Les recommandations du nouveau Guide alimentaire canadien permettraient à une famille d’économiser 2 $ par jour, selon les résultats d’une récente étude de l’Université Dalhousie et l’Université de Guelph. Pourtant, la perception de la population est toute autre.
À voir la grande quantité de fruits et légumes qui comble la moitié de l’assiette à l’avant-plan du nouveau Guide alimentaire canadien publié en janvier dernier, les consommateurs doutent qu’il soit accessible à tous. En fait, c’est plus du quart (26,5 %) d’entre eux qui croient que les nouvelles recommandations ne sont pas abordables.
Toutefois, en misant davantage sur les protéines végétales, en cuisinant plus souvent et en délaissant les aliments ultra-transformés, il est possible de réaliser des économies substantielles.
Place aux végétaux
Par exemple, en remplaçant la viande hachée ou le poulet par des protéines végétales (légumineuses, tofu, noix) 5 repas par semaine, un ménage peut économiser environ 2500 $ par année. Nous pouvons rapidement imaginer les économies réalisées lorsque les protéines végétales remplacent des coupes de viande plus dispendieuses, comme le filet ou les poitrines de poulet désossées sans peau.
Cependant, les versions végétaliennes ultra-transformées n’ont pas forcément un très bon rapport qualité-prix, tant du point de vue de la santé que de l’environnement. Par exemple, de la fausse viande hachée coûte environ 1,45 $/100 g, alors que des lentilles sèches en coûtent 0,31 $. Avec ou sans produits animaux, les versions les moins transformées représentent bien souvent le meilleur choix à tous les niveaux.
Planifier avant tout
Une planification des achats en fonction des recettes prévues pour la semaine permet également de faire des économies intéressantes, plutôt que de recourir à des plats préparés. À titre de comparaison, une boîte de 12 sachets de gruau instantané coûte 3,99 $ (325 g). Alors que pour le même prix, il est possible d’acheter un kilo de flocons d’avoine à cuisson rapide. Ce n’est pas plus long à faire et cette quantité permet de cuisiner trois fois plus de gruau ! Dans le même ordre d’idées, un consommateur paiera même plus cher pour des pépites de poulet congelé (1,80 $/100 g) que pour un poulet entier biologique (1,20 $/100 g), dont il pourra réutiliser la carcasse pour faire un bouillon de poulet maison plutôt que de devoir débourser environ 2 $ par boîte (900 ml) de bouillon du commerce.
Délaisser les boissons sucrées au quotidien
Le nouveau Guide alimentaire canadien recommande également de privilégier l’eau comme boisson de choix. Un choix nutritionnel, mais aussi économique : en effet, en laissant les jus et les boissons sucrées sur les tablettes plutôt que d’en ajouter systématiquement à son panier d’épicerie chaque semaine, une famille peut réaliser de sérieuses économies. Concrètement, pour une famille de 4 personnes (deux adultes, deux adolescents) qui achètent deux bouteilles de 1,65 L de jus d’orange par semaine et un 2 L de boisson gazeuse pour la fin de semaine, cela équivaut déjà à des économies de 12 $ par semaine, uniquement en boissons sucrées.
Et le calcul ne s’arrête bien évidemment pas là, non seulement pour les familles, mais pour les ménages de toutes les tailles. En additionnant tous les aliments superflus qui se retrouvent souvent dans notre panier d’épicerie par habitude, comme les biscuits et les croustilles, il est facile d’épargner de 10 $ à 15 $ dans cette catégorie d’aliments. Cela génère donc des économies de 25 $ à 30 $ par semaine pour des aliments et boissons dont nous pouvons nous passer. De plus, cela fera aussi en sorte que l’environnement alimentaire à la maison sera d’autant plus favorable aux saines habitudes de vie. Si les boissons sucrées, les friandises et les grignotines ne sont pas constamment à portée de main, cela peut certainement aider à en réduire la consommation. Cela ne veut pas dire qu’elles doivent être éliminées. Mais cela évitera sans doute d’en consommer de façon presque quotidienne.
Au-delà du guide
Une bonne planification aide aussi à limiter le gaspillage alimentaire qui peut représenter une somme considérable à la fin de la semaine, du mois et de l’année. En effet, puisque les ménages gaspillent environ 15 % des aliments qu’ils achètent, force est de constater qu’il est possible de faire de sérieuses économies en planifiant mieux les repas de la semaine et ainsi perdre moins de nourriture. Ce faisant, si un comportement change dans le bon sens, il y a fort à parier que d’autres aspects du mode de vie iront dans la même direction.
En ce sens, cela permet aussi d’élargir la vision d’ensemble d’une situation. Prenons l’importance de la cuisine, par exemple. En plus de permettre de faire des économies en évitant de dépendre des aliments ultra-transformés, cuisiner rend les repas en famille nettement plus agréables. Du même coup, cela contribue à favoriser une relation saine avec les aliments, d’être plus reconnaissants de tout le travail qui se cache derrière ceux-ci, et d’encourager la réduction du gaspillage alimentaire. Comme quoi, l’un ne va pas sans l’autre !
En bref, si manger mieux pour la santé et l’environnement n’est pas forcément plus cher, tout porte à croire que cela peut aussi être nettement plus avantageux pour le portefeuille, tout en prenant soin de notre santé… et de celle de la planète !