L’organisme Vivre en ville vient de lancer son nouveau guide Réussir l’habitat dense. En s’inspirant des meilleures pratiques d’urbanisme et de construction, les auteurs proposent 10 clés qui permettent de bâtir des habitations multilogements durables et attrayantes.
Produite en collaboration avec Écobâtiment, cette publication s’adresse aux décideurs et professionnels municipaux, ainsi qu’à tous les acteurs du secteur résidentiel qui veulent contribuer à la création de milieux de vie sains et durables. Le lancement a eu lieu devant une centaine de personnes réunies à la Maison du développement durable, à Montréal.
Les Québécois boudent l’habitat dense
Si l’idéal résidentiel des Québécois reste l’habitation individuelle, c’est sans doute parce que l’offre résidentielle multilogements est souvent peu attrayante, soulignent les auteurs du guide. Ils proposent donc une vision qui repose sur 4 conditions : la compacité du tissu urbain et la proximité des activités, ainsi que l’attractivité et la performance énergétique des habitations. Survol des 10 clés qui permettent de concrétiser cette vision.
1. Assurer la contribution du bâtiment à la qualité du milieu de vie. Pour cela, il faut concevoir un bâtiment qui va « communiquer » avec le milieu et le renforcer, par exemple en assurant une gestion naturelle des eaux et le verdissement du site.
2. Favoriser la mobilité durable. Dans un milieu de vie dense bien conçu, le recours à l’automobile privée est optionnel, grâce à la présence de commerces de proximité et à une offre intéressante de transport collectif, incluant l’autopartage.
3. Reconsidérer la place du stationnement. En revoyant à la baisse le nombre de cases de stationnement d’un bâtiment multilogements, on gagne un espace qui permet d’améliorer les logements et leurs aménagements extérieurs.
4. Donner accès à l’extérieur. Une cour intérieure commune offrant un accès privé pour chaque logement est un facteur très attractif, tant pour les locataires que pour les propriétaires.
5. Fournir des aménagements et des équipements partagés de qualité. Une pratique qui fait gagner beaucoup d’espace, d’argent et favorise la socialisation.
6. Ménager la quiétude et l’intimité des occupants. Il existe des solutions techniques efficaces pour assurer l’intimité des résidents, sur les plans visuel et acoustique. Ces aspects sont importants pour favoriser une perception positive de l’habitat dense.
7. Viser l’accessibilité universelle. Cette notion inclut non seulement l’accès physique aux personnes souffrant de déficits moteurs et cognitifs, mais aussi aux personnes à faible revenu.
8. Prioriser l’architecture bioclimatique et les stratégies passives. L’orientation du bâtiment, ses volumes et son enveloppe permettent d’optimiser les avantages de l’habitat dense : qualité de vie des occupants (luminosité, ventilation) et économies de ressources (gestion des eaux de pluie, par exemple).
9. Sélectionner et combiner les systèmes mécaniques en vue d’optimiser les ressources. Il existe des logiciels qui permettent de modéliser les besoins énergétiques d’un bâtiment en fonction de sa conception et de son occupation.
10. Sélectionner les matériaux à l’aide d’une approche « cycle de vie ». Il existe différents outils qui permettent de tenir compte du cycle de vie dans le choix des matériaux de construction.
Pour commander le guide et en lire un extrait : Réussir l’habitat dense – 10 clés pour des habitations compactes, attrayantes et performantes.
Photos : Vivre en ville
Des réalisations inspirantes
Au cours de ce lancement, trois experts ont partagé leurs bons coups en matière d’habitat dense.
Par exemple, Anne Côté, architecte chez Lafond Côté Architectes, a mentionné le projet Pech-Sherpa (photo ci-dessus) à Québec, où l’occupation du sol a été optimisée pour répondre aux besoins des occupants, tout en maximisant les espaces verts.
Alexandre Forgues, président de District Atwater a pour sa part insisté sur le fait que l’espace prévu pour le stationnement peut être réduit en demandant une exemption au règlement de zonage.
Paul Dupas, directeur principal chez Écobâtiment a souligné que les jeunes familles sont de plus en plus attirées par les habitats denses qui leur permettent d’avoir accès à des services et des commerces de proximité.
Invités à nommer une tendance dans le secteur de l’habitation dense, les panélistes ont mentionné, entre autres, l’intégration des énergies passives, la maximisation du verdissement et la consultation citoyenne en amont d’un projet d’habitat dense. Tous sont d’accord pour dire qu’un changement important est amorcé et que les jeunes familles recherchent de plus en plus de milieux de vie compacts où ils peuvent vivre sans posséder une auto.
Appel de projets et soutien financier pour Vivre en ville
À l’occasion de ce lancement, Christian Savard, directeur général de Vivre en ville, a annoncé un appel de projets qui vise à appuyer les acteurs de l’immobilier et les citoyens pour améliorer les projets de consolidation et densification urbaines afin de les rendre plus durables et désirables pour tous.
Martin Coiteux, ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire a par ailleurs annoncé que Vivre en ville bénéficierait d’un financement de 975 000 $ sur deux ans.