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L’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire vient de dévoiler un tout nouveau rapport dans lequel on apprend que 66 % des aliments transformés et fréquemment consommés par les Québécois·es affichent des teneurs élevées en gras saturés, en sucres ou en sodium. Un portrait qui peut sembler alarmant, mais qui laisse justement place à l’amélioration. Car, c’est possible et peut-être même inévitable…
Ce rapport s’est penché sur les achats de 5 132 produits alimentaires répartis en 15 catégories : céréales à déjeuner, pains tranchés, pizzas, soupes prêtes à servir, viandes transformées tranchées, yogourts et desserts laitiers, repas surgelés, barres granola, sauces pour pâtes, biscuits et galettes, saucisses, grignotines, craquelins, produits de fromage ainsi que boissons laitières et végétales. Il permet de constater qu’une grande proportion des produits, dans plusieurs catégories, excède les seuils de 15 % de la valeur quotidienne pour les gras saturés, les sucres et/ou le sodium.
Trop de sucres, de sel et de gras
Parmi les 15 catégories d’aliments analysées, cinq d’entre elles se démarquent par leur grand apport en sucres, en sodium et en gras saturés dans les achats des Québécois·es. Ce sont les céréales à déjeuner, les pains tranchés, les biscuits et galettes, les grignotines et les produits de fromage. Cela dit, il est important de noter que plusieurs catégories d’aliments très riches en sucres, comme les boissons gazeuses, les jus de fruits et les confiseries, n’ont pas été prises en compte dans l’étude, notamment en raison de leur faible potentiel d’amélioration. Car cette notion d’amélioration est cruciale dans le contexte actuel.
C’est d’ailleurs l’un des objectifs de ce rapport : « caractériser la qualité de l’offre alimentaire de 15 catégories d’aliments transformés, disponibles et grandement consommées au Québec, afin de suivre objectivement leur évolution dans le temps ». Et en effet, de nombreux facteurs sont susceptibles d’inciter les producteurs à reformuler leurs produits pour en améliorer les qualités nutritionnelles.
Pressions sur l’industrie agroalimentaire
Voici certains jalons réglementaires qui ont permis de mieux suivre et encadrer les pratiques de l’industrie. En 2016, la mise à jour de l’étiquetage nutritionnel, par Santé Canada, a offert à la population la possibilité de mieux s’y retrouver dans ces interminables listes d’ingrédients affichées sur les emballages. Puis, en 2017, le gouvernement québécois a lancé sa Politique gouvernementale de prévention en santé. C’est d’ailleurs dans le cadre de cette politique que l’Observatoire recevait le mandat mesurer les progrès en matière de diminution de la teneur en gras, en sel et en sucres des aliments.
Autre pièce de résistance : la refonte, en 2019, du guide alimentaire canadien. Une nouvelle mouture, en partie inspirée par le révolutionnaire guide alimentaire brésilien, et qui met l’emphase sur les aliments frais, principalement les fruits et les légumes, ainsi que sur les protéines végétales et l’eau, la reine de toutes les boissons !
Mais la mesure qui risque d’avoir le plus d’impact sur la composition des produits alimentaires et les habitudes de consommation, c’est l’affichage obligatoire, sur le devant des emballages, du symbole nutritionnel de Santé Canada révélant une teneur élevée en gras saturés, sucres et/ou sodium. Cette réglementation, adoptée en 2022, au grand dam de l’industrie et qui en a d’ailleurs retardé la mise en application, entrera finalement en vigueur en janvier 2026.
Et cela risque de changer la donne. Les auteurs du rapport mentionnent notamment le cas du Chili où, à la suite de l’imposition d’un symbole d’avertissement sur les produits avec des teneurs élevées en sucres et en énergie, on a pu constater une reformulation de nombreux produits. En effet, pour échapper à l’opprobre de cet étiquetage, beaucoup d’industriels ont opté pour une reformulation de leurs produits juste en deçà des seuils minimaux.
Améliorations et reformulations des produits alimentaires
À la lumière des résultats de cette étude, ses auteurs recommandent donc de cibler, en priorité, certaines catégories d’aliments dont les reformulations seront susceptibles de « générer le plus grand impact en améliorant les apports alimentaires de la population québécoise ».
La première des priorités : cibler les biscuits et galettes (gras saturés et sucres), les produits de fromage (gras saturés et sodium), les céréales à déjeuner (sucres) ainsi que les pains tranchés et les grignotines (sodium). Puisque ces catégories d’aliments sont largement consommées, leur reformulation permettrait de diminuer significativement le nombre de produits dépassant le seuil de 15 % de la valeur quotidienne recommandée.
Ensuite, on suggère, comme seconde priorité, d’améliorer les saucisses (gras saturés), les yogourts et desserts laitiers (sucres), les boissons laitières et végétales (sucres), les céréales à déjeuner (sodium) et les viandes transformées tranchées (sodium). Il est intéressant de noter, ici, que les céréales à déjeuner se retrouvent à nouveau dans cette deuxième liste. Ce qui est d’autant plus préoccupant que ces dernières sont largement consommées par les enfants.
Enfin, en troisième priorité, se retrouvent les pizzas (gras saturés), les barres granola (sucres) et les saucisses (sodium). Une liste dans laquelle on peut se surprendre de retrouver les barres granola, normalement associées à la santé, mais les faits sont là.
Trop et pas assez
On qualifie souvent les aliments transformés et ultra-transformés de riches en gras, sucres et sel, mais pauvres en nutriments comme les fibres. Or, en raison de l’importance des fibres dans l’alimentation, l’Observatoire propose trois listes de priorités qui, cette fois, suggèrent d’augmenter les pourcentages pour améliorer la qualité des produits alimentaires.
En priorité, on recommande donc une augmentation de 10 % des teneurs en fibres dans les céréales à déjeuner et de 5 % dans les pains tranchés. En second lieu, on suggère d’accroître de 5 % les teneurs en fibres dans les barres granola. Et, enfin, pour les biscuits et galettes, on devrait viser une hausse de 15 %.
Cela dit, même si personne n’est contre la vertu, il demeure peu probable que cette « amélioration » en matière de teneur en fibres se concrétise, car elle n’est pas concernée par le fameux symbole nutritionnel de Santé Canada dont l’ombre plane sur l’industrie. Autrement dit, ce genre reformulation ne risque pas de rapporter à l’industrie autant de dividendes que les diminutions des quantités de sel, de sucres et de gras qui, elles, permettront à certains produits alimentaires d’échapper à la sanction de Santé Canada.
Grâce aux travaux de l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire, nous possédons désormais un portrait des 15 principales catégories d’aliments transformés consommés par les Québécois·es. Dans les années à venir, d’autres études vont donc permettre, en prenant pour comparaison les résultats actuels, de vérifier si la composition nutritionnelle de l’offre et des achats alimentaires s’est améliorée. Ce qui serait souhaitable, car on peut vraiment améliorer la situation !
Pour en savoir plus, téléchargez le Portrait initial de 15 catégories d’aliments transformés disponibles dans les marchés d’alimentation au Québec 2016-2022.
Et pour un aperçu, téléchargez la fiche synthèse du rapport.
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