13 mars 2020, début des mesures de confinement au Québec. Sur le coup, peu de gens en mesuraient les conséquences. Mais cinq jours plus tard, les réseaux d’aide alimentaire lançaient un appel à l’action. Ils devaient vite se remobiliser et se réorganiser, en raison des mesures de distanciation sociale, pour, coûte que coûte, poursuivre leur mission.
Dès le 18 mars, le Club des petits déjeuner interpellait ses collaborateurs dans le but de rejoindre les 32 000 enfants qui, avant la fermeture des écoles, fréquentaient l’un des 400 clubs des petits déjeuners locaux du Québec. Le même jour, Banques alimentaires Canada lançait un appel aux dons, anticipant une pénurie de denrées et s’inquiétant particulièrement de la perte de bénévoles, souvent des retraités désormais assignés à résidence.
Alors que beaucoup de gens, pour se préparer au siège, prenaient d’assaut les marchés d’alimentation pour faire amples provisions, d’autres s’affairaient à rivaliser d’imagination pour mettre en branle de nouvelles chaînes de redistribution alimentaire au profit des personnes dans le besoin. En voici trois remarquables exemples.
De l’école à la maison
Le 5 avril, le gouvernement du Québec et le Club des petits déjeuners annonçaient que les fonds normalement destinés à la distribution de petits déjeuners dans les écoles seraient quand même alloués, mais cette fois de manière à venir en aide aux plus démunis. En collaboration avec le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, le Club des petits déjeuners et son réseau de partenaires seront mis à contribution afin d’organiser la distribution de denrées auprès des 31 organismes régionaux Moisson du Québec.
Autres maillons de la chaîne, les centres de services, ainsi que les établissements scolaires, auront pour tâche, grâce à la bonne connaissance de leurs milieux, d’informer toutes les familles avec des enfants d’âge scolaire de la disponibilité de ce service d’aide alimentaire. Cette initiative va ainsi permettre à 60 000 enfants et leur famille de recevoir un soutien alimentaire quotidien.
Coalition arc-en-ciel
Ce même 5 avril, la Tablée des Chefs et ses partenaires lançaient une mobilisation de grande envergure, les Cuisines Solidaires, afin de soutenir les Banques alimentaires du Québec (BAQ). Prenant acte que, depuis l’arrivée de la crise sanitaire, les activités des organismes communautaires ont durement été touchées, Jean-François Archambault, directeur général et fondateur de La Tablée des Chefs, s’est donné pour mission d’organiser une grande corvée. Objectif : cuisiner 800 000 repas au profit des banques alimentaires de la province.
Déjà, de nombreux chefs réputés ont répondu à l’appel de Jean-François Archambault. Certains d’entre eux vont même rallumer leurs fourneaux et mobiliser à nouveau leurs brigades. En outre, des établissements prestigieux dans le domaine de l’hôtellerie vont prêter leurs cuisines.
Enfin, pour compléter cette coalition arc-en-ciel, de nombreux acteurs du domaine de l’alimentation s’engagent à fournir 500 tonnes de nourriture, tandis que des institutions et des fondations vont apporter leur soutien financier pour que la solidarité soit au menu. Le public est d’ailleurs invité à contribuer à cet effort collectif en se rendant sur le site de la Tablée des Chefs.
Le couvert aux sans-logis
La veille, 4 avril, l’organisme La Cantine pour tous ajoutait à ses responsabilités, celle d’organiser la production quotidienne de 1500 repas pour les itinérants hébergés dans les sites d’urgence mis en place par la Ville de Montréal. Ces repas seront servis dans quatre centres de jour : organismes Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve, Resto Plateau, Traiteur BIS et la Corbeille Bordeaux-Cartierville.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du plan d’urgence pour soutenir les personnes en situation d’itinérance de la Ville de Montréal. Pour le moment, on prévoit distribuer environ 45 000 repas grâce à du financement provenant du fond d’urgence COVID-19 de Centraide du Grand Montréal. Ce qui nous projette jusqu’en début mai. On se prend tous à souhaiter que cette aide d’urgence ne soit alors plus nécessaire après le 4 mai, même si les besoins des itinérants, eux, vont demeurer.