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En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) conclut que la pertinence des systèmes d’étiquetage nutritionnel simplifié n’est pas démontrée.
Trop simplificateurs ?
Selon l’Anses, les 5 systèmes d’information nutritionnelle (SIN) qu’ils ont scrutés sont en contradiction avec la complexité fondamentale des rapports qui lient l’alimentation et la santé. Ces systèmes de logos simplifiés reflètent seulement certaines caractéristiques nutritionnelles des aliments (et pas toujours les plus pertinentes) sans les replacer dans le régime global des individus. De plus, ces SIN ne permettent pas de prendre en considération les besoins propres aux différents types de population.
« L’information nutritionnelle à privilégier dans une perspective de santé publique doit être (…) adaptée aux besoins des différentes populations. Il s’agit de permettre au consommateur d’inscrire ses choix alimentaires dans une perspective d’équilibre alimentaire global. Diriger l’attention du consommateur à l’échelle de l’aliment pris isolément pourrait le détourner de cet objectif et nuire à une réelle éducation nutritionnelle. »
Des choix éclairés ?
À la base, les SIN ont été élaborés dans le but d’orienter le choix des consommateurs en vertu des impératifs d’une saine alimentation. Toutefois, à la lumière du nombre limité de recherches effectuées dans ce domaine, l’Anses constate non seulement que les résultats sont très contrastés, mais que les SIN peuvent même induire des comportements inappropriés chez les consommateurs. De plus, l’Anses souligne que l’information nutritionnelle ne représente que l’un des multiples déterminants du comportement de l’acheteur et que, en l’occurrence, les SIN n’ont pas démontré leur pertinence en tant qu’outil d’orientation des choix des consommateurs.
Une stratégie globale
« Compte tenu de ces éléments, l’Anses estime que la mécanique de construction des SIN examinés (…) apparaît peu pertinente au plan nutritionnel. La capacité des SIN examinés à améliorer les choix des consommateurs apparaît donc incertaine. En l’état actuel des connaissances scientifiques, l’Anses conclut que la pertinence nutritionnelle des SIN examinés dans une perspective de santé publique n’est pas démontrée. »
L’Anses considère donc que les SIN ne paraissent pas adaptés aux enjeux de santé publique que constituent surpoids et obésité, désordres métaboliques, maladies cardio-vasculaires et certains cancers. Tout au plus, l’Agence estime qu’un SIN pertinent doit être envisagé comme une mesure d’accompagnement parmi un ensemble d’interventions en matière d’éducation, d’information et de réglementation, en particulier la publicité ciblant les enfants.
À noter que les conclusions de l’Anses sont d’autant plus frappantes qu’elles surviennent avant la publication des résultats du test de 4 de ces SIN, menés dans 40 supermarchés français à la fin de 2016. Rappelons que le dossier de l’étiquetage nutritionnel a fait l’objet de vives controverses en France l’année dernière. Il est prévu que le ministère de la Santé publie un décret, début avril, pour choisir un système d’étiquetage, utilisable sur une base volontaire. Le ministère s’appuiera sur le rapport du comité de pilotage du test dans les supermarchés, attendu « mi-mars », ainsi que sur un nouvel avis de l’Anses. C’est donc un dossier à suivre…
Références bibliographiques
- Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
- AVIS de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à « l’analyse de la pertinence en matière de nutrition de systèmes d’information nutritionnelle destinés au consommateur