Pour le plus grand bien de notre santé collective, tant humaine qu’environnementale, les initiatives d’agriculture urbaine foisonnent comme de petits fruits mûrs, aux quatre coins du Québec. Pour contribuer à l’essor de ce mouvement, 100° vous invite à découvrir les Urbainculteurs, une organisation au parcours exemplaire bien enracinée dans la Capitale-Nationale. Dans ce second texte, Rosalie Beaucage nous explique comment les Urbainculteurs se préparent à la prochaine saison estivale.
Les mois de mai et juin sont complètement fous aux Urbainculteurs : c’est la période d’aménagement de tous nos potagers, dans une fenêtre de temps de deux ou trois semaines. Par la suite, nos horticulteur.rices se déplacent de projet en projet aux quatre coins de la ville, entretiennent les jardins, animent des équipes de bénévoles et récoltent des légumes qui seront remis à des organismes en sécurité alimentaire. Avec en moyenne une quarantaine de projets différents par été (l’année 2021 pourrait en compter jusqu’à quarante-trois) une bonne préparation en amont est nécessaire afin que la saison se déroule pour le mieux.
L’hiver, c’est pas si tranquille que ça, pour les agriculteurs urbains!
Bien qu’on puisse croire que l’hiver est une période d’hibernation dans le domaine de l’agriculture, la préparation de la saison de culture débute très tôt dans l’année : « Ça commence quand je rentre le 11 janvier au bureau », explique Vicki Duval, coordonnatrice de projet pour les Urbainculteurs. « Johann [notre directeur général] fait du démarchage dès janvier et après ça, ça tombe dans ma cour. »
Vicki et Marie-Hélène Jacques (gestionnaire de projet) organisent les opérations sur le terrain. À partir de janvier, elles veillent ensemble à la planification des jardins en vue de la saison prochaine, aux rencontres avec les clients, aux soumissions, à s’assurer de la faisabilité des projets, et à la gestion de l’équipe d’horticulteurs. Une première rencontre virtuelle avec un client est suivie d’une visite sur le terrain pour prendre les mesures de l’espace à cultiver et étudier son ensoleillement. Lorsque toutes ces informations sont recueillies, un plan d’aménagement comestible qui respecte les caractéristiques environnementales de l’emplacement est réalisé.
Au fur et à mesure que les soumissions sont approuvées par les clients, on peut estimer le nombre de semis, de smart pots et la quantité de terreau que nous devrons commander. Mais les contrats se confirment parfois tard au printemps et avec le nouvel engouement de la population pour le jardinage, tout est rapidement épuisé chez les fournisseurs. Comme le rapporte Vicki, il faut souvent parier sur la quantité de ressources à acheter : « Cette année, [...] on a déjà commandé nos semences pour la ferme et pour d’autres projets parce que là tout est out of stock présentement, c’est fou ! Habituellement ces affaires-là je les fais au mois de mars. Mais là, il fallait le faire en janvier. Il faut déjà prévoir des choses pour des projets qu’on n’est même pas sûrs d’avoir ! »
Alors qu’un.e agriculteur.rice qui possède une ferme peut savoir à peu près où s’enligner chaque année, répétant les mêmes étapes en un même lieu, pour les Urbainculteurs « tous les projets sont différents, les besoins sont différents, les clients sont différents », affirme Vicki. C’est une réalité qui ressemble davantage à celle d’une compagnie d’aménagement paysager. Notre équipe sillonne la ville et transporte avec elle son matériel : chaque jour elle doit s’adapter à un nouvel environnement ! Difficile de standardiser quoi que ce soit ou de préparer des choses à l’avance.
Notre ferme maraîchère d'agriculture urbaine
Depuis plusieurs années, que ce soit pour nos jardins ou pour notre vente printanière, lors de la première fin de semaine de juin, notre organisme fait affaire avec les Serres Naturo situées dans Bellechasse pour s’approvisionner en semis biologiques. Pour la première fois cette année, nous avons décidé de cultiver nos propres semis pour les Jardins du bassin Louise, notre ferme urbaine à vocation sociale.
Le deuxième été de ce projet pilote comptera 36 planches de culture de 50 pieds de long et 3 pieds de large cultivées selon les méthodes de maraîchage bio-intensif. Marie-Andrée Asselin, horticultrice, a réalisé le plan de production l’automne dernier en fonction de la demande en légumes des organismes partenaires (Le P’tit marché solidaire de Limoilou, Réseau solidaire du potager à l’assiette, Centre Mgr-Marcoux, La Butineuse de Vanier) et des conditions climatiques du lieu (régulièrement balayé par de grands vents). Finies les variétés grimpantes et indéterminées : place à des légumes qui supportent bien le vent et le plein soleil et que les organismes communautaires ont de la difficulté à se procurer ailleurs.
Audrick et Étienne, deux horticulteurs aux talents versatiles, ont quant à eux terminé à la fin février la fabrication des étagères et l’installation des néons dans les locaux des Urbainculteurs, désormais prêts à accueillir leurs premiers semis. S’occuper de cette pouponnière est une tâche de plus qui s’ajoute à l’agenda déjà très chargé de l’équipe, mais quelle satisfaction de voir les plants se déployer jour après jour et d’assister au processus de la vie végétale du stade de la semence à celui de la maturation des fruits ! Cette décision nous permet aussi de réduire les coûts de ce projet dont les bénéfices sont entièrement redistribués à la communauté. « On est toujours en train de penser deux mois à l’avance », indique Vicki en arrosant des plateaux de terreau identifiés « oignons jaunes ». En effet, à partir de janvier tout déboule : l’équipe entre dans une spirale dont elle sort échevelée à la fin octobre, une fois les jardins fermés.
Chaque année est une aventure qui demande une quantité considérable d’énergie physique et mentale, mais qui est grandement récompensée par le plaisir de voir la ville de Québec tendre davantage vers la résilience.
Pour en savoir plus sur les Urbainculteurs :
- Consultez le premier article de Rosalie Beaucage dans 100° : Agriculture urbaine les Urbainculteurs plus que jamais alignés sur leur mission
- Visitez le site web des Urbainculteurs
Soutenez les Urbainculteurs!
Bonne nouvelle: les Urbainculteurs sont finalistes pour le concours Let's Vegg' Up organisé par la Fondation Louis Bonduelle et Ulule qui vise à valoriser et soutenir les acteurs qui favorisent l'accès au végétal et qui s'engagent en faveur de la transition alimentaire. Johann Girault, directeur-général des Urbainculteurs, présentera le projet dans un « pitch » de 90 secondes mercredi 24 mars à 17h30. Pour les encourager, rendez-vous sur la page Facebook de l'événement.