L’impact social est au cœur de leur métier. Que ce soit pour encourager l’alimentation locale, saine et écoresponsable dans les institutions, outiller les acteurs socioéconomiques dans les projets d’économie sociale ou favoriser l’esprit d’entreprendre chez les jeunes, les ambassadeurs 100° s’investissent avec passion dans leur métier. Rencontre avec Lynn O’Cain, directrice générale du Pôle d'économie sociale de la Mauricie.
Attirée par le potentiel d’impact des modèles d’affaires collectifs sur les communautés, Lynn O’Cain a rapidement orienté sa carrière vers le secteur de l’économie sociale. Elle dirige aujourd’hui le Pôle d'économie sociale de la Mauricie, un regroupementd’entreprises et d’organismes de l'économie sociale qui promeut l’économie sociale et la concertation des différents acteurs dans le domaine en Mauricie. « L’économie solidaire joue un rôle important dans le développement des territoires et ma mission est de faire rayonner ce modèle et de le démystifier auprès des acteurs économiques et des élus de la région », précise-t-elle. Car contrairement aux idées reçues, les entreprises d’économie sociale sont bel et bien rentables, tout en répondant aux besoins des communautés.
Encourager les réponses collectives
Le rôle de Lynn O’Cain consiste précisément à valoriser ce modèle d’affaires et à veiller au déploiement d’un écosystème de l’économie solidaire en Mauricie. Il vise aussi à faciliter l’émergence de nouveaux projets et renforcer les entreprises d’économie solidaire existantes selon une démarche collective. L’idée est en effet de regrouper des participants en cohortes pour encourager la cocréation suivant une approche de pensée-design, à travers laquelle ces participants développent un projet d’affaires collectif après avoir identifié les besoins de leur communauté et les solutions possibles. C’est une démarche qui a par exemple permis d’explorer le potentiel d’affaires d’une initiative citoyenne de glanage des récoltes dans les champs. Elle permettait notamment de comprendre si ce projet bénévole pouvait engendrer des revenus autonomes et assurer ainsi l’embauche d’une personne pour la coordination des activités.
Des outils de mobilisation
Lynn O’Cain et son équipe développent en ce sens trois outils pour bonifier l’offre de services du Pôle d'économie sociale de la Mauricie. L'incubateur jeunesse en économie sociale SISMIC permet aux jeunes de 18 à 29 ans de suivre un parcours exploratoire de l’idéation au développement de projets entrepreneuriaux collectifs. L’accélérateur d’impact collectif Trajet offre quant à lui des ateliers sur certaines thématiques aux entreprises existantes pour les aider à accroitre l’impact de leur mission. Les thèmes seront définis sur la base d’une autoévaluation préalable des entreprises-participantes pour ainsi répondre au mieux à leurs besoins. Et pour faciliter l’émergence de projets, le laboratoire d'innovation sociale (Lab-04) propose une formule où les participants sont invités à discuter des enjeux de leur communauté pour réfléchir ensemble à des solutions innovantes.
Cette méthode qui était selon Lynn O’Cain jusque-là proposée occasionnellement sous forme d’événements a déjà démontré son succès. À l’instar d’un laboratoire d’innovation sociale organisé pour explorer le rayonnement de la culture dans une communauté et à l’issue duquel les participants ont identifié et sélectionné trois projets porteurs, soit une bibliothèque, une monnaie locale et un nouvel espace collectif pour la culture. « C’est formidable de voir l’engagement des gens qui se réunissent le temps d’une journée autour d’un besoin pour trouver des façons collectives d’y répondre », relève Lynn O’Cain. Et comme ces solutions émanent des personnes concernées par les enjeux en question, les conditions sont là, selon elle, pour permettre leur pérennité.
Renforcement de l’économie solidaire
Diplômée en sociologie, Lynn O’Cain découvrait par hasard le concept de l’économie sociale au début de sa carrière : « J’ai tout de suite été attirée par cette démocratisation de l’économie. » Plus de vingt ans d’expérience dans le domaine lui permettent aujourd’hui de constater à quel point ce modèle d’affaires s’est popularisé au fil du temps. « Même s’il reste encore des mythes à déconstruire, on voit que beaucoup d’élus et d’acteurs socioéconomiques comprennent maintenant ce concept et sont capables de nommer des entreprises d’économie sociale. » Cette tendance devrait à l’avenir se renforcer sous l’impulsion de la jeune génération, plus encline à créer de l’impact dans la communauté. D’où l’importance selon Lynn O’Cain de poursuivre la vulgarisation de ce concept en consolidant l’offre de services sur l’accompagnement collectif. Le but ultime est de compléter l’écosystème de l’économie sociale sur l’ensemble de la Mauricie.