Sécurité alimentaire

Programme de récupération en supermarché: la lutte au gaspillage alimentaire gagne du terrain au Québec

Programme de récupération en supermarché: la lutte au gaspillage alimentaire gagne du terrain au Québec

Le programme de récupération d’aliments invendus en supermarché poursuit son déploiement dans l’ensemble du Québec pour lutter contre le gaspillage et l’insécurité alimentaire.

Signe que le grand déploiement provincial du Programme de récupération en supermarché va bon train : des nouvelles, en provenance de la Capitale-Nationale et du Bas-Saint-Laurent, confirmaient, la semaine dernière, qu’une autre importante étape vient d’être franchie. Ainsi, les 4 Moisson du Bas-Saint-Laurent annonçaient le déploiement officiel du Programme de récupération en supermarché (PRS) dans leurs régions. De son côté, Moisson Québec faisait une annonce similaire tout en informant les médias qu’elle recevait aussi l’appui de Recyc-Québec pour élargir son PRS.

La genèse du PRS

Pour en savoir plus sur ce Programme de récupération en supermarché, 100º s’est entretenu avec Alexandra Dupré, directrice du développement du PRS pour le réseau des Banques alimentaires du Québec. Elle explique que, en 2013, Moisson Montréal a été mandaté par le réseau des Banques alimentaires du Québec afin de démarrer un projet pilote de récupération des aliments invendus dans les supermarchés. Et, pendant 2 ans, l’organisme s'est affairé, entre autres, à développer la méthode opérationnelle du programme.

« Il fallait déterminer le type d’équipements servant à effectuer la récupération pour maintenir la chaîne de froid et respecter les règles d’hygiène et de salubrité du MAPAQ, explique madame Dupré. Par ailleurs, il fallait donner de la formation aux magasins participants en ce qui concerne les critères de sélection (ce qui peut être récupéré ou pas, ce qui doit être congelé ou simplement réfrigéré) ainsi que sur les procédures de récupération qui maintiennent la chaîne de froid sans aucune interruption. »

À partir de 2015, d’autres projets pilotes ont été menés, par exemple par Moisson Québec ou Moisson Vallée Matapédia. Et comme les attentes ont été dépassées dans chacun des cas, le réseau des Banques alimentaires du Québec a graduellement commencé à déployer officiellement le PRS. Finalement, au printemps 2017, toujours avec le soutien financier de Recyc-Québec, on annonçait le grand déploiement provincial du PRS, auquel participent désormais toutes les Moisson du Québec.

Un programme arrivé à maturité

Pour Alexandra Dupré, le succès du PRS repose bien entendu sur l’expertise développée au fil des ans par le réseau des Banques alimentaires.

« Vous savez, en trois ans, depuis que l’on récupère de la viande, une denrée très périssable, nous n’avons eu à déplorer aucun incident. Et c’est parce que ça fait plus de 30 ans que le réseau récupère les denrées, les trie, et les redistribue, toujours selon les règles de l’art ! »

Rappelons, en outre, que les aliments qui sont récupérés sont des invendus qui n’ont pas encore atteint la date de péremption. Ils doivent toutefois être retirés des tablettes pour laisser leur place à de nouveaux arrivages. Alors, dans le cas de la viande, par exemple, ils sont immédiatement congelés au magasin, pour interrompre le processus de détérioration. Sinon, ils sont réfrigérés comme dans le cas des fruits et légumes ou encore des produits laitiers.

Un partenariat gagnant-gagnant

« L’autre facteur qui explique le succès du PRS, souligne madame Dupré, ce sont bien sûr les partenariats que nous avons établis avec les 3 grandes bannières. Notre objectif, d’ici les prochaines années, c’est d’établir des ententes avec 611 magasins et détaillants sur l’ensemble du territoire. »

Lorsqu’on lui demande si le gouvernement du Québec ne devrait pas en faire plus et, par exemple, s’inspirer de la France qui, en 2016, promulguait une loi contre le gaspillage alimentaire obligeant les grandes surfaces à établir des partenariats avec des organismes pour la redistribution des invendus, Alexandra Dupré se dit d’avis que, oui, le gouvernement pourrait en faire plus, mais du même souffle elle ajoute qu’une telle loi n’est pas nécessaire pour autant.

« Si on se fie à la réponse, que je qualifierais d’enthousiaste, des marchands et des bannières qui ont embarqué dans le programme, je ne pense pas qu’il soit utile d’en faire une obligation légale. Car on sent de leur part une réelle volonté de participer à cette initiative. Tout le monde est désormais conscient de l’importance de réduire le plus possible le gaspillage alimentaire. Et la mobilisation des principaux acteurs du milieu est bien la preuve tangible qu’ils sont sensibles à ces enjeux. »

Assistance nécessaire

Dans un monde idéal, on souhaiterait tous que les banques alimentaires soient chose du passé. Mais la réalité est bien sûr tout autre. Les besoins sont là. On voit même de plus en plus de travailleurs à temps plein qui se retrouvent dans l’obligation de recourir à de l’aide alimentaire. C’est pourquoi, selon Alexandra Dupré, un des grands avantages du PRS, c’est d’avoir permis de diversifier l’offre des banques alimentaires et tout particulièrement de distribuer de la viande.

« Lorsqu’un ménage se retrouve aux prises avec des difficultés financières, le premier poste de dépense qui écope, c’est le panier d’épicerie. Le loyer, le chauffage, l’électricité, le téléphone, on n’a pas le choix de les payer. Ce sont des dépenses incompressibles. Alors que dans le cas de la viande, par exemple, parce que c’est une denrée qui est très chère, les gens, placés en situation difficile, vont avoir tendance à la remplacer par des aliments moins coûteux, mais beaucoup moins nutritifs. D'où la grande utilité, pour eux, de notre PRS. »

Le PRS en quelques chiffres

En 2016, avant son grand déploiement provincial, le PRS avait déjà permis de récupérer près de 2,5 M kg de denrées dans 177 supermarchés, ce qui représentait une valeur marchande de près de 20 M$. En détournant toute cette nourriture des sites d’enfouissement, le PRS a par ailleurs contribué à une réduction des émissions de gaz à effet de serre, soit l’équivalent de 2 000 tonnes de CO2.

Lorsque le déploiement du PRS sera étendu aux 611 magasins ciblés, le réseau des Banques alimentaires estime que cette réduction des gaz à effets de serre devrait se chiffrer 7 000 tonnes de CO2 par année. C’est comme retirer 1 500 voitures de la route !

Une autre étude, réalisée par Aqua Climax, a aussi permis de chiffrer les économies en eau. Selon leur analyse, pendant seulement 6 mois, le projet pilote de récupération des viandes de Moisson Montréal a permis d’épargner 289 millions de litres d’eau !

Source : Les Banques alimentaires du Québec

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