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Plus de 130 maires et représentants de collectivités locales ont signé le Pacte de politique alimentaire urbaine de Milan (Pacte de Milan), qui a été lancé en octobre 2015 à l’occasion de l’Exposition Universelle. Ces villes se sont engagées à transformer leurs systèmes alimentaires urbains et périurbains pour les rendre plus favorables à la santé des populations, au développement durable et à la justice sociale.
Le Pacte de Milan contient 7 engagements et propose 6 actions stratégiques pour les mener à bien. Ces actions constituent un canevas de départ que chaque collectivité peut adapter à sa situation et ses besoins spécifiques. Survol des recommandations.
Faciliter la collaboration entre les différents services et organismes municipaux
Une approche systémique permet de bien coordonner les politiques et les programmes qui touchent le système alimentaire. La ville peut, par exemple, mandater du personnel municipal pour suivre les enjeux alimentaires ou encore créer — ou siéger à — un conseil de politiques alimentaires. Un tel organisme réunit tous les acteurs du système alimentaire (producteurs, transformateurs, distributeurs, citoyens, etc.) dans le but de l’améliorer de façon concertée.
La collaboration avec des équipes de chercheurs peut aussi nourrir la réflexion des élus, en permettant d’identifier et d’évaluer les expériences locales.
Promouvoir une alimentation saine et une production durable
Toute stratégie alimentaire devrait inclure des programmes de promotion des saines habitudes alimentaires, en particulier dans les écoles, les centres de soins, les marchés et les médias. Une municipalité peut amorcer cette sensibilisation en adoptant une politique alimentaire qui assure l’accès à des aliments sains dans ses propres établissements, ainsi qu’au cours des événements et festivités qu’elle organise.
Une municipalité peut intégrer différentes mesures « alimentaires » dans un plan de développement durable ou de réduction des gaz à effets de serre : surveillance, réduction et prévention des pertes et du gaspillage alimentaire, implantation d’un programme de compostage des déchets organiques pour réduire l’enfouissement, mise en place d’une politique d’approvisionnement municipal et institutionnel priorisant les aliments produits de façon écologique, etc.
Assurer l’équité sociale et économique
Transformer le système alimentaire pour le rendre plus équitable demande de cibler les citoyens vulnérables en favorisant les initiatives comme les jardins communautaires, les cuisines collectives, les banques alimentaires, etc. Le respect de la dignité humaine est un élément crucial de ces mesures si l’on veut éviter d’accentuer la marginalisation vécue par ces populations.
Le soutien aux activités d’économie sociale et solidaire qui facilitent l’accès à une saine alimentation est une autre façon de contribuer à la santé économique des communautés défavorisées.
Les villes peuvent également améliorer l’accès à des aliments frais et abordables dans les quartiers défavorisés ou mal desservis en soutenant, par exemple, des initiatives de marchés solidaires, de marchés mobiles ou de dépanneurs santé.
Appuyer la production et la transformation alimentaire
L’amélioration du système alimentaire repose sur la promotion et le soutien d’une production et d’une transformation régionale. La création d’une banque ou d’une fiducie foncière communautaire permet, par exemple, de protéger les terres des petits producteurs agricoles ou de faciliter leur accès à des terres.
Sur son territoire, la ville peut favoriser la présence de points de chute des circuits courts, qui mettent en lien direct des producteurs et des consommateurs. La municipalité a également la possibilité de favoriser une production locale sur ses terrains vacants.
Une ville peut également choisir de favoriser la mise en place de technologies et infrastructures qui améliorent le stockage, la transformation, le transport et la distribution des aliments locaux et régionaux. De telles initiatives visent notamment à privilégier des entreprises alimentaires de petite et moyenne taille susceptibles de fournir des emplois stables.
Voici le texte du Pacte de Milan et la page web qui donne accès aux initiatives de différentes villes dans le monde. Plusieurs villes et collectivités québécoises commencent à travailler sur leur système alimentaire, notamment Montréal, qui est une des 138 villes signataires du Pacte de Milan et qui vient d’amorcer la création d’un conseil de politiques alimentaires.