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Depuis quelques années, le vapotage de nicotine est en nette progression chez les jeunes. Et, phénomène plus récent, le vapotage de cannabis connaît actuellement une hausse encore plus inquiétante. En outre, pour compliquer ce tableau, il faut ajouter, grâce à l’évolution rapide des technologies, une pléthore de dispositifs et de produits qui multiplient les modes de consommation tout comme les risques qui leur sont associées.
Afin de répondre aux principales questions que se posent les professionnel·les de la santé et de l’éducation qui travaillent auprès des jeunes, l’Institut national de santé publique (INSPQ) a préparé une page Web qui réalise une synthèse des connaissances sur ces sujets. Une mise à jour essentielle pour comprendre les principes de fonctionnement des dispositifs, leurs différents usages et les types de produits qu’ils permettent de consommer. Bref, une référence pour demeurer à la page…
Vapotage ou vaporisation ?
À titre d’exemple, on doit distinguer le vapotage, qui est l’inhalation d’un liquide impliquant la présence de diluants, et la vaporisation, qui consiste à transformer une substance plutôt solide en aérosol. Si bien que, techniquement, on vapote de la nicotine, puisqu’elle est habituellement diluée dans du propylène glycol et de la glycérine végétale, alors que le cannabis séché, ou certains de ses extraits solides (hash, kief), sont vaporisés par chauffage sous le point de combustion, autour de 200 Cº.
Cela dit, avec la diversification des extraits de cannabis et l’évolution des dispositifs, il devient difficile de distinguer entre vapotage et vaporisation. La « wax pen », qui défraie de plus en plus la chronique, entretient d’ailleurs cette confusion. En effet, son nom fait référence à des extraits de cannabis semi-solides communément appelés « wax » ou cire, alors qu’en réalité il s’agit de fortes concentrations de THC, un des principes actifs du cannabis, diluées dans un liquide.
On n’arrête pas le progrès…
Autre source de confusion : les dispositifs eux-mêmes, dont les modes de fonctionnement peuvent être distincts, mais qui, sur la forme, ont tendance à davantage se ressembler. Ce qui les rend méconnaissables. À ce chapitre, l’INSPQ, qui détaille les grandes catégories d’appareils de vapotage et de vaporisation, admet ne pas être en mesure de viser l’exhaustivité. D’autant plus que certains dispositifs de vapotage sont parfois utilisés pour consommer aussi bien du cannabis que de la nicotine. Cela dit, on peut établir la liste suivante :
- Dispositifs de vapotage jetables : à usage unique, ils fonctionnent jusqu’à épuisement de leur pile ou de leur réservoir. Ceux de nouvelle génération sont très prisés par les jeunes, car ils sont peu coûteux et contiennent des produits à forte concentration, que ce soit en nicotine ou en cannabis.
- Dispositifs de vapotage à cartouche 510 : souvent appelés « vape pen », leur batterie est rechargeable et leurs cartouches standards sont remplaçables ou parfois remplissables. Un classique.
- Dispositifs de vapotage mod : étant modifiables, d’où leur petit nom « mod », ce sont des appareils souvent plus gros, plus puissants, avec un réservoir plus volumineux. Ils recueillent la faveur des utilisateurs expérimentés, notamment ceux qui pratiquent le « dripping1 » ou le « cloud chasing2 ».
- Dispositifs de vapotage « propriétaires » : se distinguent par l’utilisation de cartouches remplaçables avec des connecteurs dits « propriétaires » souvent appelées « pods ». Souvent minces et élancées, ces vapoteuses contiennent peu de liquide, mais très concentré, que ce soit en nicotine ou en cannabis.
- Dispositifs portables de vaporisation d’extraits de cannabis : bien qu’ils puissent aussi prendre la taille d’un stylo, ceux qui servent à la vaporisation de fleurs séchées sont en général plus gros et sont souvent dotés de pièces interchangeables pour permettre la consommation d’autres extraits solides de cannabis.
La gestion des risques
La pratique du vapotage est manifestement en hausse chez les jeunes. Ainsi, rappelle l’INSPQ, de 2016-2017 à 2018-2019, la proportion des 12-17 ans s’adonnant au vapotage de nicotine a doublé. D’autre part, en 2022, parmi les 15-17 ans ayant consommé du cannabis au cours de l’année précédente, le pourcentage ayant indiqué l’avoir vapoté a presque triplé depuis 2019. Or, comme ce phénomène est relativement nouveau, l’INSPQ admet que les études disponibles ne permettent pas de déterminer avec certitude l’ampleur et la nature des risques pour la santé de cette pratique, surtout à long terme. Toutefois, nous en savons suffisamment pour mettre en garde les jeunes.
Et c’est la raison d’être de cette synthèse : offrir aux professionnel·le·s de la santé et de l’éducation de l’information au sujet des réglementations encadrant le vapotage, des types de produits sur le marché, des sources d’approvisionnement chez les jeunes, des risques pour la santé, des interventions en cas d’intoxication, des risques associés aux dispositifs eux-mêmes et de leur mauvaise utilisation, etc.
Toute stratégie d’intervention auprès des jeunes doit évidemment reposer sur les plus récentes connaissances en la matière. Il est important de savoir afin d’agir. Or, si dans un monde idéal, et au nom du principe de précaution, on pouvait tout simplement recommander aux jeunes de s’abstenir de vapoter, dans la réalité les choses se passent différemment. Et l’une des meilleures stratégies pour minimiser les risques de cette pratique demeure certainement de bien informer les jeunes afin qu’ils prennent des décisions éclairées. Citons d’ailleurs à ce propos la campagne de sensibilisation menée conjointement par cinq cégeps montréalais : Connais-tu ton pot?
Source : Institut national de santé publique
1Dripping. Pratique qui consiste à verser directement quelques gouttes de liquide de vapotage (avec ou sans nicotine) sur les bobines.
2Cloud chasing. Pratique qui consiste à maximiser la production d'un aérosol dense en utilisant la glycérine végétale et des dispositifs modifiables.
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