« Les places sont limitées. Trente minutes après l’ouverture des inscriptions, c’était déjà complet. Je rêvais depuis longtemps d’enseigner la planche à roulettes, confie l’entraîneur qualifié Emmanuel Poncelet, qui agit déjà comme animateur du potager des jeunes à l’école. J’aimerais que chaque enfant qui essaie ce sport puisse vivre une expérience enrichissante et atteindre le niveau de base adéquat pour être en mesure de se déplacer en toute légèreté. » Ce chargé de projet pour l’organisme Sentier Urbain est mordu de skateboard depuis 30 ans !

Deux après-midis par semaine, la cour d’école devient ainsi le théâtre de tous les possibles pour les apprentis planchistes répartis en quatre groupes. Casque vissé sur la tête, ils apprivoisent la planche et testent leur équilibre. Ils tombent, se relèvent… les petits servant parfois de modèles aux plus vieux. L’entraîneur Emmanuel Poncelet fournit l’équipement et les protections, dont les protège-coudes, les protège-poignets et les genouillères. « J’offre un accompagnement personnalisé, quasi privé. Comme l’activité comporte certains risques, l’encadrement est très sécuritaire. »

Tout se déroule sur le plat. La surface est neuve et lisse. « Je leur apprends d’abord à reconnaître leur côté fort, à bien positionner leurs pieds sur la planche pour réaliser un tic tac.  L’objectif est de faire lever l’avant de la planche pour pivoter à gauche et à droite, de façon à tourner plus rapidement et éviter les obstacles. » Dans les skate-parks, les modules sont souvent trop gros. Ici, les enfants s’amusent sans danger, tout en développant leurs habiletés. Il se questionne sur la quasi-absence de cours de skateboard en parascolaire. « Malgré l’engouement, ça commence à peine. Pourtant, la planche peut, chez plusieurs, devenir un mode de transport actif intéressant, et ce, à long terme », souligne-t-il.

En attendant, la cour d’école demeure l’endroit idéal pour maîtriser l’engin et surtout bouger dans le plaisir. Marie-Claude Chabot, directrice de l’école Garneau, a instauré le projet de cours parascolaire. Elle est ravie de l’expérience appelée à grandir. « La bonne alimentation et l’activité physique sont, à mon avis, des valeurs importantes à transmettre aux enfants. Nous avons la chance d’avoir superbe cour d’école avec un terrain de soccer synthétique très populaire auprès de nos élèves. Nous avons un jardin et des grands espaces pour jouer. » 

« Nous sommes dans un quartier défavorisé, ce n’est pas un secret, ajoute Marie-Claude Chabot. Il est essentiel pour moi d’offrir aux élèves de mon école une diversité d’activités qui cultiveront leurs intérêts dès leur jeune âge afin d’éviter les pièges et tentations qu’ils pourraient se voir offrir quand ils vieilliront et passeront à l’école secondaire. »

« Le sport est un levier très important dans la motivation scolaire de certains jeunes, poursuit la directrice. Ce ne sont pas tous les enfants qui se sentent compétents. Ceux-ci doivent avoir quelque chose qui leur tient à cœur pour trouver la motivation de venir à l’école jour après jour. Ça peut passer par la musique, par les relations avec les amis ou par le sport. Nous avons d’ailleurs fait vivre à nos élèves leur premier cross-country cette année et les élèves ont adoré. »

Pour Emmanuel Poncelet, le skateboard offre aussi une autre perspective de la vie. « Tout n’est pas carré. La non-réussite d’une manœuvre n’est pas forcément synonyme d’échec, mais plutôt d’intégration à un processus d’apprentissage. Je leur enseigne à ne pas tomber, mais je leur apprends aussi à bien tomber. Les chutes font partie des phases exploratoires, les skaters de tous les niveaux tombent. Ça fait partie du sport. » Comme de la vie.

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