Vélo Québec, en partenariat avec l’arrondissement du Plateau Mont-Royal, va créer un parc d’éducation cycliste en plein cœur du parc Lafontaine, une sorte de ville miniature à l’échelle des tout-petits.
Rues pour les voitures, à sens unique ou à double sens; traverses piétonnes; voies cyclables bidirectionnelles, unidirectionnelles, à contre-sens de la circulation; intersections; panneaux de céder le passage, d’arrêt simple ou toutes directions; obligation de tourner à droite et même la nouvelle signalisation pour les rues partagées… voilà autant de cas de figure rassemblés dans un espace de 35 mètres par 55, sans oublier du verdissement pour agrémenter l’ensemble.
Cet espace, qui se veut convivial et sécuritaire, sera aménagé au courant du mois d'août pour servir de lieux d’apprentissage aux jeunes enfants, explique Magali Bebronne, chargée de programmes chez Vélo Québec. « Les tout-petits, qui commencent sur une draisienne, vont pouvoir venir s’amuser tandis que ceux qui savent déjà pédaler pourront se familiariser avec les règles de la circulation routière, mais sans être confrontés à la circulation automobile. Ce parc d’éducation, qui s’inspire des fameux Trafiklegepladsen, c’est l’étape avant de sortir sur la route. »
Un coup double
Ce projet de ville miniature pour l’apprentissage des règles de sécurité routière faisait partie de la plateforme électorale de l’équipe Projet Montréal du Plateau Mont-Royal. « Le problème, précise Magali Bebronne, c’est que les espaces excédentaires sont très rares sur le Plateau. Chaque fois que l’arrondissement nous en présentait un, je leur répondais : c’est trop petit. Puis, à cause de la pandémie, la Ville a fermé les stationnements de ses parcs pour éviter qu’ils deviennent surpeuplés. Or, dans le parc Lafontaine, se trouve un stationnement qui flanque le pavillon du Centre culturel Calixa-Lavallée et auquel on accède par une avenue du même nom qui en réalité est un cul-de-sac. Cette fois-ci on tenait le bon endroit ! »
Or, puisque le stationnement va devenir un parc d’éducation cycliste, les voitures n’ont plus aucune raison d’emprunter l’Avenue Calixa-Lavallée. Donc, avec ses quelques 130 mètres de longueur et 14 mètres de largeur, cette avenue va servir à la tenue d’ateliers thématiques sur la sécurité routière. « On va dessiner des empreintes de voitures stationnées, dont l’une avec la portière ouverte pour que les jeunes cyclistes mesurent les risques d’emportiérage. On trouvera aussi les empreintes d’une voiture et d’un camion dans le but de matérialiser les angles morts en dimensions réelles. Et le troisième atelier va servir à pratiquer les différentes techniques de virage à gauche à une intersection. Enfin, des modules en bois vont permettre aux jeunes de pratiquer des habiletés motrices dans un esprit plus ludique. »
Crédits : Danish Design Review, Trafiklegepladsen
Un premier pas
Le projet est bien sûr transitoire. Idéalement, Magali Bebronne aurait souhaité se retrouver dans la position de Drummondville qui va aménager un minivillage avec parcours de vélo éducatif, mais en coulant, par exemple, de véritables chaînes de trottoir. Dans le cas du parc Lafontaine, les interventions physiques vont d’abord consister à boucher les nombreux trous de ce stationnement en piteux états, un peu à l’image d’ailleurs des rues de Montréal… Le marquage au sol sera ensuite confié à La Pépinière qui possède une riche expérience dans l’aménagement des espaces collectifs.
Crédits : Cascade Bicycle Club, King County Parks
Magali Bebronne espère que les petites familles seront nombreuses, cette année, à venir profiter de cet espace. « Le moment est d’ailleurs propice, affirme Magali Bebronne. Cet été, moins de jeunes vont fréquenter les camps de jour et plus de familles, forcées de demeurer à la maison, seront à la recherche d’activités de proximité. Surtout que nous prévoyons mettre en place une programmation comprenant des créneaux horaires avec des animateurs afin de coordonner des activités pour différents groupes d’âge et différentes compétences. Nous voulons que notre parc devienne un lieu de destination. »
« L’année prochaine, enchaîne Magali Bebronne, nous souhaiterions établir des partenariats avec des centres de loisirs, des milieux de garde, des écoles, des camps de jours afin qu’ils utilisent nos installations pour leurs propres activités. Car je ne doute pas du succès que nous allons connaître cet été. D’ailleurs, nous sommes en train d’élaborer un plan d’évaluation avec le Centre d’écologie urbaine de Montréal dans le but de mettre en place des indicateurs pour mesurer la popularité de l’espace et donc en démontrer la pertinence. »
Magali Bebronne souhaite surtout que leur projet pilote inspire d’autres arrondissements ou municipalités. Ils pourront d’ailleurs se baser sur un guide d’aménagement des parcs d’éducation cycliste que Vélo Québec compte publier cet automne. « On dirait que les astres étaient bien alignés, se réjouit Magali Bebronne. Bien avant de nous lancer dans l’aventure de ce parc éducatif, nous avions déjà rassemblé toute la documentation nécessaire dans le but de préparer notre guide. Et là, nous allons pouvoir l’enrichir grâce à notre propre expérience sur le terrain. Franchement, la proposition de l’arrondissement ne pouvait pas mieux tomber… »
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