un débit de vapotage. Le subterfuge est astucieux, mais l’aveu est d’autant plus incriminant…
Les pompiers pyromanes
Bien sûr, de son côté, l’industrie se défend de cibler les jeunes. Mieux, elle se permet d’attaquer. Ainsi, l’Association des représentants de l’industrie du vapotage, dans le but de dénoncer les intentions du ministre de la Santé, a récemment affirmé que « le Québec est un bar ouvert pour la contrebande ! » et que « le gouvernement Legault abandonne ses électeurs ex-fumeurs ! ».
Plus fort de café encore, cette déclaration d’Imperial Tobacco Canada selon laquelle « le Québec prouve qu’il n’a aucun plan pour diminuer le taux de tabagisme dans la province ». Parce que, voyez-vous…, chez Imperial Tobacco Canada « Nous avons l’objectif clair de bâtir Un Avenir Meilleur en atténuant les répercussions de nos activités sur la santé ».
…
Or, comme le souligne l’Institut national de santé publique du Québec, beaucoup de dispositifs actuellement sur le marché, notamment ceux de « 4e génération », fonctionnent à l’aide de capsules qui peuvent contenir l’équivalent en nicotine de 40 cigarettes ! Ce qui fait craindre un « effet passerelle » susceptible de conduire les jeunes à vouloir essayer de véritables « cigarettes de tabac ». Et à grossir les rangs d’une nouvelle génération de fumeurs.
Il est donc maintenant temps de renverser la vapeur. Dans ce contexte, la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC et la Société canadienne du cancer s’unissent pour contrecarrer le lobby de l’industrie du vapotage. Elles invitent donc ceux et celles qui souhaitent soutenir le projet de règlement du ministre de la Santé pour encadrer le vapotage à manifester leur volonté sur la plateforme protegeznosjeunes. Une lettre sera automatiquement envoyée à l’adresse des consultations qui se tiennent pour encore deux semaines. Faites entendre votre voix afin de couvrir celles des lobbyistes de l’industrie !
Ne l’oublions pas : mieux vaut prévenir que guérir, sachant qu’il n’y a pas de fumée sans feu…
Écrit avec la collaboration de KEVIN BILODEAU, directeur, relations gouvernementales, Québec - Fondation des maladies du cœur et de l'AVC
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