Aménagement urbain

Suzanne Roy, la mairesse qui a les saines habitudes de vie tatouées sur le cœur

Suzanne Roy, la mairesse qui a les saines habitudes de vie tatouées sur le cœur

La Ville de Sainte-Julie a récemment adopté une audacieuse politique de saines habitudes de vie. Le moteur de ce changement : la mairesse Suzanne Roy et son équipe, qui carburent aux saines habitudes de vie, sous l’impulsion de ses quelque 30 000 citoyens.

Inaugurer des rues conviviales dès cet automne, installer plus de fontaines d’eau adaptées dans les parcs, soutenir des initiatives de forêts nourricières : voilà quelques exemples des actions qui figurent dans la politique de saines habitudes de vie adoptée par la Ville de Sainte-Julie en avril dernier. 100° est allé à la rencontre de Suzanne Roy, mairesse depuis 2005, qui veut faire de Sainte-Julie une vitrine pour le Québec.

100°. Comment l’idée d’une politique de saines habitudes de vie a-t-elle germé ?

Suzanne Roy. Sainte-Julie est une municipalité déjà très orientée vers le bien-être de ses citoyens. Par exemple, nous nous sommes dotés d’une politique familiale dès 2000, d’un plan d’action Municipalité amie des aînés en 2013, et nous venons tout juste de renouveler notre accréditation au programme Municipalité amie des enfants (MAE). Toutes ces actions, y compris notre Plan vert et notre récente certification Vélosympathique, comportent des éléments liés directement ou indirectement aux saines habitudes de vie.

« Ce qui me tient à cœur dans cette politique de saines habitudes de vie, c’est qu’elle reflète une vision et un engagement collectifs. »

Justement, pourquoi une autre politique était-elle nécessaire ?

Je souhaitais franchir un autre pas. Cette politique permet de placer clairement les saines habitudes de vie au cœur des décisions, des projets et des activités de l’ensemble de notre ville, notamment en soutenant des projets qui ne relèvent pas directement des pouvoirs municipaux. Cette vision transversale me paraît essentielle au succès de cette politique.

« Maintenant que les services municipaux travaillent de façon intégrée, plus aucun ne veut être exclu de l’élaboration d’une politique, quelle qu’elle soit. »

Comment et par qui cette politique et ce plan d’action ont-ils été élaborés ?

La consultation en amont fait partie de l’ADN de Sainte-Julie. Le Comité des politiques citoyennes s’est mis au travail. Il compte 15 représentants de tous les horizons : Maison des jeunes, CLSC, CISSS de la Montérégie, CPE, école secondaire, Carrefour jeunesse emploi, centre de femmes, parents, etc. Deux conseillers municipaux et deux personnes du service des Loisirs font aussi partie de ce comité, qui a travaillé durant trois ans sur cette politique et dont le mandat se poursuit sous forme de suivi et de reddition de compte annuelle. Ce travail en profondeur a mené à l’adoption d’une politique novatrice, mais réaliste, qui engage non seulement la municipalité, mais aussi les citoyens, les institutions et les organismes locaux. C’est un véritable partenariat.

« Les écoles primaires organisent maintenant des courses/marches pour financer leurs projets plutôt que de vendre des barres de chocolat, c’est tout un revirement ! »

Donc, ce n’est pas seulement la ville qui réalise cette politique ?

Surtout pas ! Il ne faut pas déposséder les citoyens, les institutions et les organismes des initiatives qu’ils peuvent piloter eux-mêmes. En revanche, ils peuvent compter sur notre soutien financier et organisationnel pour les réaliser. Cette façon de faire contribue à changer la norme sociale en profondeur, parce que les acteurs non municipaux s’approprient leur projet de saines habitudes de vie. Faciliter la mise en œuvre, tout en laissant les gens se mobiliser, contribue à rendre les projets plus durables.

Il y a 20 ans, Sainte-Julie était une « ville dortoir ». Nous sommes rendus ailleurs, grâce à un travail de longue haleine. Ainsi, l’aménagement de la toute première piste cyclable a donné lieu à une vive contestation, tandis que le projet de rues conviviales inclus dans notre politique de saines habitudes de vie a suscité un engouement d’une ampleur inattendue.

Comment ce projet de rues conviviales va-t-il se déployer ?

Là encore, ce n’est pas seulement la ville qui agit. Nous avons dressé un plan des rues admissibles, mais c’est un citoyen qui doit faire la demande à la ville, puis obtenir l’accord et l’engagement écrit de 33 % de ses voisins. Pour que les jeunes puissent jouer dans la rue, les riverains doivent en effet accepter de ralentir et de s’arrêter au besoin, par exemple pour permettre aux enfants de déplacer leur but de hockey. Certains tronçons sont déjà acceptés par la ville. Dès cet automne, nous installerons de gros bacs à fleurs positionnés au centre de la rue et dans lesquels une signalisation spécifique sera bien visible. Favoriser le jeu libre, sécuriser les piétons et les cyclistes, embellir un quartier, c’est gagnant pour tout le monde. Certaines personnes nous ont même confié que la démarche avait favorisé les liens de voisinage.

« Plutôt que de dire  "Ah non, votre initiative est trop compliquée à soutenir" ou bien "On va le faire à votre place", nous disons à nos citoyens et organismes "Nous allons vous donner tout le soutien nécessaire dès le départ pour que votre projet fonctionne et qu’il dure". »

La politique vise également la saine alimentation…

Oui, et elle aborde cet enjeu sous plusieurs angles. Par exemple, dès 2019, nous encouragerons l’agriculture urbaine dans les îlots et les terre-pleins pris en charge par les citoyens, et nous soutiendrons également les initiatives de jardins menées par les CPE et les écoles primaires. De plus, nous avons mené une étude géographique qui a permis d’identifier des secteurs ou les citoyens n’ont pas accès à des commerces offrant des produits frais à distance de marche. Nous envisageons la possibilité d’associer les dépanneurs concernés avec des producteurs locaux pour améliorer ce point. Ces commerces pourraient aussi faire partie de notre projet d’augmenter le nombre de dépôts de paniers de légumes des fermiers de famille. Le soutien à la mise en place de cuisines collectives fait aussi perte des objectifs de cette politique.

Avez-vous prévu d’autres façons de soutenir les familles défavorisées ?

Plusieurs aspects de la politique sont dédiés à ce souci d’équité sociale. Nous voulons notamment améliorer l’accès aux loisirs de ces familles par des tarifs préférentiels et nous étudions la possibilité d’installer quelques vélos stationnaires et tapis roulants d’exercice en accès libre au centre sportif. L’installation de coffres aux sports et une offre bonifiée d’activité physique parents-enfants dans les parcs sont d’autres actions qui permettront, dès 2018, de mieux servir les familles défavorisées au chapitre des saines habitudes de vie. Et bien sûr, nous maintenons la gratuité de notre service local de transport, un point central en ce qui concerne l’équité sociale.

« Les saines habitudes de vie, ça ne doit pas appartenir qu’aux sportifs. Ça doit appartenir à tout le monde, ça doit être accessible à chacun selon ses capacités, peu importe son âge et ses revenus. »

Et du côté du secteur privé ?

Nous voulons mettre en œuvre un mouvement sur les saines habitudes vie en collaboration avec le secteur commercial et industriel. Nous réfléchissons à mettre en place, d’ici 2021, des moyens concrets de soutenir les efforts des entreprises qui veulent encourager leur personnel à se déplacer de façon active. Comme notre réseau de pistes cyclables est déjà très développé, nous aurons dès 2018 un programme de subvention pour les commerçants qui souhaitent installer des supports à vélo devant leur magasin. Et nous avons déjà contacté d’autres entreprises privées pour leur proposer de faire un achat groupé afin de profiter d’un prix avantageux. Nous voulons collaborer avec les employeurs qui veulent améliorer la santé physique de leurs employés.

Texte complet de la Politique de saines habitudes de vie de la Ville de Sainte-Julie

Des enjeux actuels

La Politique de saines habitudes de vie de Sainte-Julie est en phase avec des tendances très fortes comme l’agriculture urbaine et la mobilité durable. Elle aborde également d’autres enjeux très actuels, comme :

  • Créer des aménagements et organiser des activités favorisant le développement moteur des enfants de 0 à 5 ans.
  • Faire une campagne de sensibilisation ludique et humoristique « Lâcher votre écran » dans les parcs et espaces verts pour inciter les jeunes (et moins jeunes) à limiter leur temps devant un écran.
  • Valoriser la consommation d’eau tout en cherchant à diminuer la consommation d’eau embouteillée.

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