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Sous l’égide du collectif G15+, 20 organisations des milieux économiques, financiers, sociaux, syndicaux, environnementaux, académiques et philanthropiques ont, pour la toute première fois, établi une liste de 51 indicateurs économiques, sociaux et environnementaux afin de mesurer le niveau de bien-être au Québec.
Asseoir à une même table, des gens d’affaires et des économistes avec des environnementalistes et des entrepreneurs sociaux est en soi un tour de force. Les convaincre ensuite de participer à un imposant travail de co-construction pour s’entendre sur les 51 indices du bonheur national brut québécois relève assurément de l’exploit. Et le G15+ peut dire mission accomplie en rendant publique la première mouture des Indicateurs du bien-être au Québec.
Cette démarche part du principe que le Produit intérieur brut (PIB) ainsi que la création d’emplois ne permettent pas, à eux seuls, d’évaluer le bien-être des Québécoises et des Québécois. Un bien-être qui, pour se retrouver au cœur de la planification stratégique gouvernementale, doit aussi se mesurer en fonction de critères qui couvrent, notamment, les talents et les compétences, l’innovation, la pauvreté, l’égalité, le logement, la santé et la sécurité, la qualité de vie, la qualité de l’air et le climat, l’énergie, l’eau, la mobilité durable, la biodiversité…
La genèse du bonheur national brut
Pour la petite histoire, qui ne manque pas de piquant, cette idée de bonheur national brut ne vient pas de penseurs dans la mouvance des sciences humaines. Elle a été énoncée en 1972 par le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck, alors âgé de 16 ans, l’année de son accession au trône. Et cet indice, qui remplace le « produit national brut » (PNB), est désormais inscrit dans la constitution de ce petit royaume, promulguée le 18 juillet 2008. Depuis, nombre de pays ont adopté cette méthode d’évaluation, comme l’Italie et la Nouvelle-Zélande dont le G15+ s’est particulièrement inspiré.
Bien entendu, il s’agit là de la première étape d’une longue démarche. D’ailleurs, 33 % des indicateurs retenus (17 sur 51) ne sont pas encore documentés. D’autre part, si plusieurs se réjouissent de cette initiative, et c’est le cas de l’ancienne rédactrice en chef du Devoir, Lise Bissonnette, cette dernière émet un bémol au regard du peu de place accordée à la culture. Et pourtant, fait-elle valoir, l’Observatoire de la culture et des communications du Québec produit et diffuse justement les statistiques sur les activités de ce milieu. Voilà un indicateur déjà bien documenté et qui devrait figurer dans la liste.
Mais, à cheval donné, on ne regarde pas la bride. Car, à n’en pas douter, cette liste de 51 indicateurs n’est pas immuable. Elle sera nécessairement appelée à évoluer. Ce qui importe, c’est le travail colossal qui vient d’être effectué, le précédent qui vient d’être créé afin de servir d’assise aux travaux futurs. D’ailleurs, les membres du G15+ souhaitent que, éventuellement, Statistique Canada et l’Institut de la statistique du Québec prennent la relève. Pour le bien-être de tous les citoyens.