Un nouveau document de l’Institut national de santé publique (INSPQ) présente et analyse cinq expériences canadiennes en matière d’action intersectorielle, à l’échelle des gouvernements locaux et régionaux, et qui ont été mises en place pour favoriser la santé de leurs populations. Analyse au terme de laquelle l’INSPQ dégage des leçons d’intérêt, tant pour les organisations locales et régionales de santé que pour les décideurs locaux et les organisations non gouvernementales.
Qu’est-ce qu’une approche intersectorielle ?
L’approche intersectorielle est l’une des avenues qu’empruntent davantage de gouvernements locaux dans le monde pour mettre en place des initiatives qui favorisent la promotion de la santé. Elle permet d’asseoir à une même table des acteurs de divers secteurs et des décideurs de différents paliers décisionnels dans la poursuite d’objectifs communs. Et les raisons qui motivent cette approche sont nombreuses, car, au-delà des soins médicaux, la santé d’une population est déterminée par des facteurs économiques, sociaux et environnementaux qui échappent aux champs de compétences des seules autorités sanitaires.
À ce chapitre, l’Association médicale canadienne a estimé que l’état de santé des Canadiens est influencé à 50 % par les conditions de vie et le style de vie, à 25 % par les soins de santé, à 15 % par la biologie et à 10 % par l’environnement. Autrement dit, de nombreux déterminants de la santé dépendent de politiques publiques qui touchent aussi bien à l’aménagement du territoire que les transports, la protection de l’environnement, les parcs et les loisirs, l’éducation, et le développement communautaire.
Les leçons à retenir
Pour réaliser son étude de cas, l’INSPQ a analysé les cinq initiatives suivantes :
- La Stratégie de Vancouver pour une ville en santé, Colombie-Britannique
- L’initiative en faveur d’un environnement bâti favorable à la santé à Saskatoon, Saskatchewan
- Le Partenariat pour des communautés en santé de la région de Grey Bruce, Ontario
- La Table intersectorielle régionale en saines habitudes de vie (TIR-SHV) de la Mauricie, Québec
- L’initiative pour un marché alimentaire mobile de la région d’Halifax, Nouvelle-Écosse
Il ressort de ce bilan comparatif que le plus grand défi qu’il faut relever lors de la mise en place d’actions intersectorielles est de susciter la volonté de coopérer de tous les acteurs impliqués, lesquels ont généralement l’habitude de travailler en silo. À partir de la comparaison de ces cas canadiens, l’INSPQ a ainsi dégagé cinq éléments clés :
- Élaborer une stratégie claire avec des objectifs partagés
- Disposer du soutien des autorités dirigeantes
- Développer un leadership collaboratif
- Bénéficier d’une stabilité des structures et des organisations impliquées dans le partenariat
- Avoir un financement suffisant et stable
Les divers acteurs qui souhaitent mettre en œuvre des initiatives intersectorielles à l’échelle locale ou régionale, pourront sans doute s’inspirer des cas sélectionnés par l’INSPQ. Pour chacun d’eux, le rapport détaille l’origine et les objectifs de l’action intersectorielle, les acteurs impliqués, des exemples d’actions mises en œuvre et un bilan des activités.
Les TIR-SHV du Québec
Les Tables intersectorielles régionales en saines habitudes de vie (TIR-SHV) sont des lieux de collaboration qui assurent une meilleure cohérence et une plus grande efficacité des actions locales et régionales en matière d’environnements favorables à la santé et à la qualité de vie. Elles mobilisent les acteurs clés de leur territoire autour d’un plan d’action concerté pour rendre les environnements favorables à de saines habitudes de vie.
Les TIR-SHV ont été largement soutenues par Québec en Forme, depuis 2014, dans le but de mettre en œuvre des actions qui favorisent la création d’environnements favorables aux saines habitudes de vie. À ce chapitre, le palier régional occupe une position stratégique puisqu’il est à la fois en mesure d’interagir avec les acteurs du niveau provincial, tout en soutenant les organisations qui agissent directement dans les communautés.
Les TIR-SHV sont donc en mesure, à partir des besoins et des ressources du palier local, de faire le lien avec les outils et l’expertise disponibles à l’échelle des paliers régional et national. Leurs rôles s’articulent autour de cinq champs d’action :
- Identification des besoins des communautés et des régions
- Mobilisation et mise en réseau des acteurs
- Communication et sensibilisation
- Soutien à la formation et au perfectionnement des acteurs
- Soutien en évaluation
Les TIR-SHV, qui ont fait la preuve de leur pertinence au fil des ans et qui continuent d’être actives dans leur milieu, reçoivent désormais un soutien financier, dans le cadre de la Politique gouvernementale de prévention en santé (PGPS) et dont M361 a le mandat de gestion et soutien.