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Vous travaillez dans le monde municipal ou dans la gestion de sites de plein air ? Voici cinq stratégies et pistes d’action innovantes, en contexte de pandémie, qui touchent aussi bien l’aménagement des espaces extérieurs, l’organisation d’activités de plein air que leur promotion auprès de la population.
Depuis quelques années déjà, on vante les mérites de l’exercice vert, cette pratique d’activités physiques qui a pour théâtre les attraits de la nature. Or, depuis le début de la pandémie, les sites de plein air de proximité ont connu une hausse d’achalandage inégalée, aux quatre coins du Québec. Plus que jamais, c’est l’occasion de tirer profit de cet engouement, tout en veillant à minimiser les risques attribuables à la surfréquentation de ces précieux espaces verts.
Qu’entend-on par plein air de proximité ?
Selon l’avis Au Québec, on bouge en plein air !, une activité de plein air se définit comme une « activité physique, pratiquée en milieu ouvert, dans un rapport dynamique et harmonieux avec des éléments de la nature ». Le plein air de proximité, quant à lui, se distingue notamment par ses lieux de pratique, situés principalement dans les espaces naturels des villes et des villages. On peut penser à des sentiers, à des parcs, à des plans d’eau, à des parcs nautiques, à des corridors verts, blancs ou bleus, à des terrains et des espaces naturels (aménagés ou non). Ces lieux sont propices à la pratique d’activités physiques qui ne requièrent que peu ou pas de formation ou d’équipement spécialisé. Et généralement ces activités peuvent s’effectuer en toutes saisons. L’accessibilité, que permet la proximité, est l’une des clés conduisant au développement d’une pratique autonome par les citoyens, ce qui, à terme, est susceptible de favoriser l’adoption de saines habitudes de vie.
Un intérêt grandissant
« La pandémie que nous vivons a démontré de multiples façons que l’accès à la nature est un service essentiel pour la population. Elle nous montre aujourd’hui que malgré l’immensité du territoire québécois, nous manquons d’espaces pour satisfaire pleinement à ce besoin. » - Alice de Swarte, coordonnatrice en conservation et analyse politique à la Société pour la nature et les parcs, section Québec (snap Québec)
L’engouement grandissant pour le plein air de proximité a été fortement nourri par les mesures sanitaires et de distanciation physique imposées par les autorités de santé publique. Du jour au lendemain, la population était invitée à se tourner vers les espaces extérieurs pour socialiser et bouger, ce qui a progressivement conduit les citoyens à redécouvrir les espaces extérieurs de proximité et à poser un regard nouveau sur les milieux naturels où régnait soudain le chant des oiseaux.
Or, un tel engouement soulève d’importants enjeux en matière d’aménagement des espaces et de gestion des activités de plein air. Est-ce qu’il y a assez de place pour tout le monde ? Quelles stratégies utiliser pour implanter de nouveaux espaces favorables à la pratique du plein air ? Comment inviter les citoyens à découvrir des espaces existants, mais injustement méconnus et trop peu achalandés ?
Répondre aux besoins des utilisateurs
En tout premier lieu, il convient d’identifier le « potentiel nature » du périmètre urbain et périurbain afin de rendre accessibles ces espaces de grande valeur aux usagers qui se trouvent à proximité, idéalement dans un rayon de 15 minutes de marche. L’Organisation mondiale de la santé recommande d’ailleurs que chaque résident vive à moins de 300 mètres d’un espace vert.
En plus d’en garantir l’accessibilité, il importe de les rendre attrayants aux différentes clientèles susceptibles de les fréquenter. En créant, par exemple, un musée à ciel ouvert afin de mieux rejoindre les pensionnaires d’un CHSLD. Ou encore, d’aménager des parcours éducatifs et une boîte à jeux pour répondre aux besoins des tout-petits d’un CPE.
Parfois, la planification des aménagements se fait presque d’elle-même. Vous souhaitez ainsi créer un nouveau sentier : il suffit de bien observer les habitudes des marcheurs, notamment les traces de leur passage, ce que l’on nomme les lignes de désir.
En plus de répondre aux besoins particuliers de vos principaux groupes d’usagers, il importe aussi d’adopter une approche qui tienne compte des aspirations de l’ensemble de votre communauté, de manière à lui proposer des espaces et des activités à son image. À cet égard, il est crucial d’identifier les organismes œuvrant sur le territoire afin de développer, en toute collégialité, une offre bonifiée d’activités de plein air. Surtout si vous souhaitez rendre accessibles des milieux naturels fragiles, ou freiner la dégradation des espaces très achalandés ou encore offrir des activités spécialisées pour lesquelles vous n’avez pas l’expertise.
Prioriser les rues et quartiers dépourvus d’espaces verts
Souvent, les populations moins bien nanties sont celles qui profitent le moins des bénéfices du plein air de proximité. Dans les milieux urbains plus défavorisés, on cherchera à accroître le nombre d’îlots de fraîcheur pour qu’ils deviennent des lieux privilégiés de contact avec la nature de proximité. Pensez aussi à proposer des activités récurrentes d’animation dans ces espaces pour les faire découvrir au grand public et fidéliser les usagers.
En milieu rural, bien que la nature environnante semble omniprésente, c’est sur l’accessibilité et la signalisation qu’il faut davantage miser. Il est donc important d’informer les citoyens de l’existence de ces espaces de plein air et de leur accessibilité à partir des noyaux villageois, soit par des sentiers, de la signalisation, des aménagements paysagers ou des parcours culturels.
Miser sur le transport actif
Durant le confinement, « la ruée vers le dehors » a conduit les municipalités à réaménager les espaces publics pour en réallouer une plus grande part aux déplacements actifs… et les rues sont devenues des lieux de plein air ! D’autre part, la création de corridors nature ou de trames vertes, dans le but de relier entre eux des espaces naturels, est une excellente manière d’accroître l’accès au plein air de proximité.
En milieu rural, plein air de proximité et déplacement actif sont plus facilement juxtaposables. Car si la raison d’être d’un corridor actif est de relier un point A au point B, il est possible de faire en sorte que les milieux de vie deviennent le prolongement des espaces de plein air de proximité. Ainsi, en milieu rural, les déplacements utilitaires seront susceptibles de rapidement déboucher sur le domaine naturel.
Rejoindre les non-pratiquants
Dans le but de convertir les non-pratiquants aux activités de plein air, il convient de bien cibler vos efforts de promotion. Vous pouvez, par exemple, leur lancer des défis photo, ou animer des activités populaires dans des espaces de plein air méconnus des citoyens. En matière d’animation, la récurrence demeure la clé pour initier des non-pratiquants, car elle leur permet de vivre une première expérience positive à partir de laquelle ils auront peut-être envie d’adopter ces nouvelles habitudes. À ce chapitre, les approches participatives s’avèrent particulièrement intéressantes pour cibler les intérêts d’un groupe d’usagers et orienter la programmation d’activités de plein air.
Rejoindre les pratiquants
Afin de rejoindre les adeptes d’activités de plein air, faites-en la promotion via les communautés de pratiques existantes et déjà installées sur le territoire. Les réseaux sociaux, les revues spécialisées ou tout autre moyen ciblé sauront les interpeller. Et sachez être original en créant, par exemple, des espaces ou des installations éphémères pour la pratique de disciplines nichées ou émergentes, et ainsi attirer l’attention de cette enthousiaste clientèle avide de grand air.
Cet article a été rédigé grâce à la collaboration spéciale de Sport et Loisir de l’île de Montréal et de Loisir et Sport Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine.
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