Plus de 250 personnes, élues et élus, gestionnaires, professionnels et partenaires du monde municipal étaient réunis à Gatineau le 21 mars dernier pour le Sommet municipal résilience climat organisé par l’Union des municipalités du Québec (UMQ). Une salle de gens curieux et attentifs qui, probablement comme moi, ont été secoués par la pertinence des informations partagées et par l’envergure des défis qui ont été lancés au monde municipal. Impossible de rester insensible.
Avec de nombreux spécialistes des changements climatiques, les participantes et participants ont fait le point sur l’impact des modifications du climat sur la gestion des municipalités, mais aussi sur la qualité de vie des gens qui y vivent. Une autre occasion de constater combien les grands enjeux sociétaux touchent directement les municipalités du Québec, à quel point le monde municipal est en première ligne lorsqu’il s’agit d’aider et de protéger les citoyennes et citoyens lors d’événements exceptionnels comme les vents violents, les pluies torrentielles, les inondations causées par les modifications rapides du climat et combien fort est l’engagement des élus, gestionnaires et professionnels municipaux à relever ces défis.
Les municipalités appelées à agir
Dès le départ, Catherine Potvin, professeure au Département de biologie de l’Université McGill et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les changements climatiques et les forêts tropicales, a lancé un défi aux personnes présentes. Alors que la rencontre était placée sous le signe de l’adaptation des municipalités aux changements climatiques, cette biologiste renommée a invité les municipalités, qui se veulent gouvernements de proximité, à contribuer à l’atténuation des changements climatiques afin d’atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre dans les délais serrés préconisés par le GIEC. Comme les autres experts invités, elle a évoqué les risques énormes auxquels notre planète sera confrontée si les cibles de réduction ne sont pas atteintes, en soulignant que l’utilisation des énergies fossiles contribue pour une large part à l’incapacité d’atteindre ces cibles.
Cardiologue et professeur agrégé de médecine à l’Université de Montréal, le Dr François Reeves a pour sa part offert une démonstration vraiment éloquente des multiples liens qui existent entre la santé de la population et les enjeux de pollution créés par l’utilisation effrénée des transports propulsés par le pétrole. Une transition vers une société sobre en carbone aura donc deux effets significatifs : la diminution des maladies causées par la pollution et la réduction des émissions de gaz à effet de serre permettant peut-être d’atteindre les cibles qui éviteraient les changements climatiques aux effets dramatiques pour les populations. Le Dr Reeves chiffrait à 36 milliards $ par année les traitements et les soins de santé causés par la pollution, pour le Canada. Le Dr Reeves offrait ainsi une deuxième raison de chercher à atténuer les changements climatiques. Lui aussi en appelait aux efforts que peuvent faire les municipalités, responsables de plusieurs compétences en aménagement, en transport et en infrastructures.
Planifier pour mieux réagir
La Ville de Gatineau, où se tenait le Sommet, a été victime en 2018 de trois événements hors du commun qui ont eu des conséquences majeures sur ses citoyens et sur l’administration municipale elle-même. De grandes inondations, une longue canicule puis une tornade ont créé une pression énorme sur les ressources municipales. Le maire, Maxime Pedneaud-Jobin et la directrice générale, Marie-Hélène Lajoie ont démontré combien la planification des mesures d’urgence devenait primordiale en contexte de changements climatiques. Un défi pour toutes les municipalités du Québec qui cherchent à protéger leurs citoyens.
Au terme de cette journée pendant laquelle mes responsabilités de maire ont été directement interpellées, trois constats s’imposent à moi :
- Il n’y a plus un seul grand enjeu de société pour lequel le palier municipal n’est pas sollicité à cause des compétences qui lui sont propres et pour sa capacité à obtenir des résultats concrets, directement auprès des citoyens ;
- Les élus municipaux sont conscients de ce qui est demandé à leurs administrations et, tout en voyant le rôle qu’ils doivent jouer, sont inquiets de ne pas être en mesure de relever les nouveaux défis par manque de ressources ;
- On devra revoir le partage des ressources financières et des responsabilités entre le palier gouvernemental québécois et les paliers locaux (local et supra-local). Si le Québec veut vraiment améliorer l’efficience dans l’atteinte des grands objectifs sociétaux, il est essentiel de déterminer ainsi ce qui doit être réalisé à partir de Québec et ce qui relève davantage des paliers locaux et supra-locaux.
Quand on prend conscience de l’impact prévu des changements climatiques sur le Québec tout entier, sur chacune de nos municipalités et sur la population qui y vit, on doit se réjouir de l’initiative prise par l’UMQ de tenir ce sommet. On doit également constater avec satisfaction l’intérêt de plusieurs acteurs municipaux pour cette importante question, et souhaiter que cet intérêt se transforme en réelle contribution pour l’atténuation des changements climatiques.
Crédits photo: Claude Wauthier pour UMQ, Wikipédia et Getty Images