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L’Institut national de santé publique (INSPQ) vient de publier un nouvel outil pratique à l’intention des personnes œuvrant auprès des tout-petits afin de les aider à mieux comprendre l’incroyable parcours que doivent suivre les enfants pour développer leurs compétences socioaffectives et trouver le moyen de s’épanouir dans le monde.
Les études le montrent : un développement socioaffectif insuffisant, dans l’enfance, peut avoir de graves répercussions, notamment sur le parcours scolaire, la santé mentale, et plus généralement sur la qualité de vie des personnes. C’est pourquoi il est notamment crucial d’outiller les intervenants dans leur travail d’accompagnement des enfants, en milieu de garde et à l’éducation préscolaire.
Ce nouvel outil de transfert de connaissances a été développé par l’INSPQ à partir de la synthèse Développement socioaffectif de l’enfant entre 0 à 5 ans et facteurs associés. Il se compose de deux parties traitées sous forme d’infographies et qui peuvent être utilisées de manière indépendante.
• La pyramide du développement socioaffectif de 0 à 6 ans, qui présente un cadre global des principaux aspects qui influencent le développement des compétences sociales et émotionnelles de l’enfant, ainsi que leurs interrelations.
• Le développement socioaffectif de 0 à 6 ans : une marche après l’autre, qui présente la séquence d’émergence des compétences sociales et émotionnelles entre 0 et 6 ans.
Mine de rien, en quelques années à peine, les enfants doivent développer des fonctions mentales très sophistiquées, par exemple le concept de soi pour se forger une identité, ou encore l’attention conjointe qui est à la base des interactions sociales. L’autorégulation est une autre composante de la personnalité qui commence à prendre place dès le jeune âge, et qui demande bien sûr d’être guidée par des adultes. Et ce ne sont là que quelques-unes des étapes cruciales de leur développement que les enfants doivent franchir afin de s’épanouir.
Compétences sociales et émotionnelles
L’outil est particulièrement utile pour bien identifier les périodes d’émergence des compétences sociales et émotionnelles et de quelles manières elles se complexifient pour parfois se renforcer l’une l’autre. Cela dit, soulignent les auteurs, en ce qui concerne certaines de ces compétences, la complexification dure toute la vie ! Alors, patience…
Les compétences émotionnelles sont les suivantes :
- Exprimer des émotions
- Identifier des émotions
- Nommer des émotions
- Comprendre les causes des émotions chez les autres dans des situations simples
- Comprendre les causes des émotions chez les autres dans des situations complexes
Et les compétences sociales se résument à :
- Imiter les autres
- Aider en signalant un événement
- Démontrer une sensibilité aux autres
- Partager des objets avec les autres
- Coopérer avec les autres
- Réfléchir sur ses actions et celles des autres
Les séquences d’émergence présentées dans le tableau portent sur de larges périodes étant donné la grande variabilité entre les enfants. Ce n’est donc pas un schéma prescriptif, mais indicatif. D’ailleurs, comme on l’a mentionné, pour certaines d’entre elles, la complexification peut prendre toute la vie…
La situation des jeunes Québécois
Dans le cadre de L’Initiative concertée d’intervention pour le développement des jeunes enfants (ICIDJE)*, dont découle la synthèse Développement socioaffectif de l’enfant entre 0 à 5 ans et facteurs associés et ce nouvel outil de transfert de connaissance, les auteurs ont utilisé l’Instrument de mesure du développement de la petite enfance (IMDPE ©) pour étudier les cinq domaines suivants :
- santé physique et bien-être (motricité, préparation physique pour l’école, etc.) ;
- compétences sociales (sens des responsabilités, respect des pairs, etc.) ;
- maturité affective (hyperactivité et inattention, comportements agressifs, craintifs ou anxieux, etc.) ;
- développement cognitif et langagier (intérêt et habileté pour la lecture, l’écriture et les mathématiques, etc.) ;
- habiletés de communication et connaissances générales (capacité à raconter une histoire, à communiquer ses besoins à l’adulte ou aux pairs, etc.).
L’enquête de 2017 révèle notamment qu’un peu plus d’un enfant de la maternelle sur quatre (27,7 %) présentait une vulnérabilité dans au moins un des cinq domaines du développement étudiés et que pour un enfant sur sept (14,2 %) la vulnérabilité couvrait au moins deux domaines. Un portrait qui montre qu’encore trop d’enfants étaient laissés derrière. À l’hiver 2022, une nouvelle cueillette de données a été effectuée. Elle va notamment permettre d’établir si des progrès ont été réalisés au cours des cinq dernières années. Et quels efforts il nous faudra consentir pour améliorer la situation des jeunes Québécois. Car c’est notre responsabilité à toutes et tous.
À suivre…
*L’Initiative concertée d’intervention pour le développement des jeunes enfants (ICIDJE) vise à soutenir le développement des enfants québécois de 0 à 5 ans et à mieux préparer leur entrée au premier cycle du primaire ainsi que leur réussite scolaire. Ce projet découle d’un partenariat entre le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), le ministère de la Famille, le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ), la Fondation Lucie et André Chagnon (depuis 2021) et l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).