Le populaire chef Ricardo Larrivée a livré un vibrant plaidoyer en faveur des cours de cuisine à l’école, de la maternelle au secondaire, Il s'agit selon lui d'une clé de l’avenir du Québec, porteuse d'un véritable projet de société.
Cet appel a été lancé lors de la première rencontre préparatoire du Sommet 2017 de l’alimentation, à laquelle assistaient 150 personnes représentant plus de 70 organisations.
L’alimentation peut être la colonne vertébrale d’un projet de société à long terme, a soutenu Ricardo Larrivée. Si ce dernier a abordé plusieurs enjeux cruciaux comme la santé, le prix des aliments, le temps et les repas en famille, rien ne lui importe plus que le retour des cours de cuisine à l’école. « Nos enfants doivent savoir planifier des repas, cuisiner, lire une étiquette, avoir un goût développé et un sens critique, a-t-il insisté. C’est essentiel pour être en bonne santé, pour réussir à l’école, mais c’est surtout une façon extraordinaire de participer pleinement à la société! »
Le goût du citron qui se perd…
Ricardo Larrivée a raconté que pour accompagner la présentation de son métier de cuisinier aux élèves de la classe d’une de ses filles, il avait apporté une limonade maison. « La moitié des élèves ont détesté ma limonade. Lorsque je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont répondu que ça ne goûtait pas le citron, parce que ça ne goûtait pas les produits au citron auxquels ils étaient habitués, a-t-il relaté. Nos enfants doivent apprendre, parce que le goût, ce n’est pas inné !
Si les enfants d'aujourd'hui manquent de compétences culinaires c'est souvent parce que leurs parents en sont souvent dépourvus, soutient Ricardo. « On ne va rien faire de bon en les jugeant, a-t-il souligné. Par contre, en remettant l’éducation culinaire dans le cursus scolaire, on va rendre un grand service à la société. »
Se faire piquer l’idée de la Tablée des chefs par le gouvernement
Et ce service ratisse large. Le conférencier peut en témoigner à titre de porte-parole de la Tablée des chefs, une organisation qui offre gratuitement des cours parascolaires de cuisine à 2 000 jeunes au Québec cette année.
« L’intégration multiethnique est une des dimensions touchées de façon fluide par ces cours, ainsi que l’estime de soi, a expliqué Ricardo Larrivée. Dans un cours où 80 % des enfants présents ne savent pas ce qu’est une lasagne, le gamin italien devient le “king” du jour. Et la prochaine fois, ce sera celui qui connaît le couscous. Et que dire de leur fierté et de la fierté de leurs parents lorsqu’ils rapportent le plat qu’ils ont cuisiné à la maison? » a poursuivi le conférencier avec émotion.
« Et si les ministères de l’Agriculture, de la Famille, de l'Éducation, de la Santé et des Finances sortaient de leurs vases “incommuniquants” pour nous piquer notre idée? Et pourquoi ne deviendrions-nous pas la première société occidentale à investir dans toute une génération peu importe le gouvernement au pouvoir ? Et si on vivait dans un monde où plutôt que d’être dans un univers de règlements et d’ignorance alimentaire, la norme devenait le savoir et l’autonomie ? Nous avons un beau projet de société devant nous et nous méritons le meilleur », a-t-il conclu, avant d’être chaleureusement applaudi.
Cette rencontre thématique, intitulée « À l'écoute des consommateurs d'aujourd'hui et de demain », a eu lieu le 21 octobre à Montréal. Elle réunissait des représentants des consommateurs et des secteurs du bioalimentaire : agriculture, pêcheries, restauration, santé, municipal, sécurité alimentaire, etc. organisations touchés par les enjeux alimentaires. Elle fait partie de la démarche préparatoire au Sommet de l'alimentation qui se tiendra en novembre 2017.