Que tous les enfants du Québec jardinent ! C'est le cri du cœur lancé par Maryse Côté, directrice de l'école Louis-de-France, à Trois-Rivières.
Convaincue des bienfaits de reconnecter les élèves à leur alimentation tout en intégrant les matières scolaires, cette visionnaire a créé, en 2016, le programme L'agroalimentaire s'invite à l'école. Depuis, elle n'a cessé de militer pour l'implantation de ce programme à la grandeur du Québec. Un souhait en voie de réalisation avec la mise sur pied de l’organisme AgrÉcoles, dont la mission est d’assurer le transfert de connaissances et l’accompagnement aux écoles primaires des quatre coins du Québec qui désirent intégrer l’agroalimentaire à la vie scolaire.
« Dès qu’on a commencé ce projet à Louis-de-France, on s’est dit que tous les enfants devaient avoir la chance de mettre les mains à la terre. L’apprentissage à bien se nourrir, je pense que ça devrait être obligatoire dans toutes les écoles. » - Maryse Côté
Des débuts fertiles et fructueux
D’où viennent les fruits et les légumes ? C’est pour que les enfants découvrent la réponse à cette simple question et apprennent à bien se nourrir que la directrice Maryse Côté a décidé de faire de l’agriculture le projet pédagogique principal de son école, en intégrant tous les aspects de l’agroalimentaire dans le cursus scolaire, du préscolaire jusqu’à la 6e année du primaire. Un an plus tard, après une fastidieuse, mais prospère recherche de partenaires, les 408 élèves de l’école Louis-de-France étaient mis à contribution pour planter des semis dans les 23 bacs de jardinage disséminés un peu partout autour de l’école.
Dès la deuxième année du projet, les élèves ont récolté plus de 2000 livres de légumes qui ont servi à alimenter le bar à salades de l’école ou qui ont été redistribués dans la communauté. Mais comme l’explique Maryse Côté, c’est beaucoup plus que du jardinage ! Les élèves participent à toutes les étapes de la production des aliments, de la semence à la pousse puis à la culture, pour ensuite en faire la transformation à l’intérieur d’une cuisine aménagée. Et le programme L’agriculture s’invite à l’école est loin de s’arrêter dans la cuisine !
L’agroalimentaire intégré aux matières
En classe, l’enseignement de chaque matière intègre diverses notions comme l’histoire de l’agriculture, l’apprentissage des plantes, l’origine de la transformation des aliments ou les enjeux alimentaires de la planète. L’école a ainsi fait le pari que le jardinage et la cuisine pouvaient aider ses élèves à assimiler des notions dans toutes les disciplines, des sciences à l’histoire, en passant par le français ou les mathématiques.
« On fonctionne principalement par thème et les activités pédagogiques sont adaptées à chacun des niveaux. Par exemple, les élèves de 5e année découvrent l’histoire de la production et de la transformation des céréales et apprennent à faire leur propre pain, tandis que les élèves de 6e s’intéressent à l’impact de la production des aliments sur notre environnement. » - Maryse Côté
Tout au long de l’année scolaire, en plus d’apprendre à composer des menus avec des aliments de saison et à faire des choix santé, les élèves sont sensibilisés à l’importance de l’alimentation locale, initiés au compostage, encouragés à diminuer le gaspillage alimentaire et invités à prendre part au développement de l’agroalimentaire dans leur communauté, tout en découvrant les métiers agricoles. Et surtout, toute l’école participe à la grande fête des récoltes qui est l’occasion de célébrer le fruit de leur labeur.
Un laboratoire pour toutes les écoles du Québec
À l’automne 2019, l’école Louis-de-France a reçu une subvention de 649 000 $ du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) pour assurer le développement, sur trois ans, du programme L’agriculture s’invite à l’école et devenir ainsi un laboratoire d’innovation bioalimentaire visant le déploiement du programme dans toutes les écoles primaires du Québec.
« Lorsqu’il est venu faire l’annonce de notre subvention, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne, a clairement fait part de son désir de voir notre programme s’implanter à la grandeur du Québec. Qu’il le dise haut et fort m’a rendue très heureuse, car c’est vraiment le futur, c’est la société de demain qu’on est en train de former avec cela. » - Maryse Côté
Le projet, estimé à près d’un million de dollars, comprend entre autres la construction d’un pavillon pour faire la classe à l’extérieur, l’aménagement d’une chambre froide pour la conservation des récoltes, l’ajout de nombreux jardins thématiques et la mise en production d’une serre chauffée permettant aux élèves de cultiver à longueur d’année. « C’est vraiment un projet porteur de sens et le plus bel héritage qu’on peut laisser à nos enfants », précise Maryse Côté, qui ne cache pas sa joie de voir son rêve se concrétiser sur les terrains de l’école.
AgrÉcoles pour cultiver demain
Dès l’obtention du financement, l’école Louis-de-France a officiellement créé l’organisme à but non lucratif AgrÉcoles pour développer le matériel pédagogique, le savoir-faire et les outils de gestion permettant d’assurer le transfert des connaissances et l’accompagnement aux écoles qui désirent intégrer l’agroalimentaire à la vie scolaire. Comme l’explique Julia Grenier, directrice générale d’AgrÉcoles, « il y a une demande grandissante pour ce type de projets et notre objectif, c’est vraiment d’offrir un programme clés en main au plus grand nombre possible d’écoles primaires au Québec. »
Assistée d’un technicien agricole et d’un animateur agroalimentaire, madame Grenier souhaite être prête à accompagner les écoles dès l’automne 2021. En plus de finaliser l’élaboration d’un programme pédagogique transférable à toutes les écoles du Québec, du préscolaire à la 6e année du primaire, l’équipe d’AgrÉcoles compte offrir des formations, des ateliers et de nombreux outils pratiques aux écoles désireuses de jardiner et de créer un environnement alimentaire valorisant de saines habitudes de vie. En décembre 2020, l’octroi d’une bourse de 100 000 $ du Fonds du Grand Mouvement de Desjardins est arrivé à point nommé pour aider l’organisme à faire rayonner l’agroalimentaire partout au Québec.
« La pandémie que nous vivons en ce moment met en évidence la très grande fragilité de notre circuit long d’approvisionnement alimentaire et renforce la pertinence de revenir aux sources. L’école, non seulement elle le peut, mais elle doit enseigner la terre à ses élèves ! » - Maryse Côté
Le financement: un atout de taille dans le développement d'un projet
Avant de recevoir l'exceptionnel financement gouvernemental octroyé par le MAPAQ, l'école Louis-de-France a réussi à récolter du soutien financier auprès de différents bailleurs de fonds, dans les premières étapes de développement de son projet L'agroalimentaire s'invite à l'école. En usant de débrouillardise et d'ingéniosité, cette équipe-école a notamment réussi à obtenir du financement lors de deux appels de projets 100° (Mon lunch, mes amis, mon école, en 2017, et Cultiver l'avenir: des jardins pour apprendre, en 2019) ainsi qu'à un appel de projets de Farm To School / Farm To Cafeteria Canada. Toute l'équipe de 100° est très fière d'avoir contribué, à sa manière, au développement de cette magnifique initiative !
Ce sujet vous intéresse ?
Consultez également les articles suivants :
- Dossier spécial | La littératie alimentaire : puissant levier de changement social
- 9 sources de financement pour les jardins pédagogiques
- Jardinage pédagogique et alimentation locale: une passion toujours aussi rassembleuse à l’école Saint-Denis
- 9 ateliers éducatifs pour sensibiliser les jeunes à une alimentation locale et biologique !
- 6 thématiques pour découvrir la saine alimentation à la maternelle
- Pédagogie en plein air: la première garderie en forêt québécoise ouvre ses portes!