L’acceptabilité sociale d’une intervention économique pour augmenter la consommation de fruits et légumes chez les ménages défavorisés avec enfants ne fait pas de doute, indique un rapport de recherche de l’Institut de santé publique du Québec (INSPQ).
La mesure envisagée par l’INSPQ consisterait à fournir, aux ménages participants, des coupons ou des cartes prépayées, qui seraient ensuite échangeables contre des fruits et des légumes frais, congelés ou en conserve. La valeur de ces bons d’échange s’élève à 0,62 $ par personne, par jour. Ainsi, une famille de quatre personnes recevrait un coupon d’une valeur de 17,36 $ par semaine.
Ces montants, qui peuvent paraître bien peu élevés, sont considérés suffisants dans la perspective où ils sont présentés comme des sommes additionnelles servant à augmenter la consommation de fruits et légumes : pas pour couvrir l’ensemble des achats des fruits et légumes d’une famille pour une semaine.
Une mesure qui fait l’unanimité
Afin d’évaluer l’acceptabilité sociale de la mesure envisagée, l’INSPQ a mené six discussions de groupes avec des membres de ménages défavorisés dans les régions de Montréal et Québec, ainsi que dix entrevues avec des personnes œuvrant dans des organisations détenant l’expertise dans ce type d’intervention. Outre le fait que l’acceptabilité sociale de l’intervention a fait l’unanimité, il se dégage de l’exercice cinq principes directeurs afin de guider la conception et la mise en œuvre d’un tel programme au Québec.
- Simplifier l’utilisation du coupon ou de la carte : pour réduire le risque de stigmatisation (en diminuant la visibilité de la transaction), et pour alléger les coûts pour les marchands.
- Viser la proximité des lieux d’utilisation des coupons.
- Adapter l’intervention aux réalités de l’offre alimentaire de proximité, dans le milieu d’intervention.
- Conception et mise en œuvre de l’intervention en partenariat avec les acteurs communautaires et commerciaux du lieu d’intervention.
- Maximiser les co-bénéfices : lorsque le contexte local s’y prête, contribuer à l’atteinte d’autres objectifs socio-économiques, tels que de la promotion et la valorisation des produits bioalimentaires du Québec.
Faisable et valable
Dans l’optique où la Politique gouvernementale de prévention en santé (PGPS) vise à favoriser l’accès physique et économique à une saine alimentation, notamment dans les communautés défavorisées et géographiquement isolées, un programme de subventions pour l’achat de fruits et légumes s’avère un outil d’intervention prometteur à l’atteinte de cet objectif, souligne l’INSPQ.
D’autre part, une telle mesure s’inscrit parfaitement dans le Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale qui, de son côté, souhaite améliorer l’accès à une alimentation saine, nutritive et abordable pour les personnes à faible revenu. À ce chapitre, les participants aux groupes de discussion ont suggéré qu’un tel programme s’étende aussi aux ménages démunis sans enfant.
Rappelons pour mémoire que l’INSPQ s’est penché, en 2017, sur l’analyse des enjeux éthiques d’une taxe sur les boissons sucrées. Et, les expériences, réalisées ailleurs dans le monde, montrent que pour en susciter l’acceptabilité sociale, l’une des avenues les plus souvent proposées consiste à utiliser une portion des revenus générés pour subventionner les fruits et les légumes frais…