Les initiatives visant à réduire le gaspillage alimentaire se multiplient au Québec, et c’est tant mieux, mais elles sont souvent morcelées, souligne un rapport publié par la Table québécoise sur la saine alimentation (TQSA). Constats et pistes de réflexion sur une problématique qui touche tous les acteurs du système alimentaire.
Réalisé par le groupe de travail sur la réduction du gaspillage alimentaire de la TQSA, le rapport identifie les principales causes de cette problématique et répertorie les initiatives en cours au Québec.
Ce document contient des données qui permettent aux municipalités, aux acteurs du secteur bioalimentaire et aux consommateurs de s’informer, s’inspirer, réseauter ou passer à l’action.
Une responsabilité partagée
Le gaspillage est présent à toutes les étapes du système alimentaire, à tel point qu’il est banalisé : la distance entre la production et la consommation est un des facteurs qui explique cette perte de la valeur intrinsèque des aliments, souligne le groupe de travail.
Du côté des consommateurs, les auteurs du rapport identifient 4 causes du gaspillage alimentaire :
- Les valeurs, les attitudes et les perceptions : par exemple, la faible valeur accordée aux aliments, et le fait que les consommateurs sous-estiment la quantité d’aliments qu’ils gaspillent et sont donc moins portés à poser des gestes pour améliorer leurs pratiques.
- Les normes sociales : par exemple, celles qui valorisent l’abondance, la surconsommation et les aliments « parfaits » en matière de fraîcheur et de qualité.
- Les connaissances et les compétences : par exemple, le manque de connaissances et de compétences culinaires en matière de gestion des stocks, d’innocuité et de salubrité des aliments.
- L’organisation et le mode de vie : par exemple, le manque de temps pour les activités alimentaires et une mauvaise planification des achats.
Du côté des acteurs du système alimentaire, le rapport pointe du doigt plusieurs facteurs, dont :
- la grande diversification de l’offre alimentaire, qui génère des surplus ;
- les choix multiples de plats dans les restaurants, leur composition et les portions trop grosses ;
- le manque de collaboration entre les différents maillons de la chaîne ;
- l’absence ou l’insuffisance d’incitatifs au changement.
Gaspillage alimentaire : la nécessité d’une vision globale
La diversité des actions mises en œuvre aux niveaux local, régional et provincial révèle une réelle ébullition dans le domaine de la réduction du gaspillage alimentaire. Toutefois, pour que l’ensemble de ces gestes soit structurant, la TQSA appelle les différents acteurs à se concerter davantage et à établir une vision globale de la situation.
« (…) les interventions visant notamment la récupération de surplus ou d’invendus alimentaires ne peuvent en aucun temps constituer des solutions durables au problème d’insécurité alimentaire. » Table québécoise sur la saine alimentation
Le groupe de travail rappelle également l’importance d’évaluer les interventions en cours afin de faire ressortir les conditions gagnantes et les meilleures pratiques qui permettront d’influencer nos environnements physique, socioculturel, politique et économique.
Nous gaspillons surtout des aliments sains
« Tout au long de la chaîne bioalimentaire, les aliments et boissons les plus gaspillés sont souvent les plus nutritifs », indiquent les auteurs du rapport, en ajoutant que « certains aliments transformés très populaires en Amérique du Nord, généralement plus denses en énergie et riches en sel, en sucres et en gras, se conservent beaucoup plus longtemps. » Vu sous cet angle, le gaspillage alimentaire est bien plus qu’un enjeu économique : il est aussi un enjeu de santé publique.
Gaspillage alimentaire : Survol des causes et des interventions en cours en matière de prévention au Québec