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« Quand les gens arrivent chez nous et voient des fruits coupés et des sandwiches au blé entier, c’est sûr qu’ils restent surpris! », s’exclame Nathalie Duclos, propriétaire franchisée d’un dépanneur à Saint-Tite-des-Caps.
Depuis quelques mois, elle participe à un projet de dépanneurs sains mené par des organismes en santé, des ministères du Gouvernement du Québec et la Direction régionale de la santé publique (DRSP) pour mettre en valeur des aliments santé dans ces lieux trop souvent dédiés aux chips et aux boissons gazeuses.
Contrer les déserts alimentaires
L’objectif? Améliorer l’offre alimentaire de ces petits détaillants, souvent situés loin des épiceries traditionnelles, dans des déserts alimentaires ou dans des milieux défavorisés. Ainsi, les barres de céréales, les fruits, les légumes et certains mets cuisinés ont désormais leur place, entre les billets de loto et la bière!
« On avait déjà une orientation qui se voulait un peu plus santé, car on accueille beaucoup de passants, explique Nathalie Duclos, dont le commerce est situé sur la Route 138. Grâce au projet, on a amélioré notre inventaire, on a travaillé pour que les produits santé aient les meilleures places dans le commerce. On a ajouté des aliments, comme des salades déjà toutes faites. Même moi, ça m’a encouragée à manger plus santé! »
S’inspirer des États-Unis
Populaires aux États-Unis, les dépanneurs offrant des aliments plus sains pullulent dans certaines villes comme Philadelphie, où on en retrouve environ 600. Pascale Chaumette est nutritionniste à la DRSP de la Capitale-Nationale. Elle est l’une des personnes à avoir piloté le projet dans la région. Elle en explique les balbutiements : « On a regardé ce qui s’était fait ailleurs dans le monde, notamment à Philadelphie. Ici, on voulait tenter de rejoindre des populations vulnérables. » Puis, cinq dépanneurs ont été enrôlés : à Charlevoix, Portneuf, Limoilou, Beauport et sur La Côte-de-Beaupré.
Les différents intervenants impliqués ont choisi de ne pas identifier une seule catégorie d’aliments à mettre en valeur. Ils ont plutôt décidé de regrouper la nourriture santé dans un coin des dépanneurs en question, qui a été identifié avec du matériel promotionnel.
Des effets positifs dans la population
Même si le projet n’a commencé qu’en mars dernier, Pascale Chaumette voit déjà des retombées. « On a réalisé qu’il se vendait quand même des choses saines dans les dépanneurs, mais que la population ne s’en rendait pas compte, affirme-t-elle. La plupart des clients ne vont pas là pour acheter des aliments santé, mais si, en y allant, ils voient l’offre à des coûts intéressants, ça peut les influencer à en consommer. »
Et quels sont les aliments les plus populaires? Les bananes, et de loin!
« À la caisse, ça marche fort! C’est peu dispendieux et facile à manger. Pour les commerçants, il y a un profit intéressant à faire avec ça », explique Pascale Chaumette.
Pour l’avenir, on espère que d’autres régions s’inspireront de l’initiative et que d’autres dépanneurs incluront à leur offre des aliments sains.
« En tant que nutritionniste, ça m’a marquée, parce que ça a été exigeant. En 19 ans de santé publique, c’est le plus gros projet que j’ai mené. Heureusement, on est une équipe », conclut Pascale Chaumette.