Agriculture urbaine

3 infrastructures pour créer un quartier ou un village nourricier: une serre, une cuisine et un marché

3 infrastructures pour créer un quartier ou un village nourricier: une serre, une cuisine et un marché

C’est avec beaucoup d’aplomb et un enthousiasme communicatif que Jean-Philippe Vermette a présenté les composantes essentielles d’un quartier nourricier au cours d’une conférence-réseautage 100° réunissant près de 200 personnes.

Comment améliorer l’accès et la consommation d’aliments sains, locaux et cultivés à travers une équité sociale, économique et écologique ? Voilà la grande question posée par Jean-Philippe Vermette, directeur général du Carrefour alimentaire Centre-Sud, un organisme qui a contribué à doter le quartier Sainte-Marie d’une serre communautaire, d’une cuisine collective et d’un marché.

Le défi peut sembler énorme, mais le conférencier propose plusieurs stratégies et pistes d’action pour mener à bien un projet de village ou quartier nourricier, en collaboration avec divers paliers de gouvernement et partenaires.

Secteur alimentaire communautaire : tenir un discours commun

Jean-Philippe Vermette insiste sur l’importance d’adopter un discours commun au sein des différents organismes en alimentation. « Pour convaincre les décideurs que l’alimentation saine pour tous est un enjeu politique, les organismes doivent surmonter leur tendance à travailler chacun de leur côté et se regrouper autour de stratégies et de messages communs, soutient-il. Dans d’autres secteurs comme l’habitation, l’activité physique ou l’éducation, ces pistes de convergence existent, et le système politique en prend acte. »

« Oui, ça peut aller plus vite si on travaille tout seul, mais on a besoin des autres pour réaliser des projets dont l’impact collectif est structurant. »

Un cadre de référence pour établir un espace nourricier

Pour créer un espace nourricier à l’échelle d’un quartier ou d’un village, le conférencier affirme que 4 éléments sont essentiels. « Après avoir déterminé le territoire sur lequel on veut agir, l’adoption d’une stratégie innovante est essentielle, même si elle bouscule les tabous du milieu communautaire », explique-t-il, en évoquant la participation du secteur privé.

« Les règlements sont des constructions sociales passagères. Ils ne permettent pas la construction d’une serre en ville ? Changeons-les! »

Les deux autres éléments d’un projet nourricier : un réseau d’infrastructures (une serre communautaire, une cuisine collective et un marché) et un réseau d’activités reliées à l’alimentation.

Sainte-Marie : un réseau alimentaire tissé serré aux retombées multiples

Dans Sainte-Marie, la serre inclut un plateau de travail en réinsertion et permet la production de semis qui sont remis gratuitement aux citoyens. On y trouve aussi une bibliothèque de semences qui contribue à la multiplication de jardins privés et publics. Une partie de la production de la serre est remise à la banque alimentaire.

La cuisine offre un service de popote roulante, des ateliers culinaires et des ateliers boite à lunch. On y transforme aussi les invendus du marché.

« Une serre, une cuisine et un marché dans chaque quartier et village, ça ne va pas résoudre tous les problèmes, mais je suis convaincu que ça donnerait des résultats pas mal intéressants! »

Le marché fixe du métro Frontenac est ouvert 120 jours par an; il est complété par un programme de marchés mobiles et de marchés satellites, ainsi que par des dépanneurs fraîcheur.

« Chacune de ces infrastructures a coûté environ 150 000 $, mais nous sommes en ville et nous sommes partis de zéro, précise Jean-Philippe Vermette. Un projet similaire a été implanté à Dunham, un village de 3000 habitants en Estrie. À cet endroit, les installations ont coûté 15 000 $ chacune. »

Crédit photo : Federico Uribe - 100 degrés

Le privé : un partenaire à considérer

Jean-Philippe Vermette propose un modèle de financement réparti également entre le palier municipal, le palier provincial et le secteur privé.

« C’est tabou dans le milieu communautaire de s’allier avec le secteur privé, mais depuis 10 ans l’entreprise GTI Macdonald, qui a son siège social dans Sainte-Marie, contribue à la saine alimentation dans le quartier, explique le conférencier. On peut travailler avec de grandes entreprises et c’est ce que nous avons fait aussi avec Gaz Métro, qui a réalisé les travaux nécessaires pour que la serre soit alimentée au gaz naturel. Il y a des partenaires privés potentiels dans tous les milieux, il ne faut pas hésiter à les inclure dans nos projets. »

Le citoyen : bien plus qu’un consommateur

Pour Jean-Philippe Vermette, la serre, la cuisine et le marché ont bien sûr une fonction alimentaire, mais sont aussi, et beaucoup, des lieux de rencontres et d’échanges citoyens.

« Les citoyens sont des acteurs à part entière dans un quartier nourricier, souligne-t-il. Consultons-les, mobilisons-les et impliquons-les dans un projet intégrateur où on n’oublie personne : ni l’agriculteur qui ne roule pas sur l’or, ni les plus démunis, ni les enfants. Dans le quartier Sainte-Marie, un comité citoyen est à l’œuvre et organise, entre autres, des soirées barbecue, des soirées cinéma et des ateliers. On ne nourrit pas que le corps, on nourrit aussi la communauté! »

Photos : Carrefour Alimentaire Centre-Sud

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