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Voilà un sujet qui, depuis des années, fait couler beaucoup d’encre. Si les acteurs de la santé publique réclament ce genre de mesures, nombreux sont ses détracteurs qui la qualifient notamment de taxe régressive. Pourtant, lorsque les choses sont bien faites, rien n’est moins vrai, comme le démontre une récente étude américaine.
Ceux qui s’opposent à la taxe sur les boissons sucrées remettent le plus souvent en cause son efficacité tout en prévenant qu’une telle mesure frapperait plus durement les ménages à faible revenu. Qu’il s’agirait donc d’une taxe régressive. Et si cet argument ne suffit pas, ils vont aussi invoquer la défense des libertés individuelles contre les dérives interventionnistes du « gouvernemaman ».
Ces personnes, pleines de bonnes intentions, perdent cependant de vue les objectifs réels de la santé publique. Car, les études le montrent : la taxation des boissons sucrées diminue leur consommation. Or, celles-ci représentent la principale source de sucre ajouté dans les régimes alimentaires des Nord-Américains. Et la surconsommation de sucre est associée au diabète, à l’obésité, aux maladies cardiovasculaires et aux décès prématurés.
Taxer les boissons sucrées pour le bien des collectivités
Les autorités gouvernementales, ou encore municipales, sont bien conscientes de l’impopularité de toute nouvelle taxe. À moins que l’acceptabilité sociale soit au rendez-vous… Par exemple, à Philadelphie, la taxe sur les boissons sucrées a été « vendue » avec la promesse de favoriser l’éducation à la petite enfance. Ce qui a permis la création de 4 300 places en prématernelle et de 20 écoles communautaires depuis 2016.
En se penchant sur les cas de Philadelphie, Seattle et San Francisco, les chercheurs de cette étude ont pu montrer que les taxes sur les boissons sucrées ont entraîné des transferts de fonds des populations riches vers les populations à faible revenu. Pour ce faire, ils ont examiné les allocations de revenus dans chaque ville, poste par poste, pour voir quels types de programmes étaient financés (subventions pour l’achat de produits frais, investissements dans l’éducation à la petite enfance, etc.) et quelles sont les populations qui ont pu en bénéficier.
À Seattle, par exemple, les ménages à faible revenu ont dépensé environ 6 millions de dollars par année en taxes sur les boissons sucrées, mais en même temps ils recevaient 12,5 millions de dollars en prestations de services. De leur côté, les ménages à revenu plus élevé, qui ont dépensé environ 16 millions de dollars en raison de cette taxe, n’ont bénéficié, en retour, que 3,1 millions de dollars en services divers. Autrement dit, il s’agit d’une taxe progressive puisqu’elle profite essentiellement aux moins bien nantis.
Une taxe à impact social
On sait que la taxe sur les boissons sucrées influence le comportement des consommateurs, même s’il est encore trop tôt pour mesurer ses impacts réels sur la santé des populations. Il faudra peut-être attendre une génération afin d’en connaître la véritable efficacité. D’ailleurs, nul ne prétend qu’il s’agit de LA mesure pour lutter contre le diabète, l’obésité, les maladies cardiovasculaires et les décès prématurés. Mais on peut avantageusement la coupler à d’autres stratégies en vue d’améliorer la santé des individus et réduire la pression sur nos hôpitaux.
Bref, l’avenir nous le dira. En revanche, cette étude permet de démontrer qu’une telle taxe peut avoir un impact presque immédiat en rééquilibrant une certaine forme d’équité sociale. Loin d’être régressive, la taxe sur les boissons sucrées représente donc une mesure fiscale progressiste. À partir du moment où les sommes qu’elle génère sont judicieusement réinvesties dans des programmes qui viennent en aide aux plus démunis, son acceptabilité sociale est acquise. D’ailleurs, à ce jour, plus de 50 pays ont adopté une taxe sur les boissons sucrées. À quand le tour du Canada ?
Source : NextCity
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