Sécurité alimentaire

Un marché mobile comme une oasis en plein désert alimentaire

Un marché mobile comme une oasis en plein désert alimentaire

Des betteraves, des bleuets, de l’ail, du couscous et du thon en conserve : voilà le contenu des étals du Marché Mobile de Gatineau, un camion rempli de saines denrées qui se promène dans 5 quartiers de la ville depuis cet été. Une initiative qui vise à approvisionner en nourriture fraîche et abordable des quartiers où les épiceries se font rares.

Les déserts alimentaires sont nombreux dans la province. Au Québec, on estime que 500 000 personnes n’ont pas accès à une épicerie à moins de 1,6 kilomètre de leur domicile. Dans la région de Gatineau, le problème était particulièrement criant, jusqu’à l’arrivée récente du Marché mobile.

Directrice de la Coopérative de solidarité Marché mobile de Gatineau, Monique Chartrand, raconte la genèse du projet qui remonte à déjà plus de trois ans: « Les organismes communautaires de la région déploraient le fait que beaucoup de résidents n’avaient pas facilement accès à des produits frais et de qualité. Une étude de marché a été réalisée et on a dénombré 30 000 personnes, à Gatineau, qui vivaient dans des déserts alimentaires ».

Cette étude de marché a notamment permis d’apprendre que 41 % des personnes sondées n’avaient pas accès à une épicerie à distance de marche et que 32 % ne possédaient pas d’automobile pour faire leurs emplettes. Désormais outillés d’une meilleure connaissance de leur milieu, les partenaires communautaires ont alors décidé de retrousser leurs manches pour résoudre ce problème d’approvisionnement alimentaire, en créant un marché qui irait rejoindre les consommateurs là où ils vivent.

marché mobile Gatineau

Du rêve à la réalité

Après avoir fondé une coopérative de solidarité pour gérer le marché, les 100 organismes partenaires ont consulté les résidents et entamé des pourparlers avec la ville de Gatineau. La belle idée de départ s’est notamment butée à un obstacle important pour l’émission de son permis : une loi municipale ne permettant pas la vente itinérante, les organisateurs ont convenu avec la Ville que le camion du marché-mobile irait se stationner à des endroits déterminés d’avance, pour vendre ses denrées. Le permis a finalement été délivré en juin et le marché s’est mis en branle officiellement deux mois plus tard.

« À ce jour, on est présents dans 5 quartiers et on a 175 membres, explique Monique Chartrand. Le marché est ouvert à tous, mais les membres bénéficient de tarifs légèrement réduits. Un horaire fixe est annoncé à l’avance. Par exemple, cet après-midi, de 13 h à 14 h 30, on était au point de service de Masson-Angers. Les gens sont au courant et peuvent venir acheter leur nourriture. Dans une deuxième phase, on prévoit offrir nos services dans 5 quartiers supplémentaires. »

Les denrées offertes par le marché mobile varient d’une semaine à l’autre. On y retrouve cependant toujours des fruits, des légumes, des grains comme du couscous, ainsi que des aliments transformés « santé », comme du thon en conserve.

Un fournisseur local s’assure que les étals du camion soient pleins et que les clients puissent profiter d’un prix de gros, légèrement majoré.

marché mobile

Un volet éducatif

Mais la belle idée du marché mobile ne s’est pas arrêtée à la simple vente des aliments : « Même si le marché s’adresse à un large spectre, on a réalisé que dans notre clientèle, il y a des gens qui n’ont pas développé de saines habitudes alimentaires, explique Monique Chartrand. On a donc développé un volet éducatif, qui a pour but de renseigner sur l’importance des saines habitudes de vie. » Ainsi, de la documentation sur les aliments vendus dans le camion est rendue disponible. Des recettes mettant en scène les denrées du Marché sont aussi distribuées, pour que rien ne se perde.

Monique Chartrand souligne que la clientèle du Marché mobile compte beaucoup de personnes âgées ou en perte d’autonomie, pour qui les déplacements vers les grandes surfaces exigent encore plus de temps, d’argent et d’énergie. Ceux-ci accueillent donc le Marché de façon particulièrement favorable.

Des défis de taille

Si les débuts du Marché mobile sont fébriles, les défis qui l’attendent pour les prochains mois sont nombreux. « Présentement, on n’est pas propriétaires de notre véhicule, note Monique Chartrand, alors les coûts sont considérables. »

Outre les coûts d’opération du véhicule, les frais de main-d’œuvre représentent également un fardeau pour cette petite organisation. Malgré les bénévoles présents dans chaque territoire, les subventions salariales que la Coopérative a reçues se sont avérées vitales pour la survie du Marché. Bref, il faudra trouver de nouvelles sources de financement pour cette initiative, qui, à l’heure actuelle, ne fait pas encore ses frais. À voir la détermination dont fait preuve Monique Chartrand et l’enthousiasme suscité par le projet auprès de la population, il y a fort à parier que le Marché mobile continuera de rouler encore longtemps dans les quartiers de Gatineau !

Pour en savoir plus sur le Marché Mobile de Gatineau

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