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Depuis que le gouvernement britannique a annoncé, en 2016, son intention d’imposer cette fameuse taxe, à partir de 2018, les apports en sucres de ces boissons ont diminué de moitié chez les enfants et du tiers chez les adultes, révèle une récente étude. L’efficacité de cette mesure étant maintenant démontrée, peut-être serait-il temps de l’étendre à d’autres produits contenant des sucres ajoutés, plaident les chercheurs, comme les céréales à déjeuner, les yogourts, les cafés glacés…
Publiée dans le British Medical Journal, cette étude est la première à suivre l’évolution, non pas des achats, mais des apports caloriques en sucres chez les individus, notamment en relation avec la mise en application de la Soft Drinks Industry Levy (SDIL) une taxe qui, comme son nom l’indique, s’applique à l’industrie.
Pour la petite histoire, il faut savoir que le gouvernement s’en était d’abord remis à la bonne volonté de l’industrie, laquelle s’était engagée à s’autoréguler pour diminuer les quantités de sucres ajoutés dans ses produits. Mais en vain. D’où l’imposition de la SDIL. Or, puisque cette taxe s’imposait à l’industrie, qui ne souhaitait pas la refiler au consommateur, ce sont les boissons elles-mêmes qui sont vite devenues moins sucrées.
En effet, pour contourner la SDIL, l’industrie s’est mise à reformuler ses boissons sucrées. Conséquence : les Britanniques se sont mis à consommer moins de sucre même en achetant autant de boissons sucrées ! Si bien que, dès la première année, la taxe a rapporté deux fois moins que prévu, ce dont le gouvernement s’est pourtant félicité.
Acceptabilité sociale de la taxe sur les boissons sucrées
Cette étude, qui s’échelonne sur une période allant de 2008 à 2019, ne porte pas uniquement sur la consommation des boissons sucrées, mais aussi sur les apports quotidiens en sucres libres dans l’alimentation des Britanniques. Il en ressort une tendance de fond. Depuis 2008, et probablement avant suggèrent les chercheurs, on note une diminution graduelle des sucres libres consommés par les Anglais. Elle serait en partie attribuable à l’arrivée des édulcorants.
En revanche, dès 2016, donc avant l’entrée en vigueur de la SDIL, cette diminution de la consommation des sucres libres, jusque-là constante, chute assez radicalement. Sans véritablement s’avancer, les chercheurs rappellent que l’acceptabilité sociale était au rendez-vous quand le débat sur la taxe s’est ouvert, surtout chez les parents d’enfants. De là à prétendre que cette discussion sur la place publique aura contribué à infléchir la norme sociale, voire à changer les comportements, il n’y a qu’un pas.
Pour une taxe sur le sucre ?
Donc, en 11 ans, les apports quotidiens en sucres libres chez les enfants sont passés de 70 g à 45 g et chez les adultes de 60 g à 45 g, avec une baisse nettement plus marquée dans la foulée de SDIL. Des quantités qui demeurent néanmoins trop élevées. En effet, selon le Scientific Advisory Committee on Nutrition (SACN), l’apport calorique en sucres ne devrait représenter que 5 % de notre alimentation quotidienne. Pour mieux comprendre ce que représente ce 5 % d’apport calorique, le SACN a établi un petit tableau comparatif en fonction de l’âge.
- De 4 à 6 ans : maximum 19 g par jour, soit 5 cubes de sucre ou 4 à 5 cuillerées à thé
- De 7 à 10 ans : maximum 24 g par jour, soit 6 cubes de sucre ou 5 à 6 cuillerées à thé
- Plus de 11 ans : maximum 30 g par jour, soit 7 cubes de sucre ou 6 à 7 cuillerées à thé
Or, en moyenne, une boisson sucrée contient plus de 30 g de sucre !
Et ce n’est que la pointe de l’iceberg, car on retrouve du sucre ajouté dans un nombre invraisemblable d’aliments transformés. C’est pourquoi, à la lumière des résultats de cette étude, de nombreux spécialistes pressent le gouvernement britannique d’imposer une taxe sur les sucres ajoutés dans plusieurs aliments largement consommés, surtout par les enfants. Si le passé est garant de l’avenir, cela inciterait l’industrie à reformuler ses produits, pour éviter la fameuse taxe, ce qui améliorerait la qualité de l’offre alimentaire, et donc la santé de la population. Comme disent les Anglais : It’s a no brainer.
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