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À peine sortie de l’université, encore toute jeune nutritionniste, j’ai commencé dans le métier comme recherchiste à l’émission Ricardo. À force d’écouter et d’observer Ricardo, de goûter tout ce qu’il préparait, de reproduire les techniques et les recettes chez moi, j’ai développé mes connaissances, mes goûts et mes compétences culinaires.
Hé oui, même si j’avais un bac et une maîtrise en nutrition, et même si j’avais eu le privilège d’apprendre de ma mère quand j’étais petite, j’avais encore des « croûtes à manger ». On n’a jamais fini d’apprendre... mais encore faut-il commencer un jour !
Malheureusement, tous les enfants n’ont pas cette chance d’apprendre à cuisiner avec leurs parents. Et plusieurs d’entre eux ont même très peu de contacts avec les aliments en dehors de ce qui arrive directement dans leur assiette… ou par la vitre de l’auto. Alors quand je vois Ricardo militer en faveur du retour des cours de cuisine à l’école, je suis 200 % en accord avec lui. Et ça me donne de l’espoir, parce que je sais qu’en Grande-Bretagne, le chef Jamie Oliver a mené le même combat… et il a gagné !
Grâce à de nombreux plaidoyers, documentaires, émissions, pétitions et autres moyens de pression auprès de son gouvernement, le populaire chef britannique a obtenu gain de cause en 2014 : les cours de cuisine sont désormais obligatoires pour les 7-14 ans en Grande-Bretagne.
À quand des cours de cuisine à l’école au Québec ?
Crédit : La Tablées des Chefs
Voilà plusieurs années déjà qu’au Québec aussi, nous réclamons le retour des cours d’éducation culinaire à l’école. Depuis les défunts cours d’économie familiale, la passation du savoir culinaire à l’école transite uniquement par des organismes comme La Tablée des Chefs et Les Ateliers cinq épices. Mais aussi formidables soient-elles, ces initiatives ne touchent qu’une fraction des élèves.
Chacun à leur façon, Jamie Oliver et Ricardo Larrivée mènent le même combat. La cause a besoin de soldats qui sont des icônes comme eux. Des soldats qui n’hésitent pas à sortir leur artillerie lourde d’arguments pour influencer les décideurs.
Apprendre à bien manger
Bien manger, c’est la base pour être en santé. Or bien manger, ça s’apprend. Les enfants aiment les aliments qu’ils apprennent à connaître. Et pour cela, ils ont besoin de voir, toucher, manipuler, partager et goûter les aliments. Plus ils ont accès à un répertoire alimentaire varié et appétissant, plus ils développent leurs goûts.
Les jeunes apprennent à bien manger à mesure qu’ils comprennent que bien manger, c’est bon. Encore plus que toutes les connaissances entourant la saine alimentation, c’est donc le plaisir de bien manger qu’on doit avant tout leur transmettre. C’est ce qui leur donnera envie d’adopter — et de maintenir — de bonnes habitudes pour la vie.
Apprendre à bien manger, c’est aussi apprendre à connaître la provenance des aliments, à les choisir, à planifier des repas et à développer un jugement critique à leur égard. Est-ce acceptable que notre système d’éducation mette autant d’emphase sur les « compétences transversales », tout en négligeant des compétences aussi fondamentales que celles qui permettent de bien se nourrir ?
Comme Ricardo le dit si bien :
« et si on vivait dans un monde où plutôt que d’être dans un univers de règlements et d’ignorance alimentaire, la norme devenait le savoir et l’autonomie ? »
Et vous, rejoignez-vous les rangs de Ricardo et Jamie ?