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Le ministre de la Santé, M. Christian Dubé, lors d’une allocution prononcée le 1er novembre, a dit vouloir repenser et recentrer la vision du ministère de la Santé et des Services sociaux afin de miser davantage sur la prévention. Une annonce saluée par les organisations œuvrant en santé publique.
M. Dubé a fait cette déclaration en ouverture du colloque Une nouvelle vision de la santé, organisé conjointement par l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) et l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Soulignant que nous étions à l’aube d’un changement important « avec la création de Santé Québec, qui sera officielle dans un mois exactement, jour pour jour, soit le 1er décembre », il a ajouté que c’était « l’occasion, tous ensemble, de repenser le message, mais aussi la vision et les objectifs du ministère, notamment dans un contexte de prévention ».
Le ministre de la Santé a parlé d’une occasion unique, pour le « mouvement sur la prévention qui, pour toutes sortes de bonnes raisons, n’a jamais abouti, malgré les efforts de plusieurs personnes, de plusieurs gouvernements, au cours des dernières années ». Et, du même souffle, il a fait valoir aussi l’urgence d’agir. « En 2004, le budget de la santé, c’était 22 milliards. En 2018, ça, c’est pas loin, c’est il y a six ans, c’était 40 milliards. Cette année, le budget va dépasser. 60 milliards. En six ans, c’est une augmentation de 50 %, de 40 à 60 milliards. Je pense qu’il y a un mot : c’est intenable ! »
D’ailleurs, malgré l’accroissement des investissements, la demande dépasse toujours l’offre, notamment en raison de l’accroissement et du vieillissement de la population. D’où la nécessité de travailler en amont pour réduire la demande, et donc en prévention. M. Dubé, dans le cadre de cette nouvelle stratégie, a ainsi mandaté le directeur national de la santé publique, Dr Luc Boileau, pour qu’il lance, au cours des prochains mois, des consultations devant mener à l’élaboration d’une Politique nationale de la prévention au printemps 2025.
Appelant tous les acteurs du milieu à travailler ensemble, M. Dubé a, à cet égard, cité en exemple le travail de sa collègue Sonia Bélanger, ministre responsable des Aînés et ministre déléguée à la Santé, qui était présente à ses côtés. Il a souligné que, pour mettre en œuvre son projet « La fierté de vieillir », elle avait su relever un défi similaire afin de rassembler les nombreux joueurs en présence autour d’une vision basée entre autres sur la prévention.
Un important jalon en prévention
Cette annonce du ministre Dubé était attendue depuis longtemps dans le milieu de la santé publique. Thomas Bastien, directeur général de l’ASPQ s’en est d’ailleurs réjoui. En entrevue avec 100°, au sujet de cette occasion unique, il a dit partager le diagnostic de M. Christian Dubé. « D’abord, tout notre écosystème en santé publique a atteint une certaine maturité. Nous avons récolté et accumulé suffisamment de faits, de données, d’information pour justifier et défendre nos approches en prévention. Ensuite, la création de Santé Québec, désormais chargée des opérations du réseau de la santé, va permettre au ministère de mieux recadrer sa mission. Enfin, il est devenu évident pour tout le monde que le cadre financier actuel des soins de santé est devenu invivable. »
D’autre part, Thomas Bastien a pu constater, au cours des dernières années, une plus grande ouverture dans leurs échanges avec les différents membres du ministère. Une meilleure compréhension à l’égard de la prévention, même si c’était loin d’être la priorité de l’heure. Ce qu’il a expliqué par une image : « Le temps c’est comme l’argent. Si on dépense seulement 2 % du budget de la santé en prévention, ça veut dire qu’on ne passe que 2 % de notre temps à réfléchir à la prévention. Mais si on s’accorde plus de temps pour réfléchir à la prévention, alors il faut lui consacrer plus d’argent. »
Et idéalement, nous disent les experts du milieu, il faudrait que le ministre consacre à la prévention au moins 5 % de son temps...
« La chose est la plus importante pour nous, insiste Thomas Bastien, c’est de provoquer un changement de culture dans le système de santé. Un changement de culture axé sur l’accompagnement de la maladie et son traitement constant pour en venir à la prévention des maladies. Et à une réduction des maladies au Québec. Ça, c’est un changement de culture majeur, mais qui n’a jamais fait partie des priorités du ministère de la Santé parce que l’urgence, c’était toujours, la gestion de la maladie. »
Ce dont M. Christian Dubé semble vouloir prendre acte, lui qui a dit vouloir se concentrer « autant sur l’urgent que sur l’important ». Entendez ici : la prévention et la réduction de la maladie. Il a d’ailleurs invité l’ensemble des partenaires à collaborer avec Dr Luc Boileau pour effectuer ce virage majeur en prévention. Tout en concluant : « On n’a plus le choix. Il faut le faire. Moi, je compte sur vous ».
Et pour finir...
Comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, soulignons que le recteur de l’UQAM et hôte de l’événement, Stéphane Pallage, a profité de l’occasion pour annoncer la création d’une toute nouvelle Faculté des sciences de la santé. Une faculté qui, par son approche globale et décloisonnée, fera justement la part belle à la prévention. « L’UQAM est prête à s’engager pour le Québec, a conclu M. Pallage, comme elle le fait depuis 55 ans, et à regarder le monde à l’envers pour mieux voir ce qui est invisible à l’endroit. Notre faculté n’existe nulle part au monde et nous allons la faire vivre ensemble. »
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