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Cycliste averti, ayant déjà attaqué plusieurs des cols légendaires du Tour de France, Bruno Marchand était invité à prononcer la conférence d’ouverture du forum de Vélo Québec : Transformer nos milieux de vie par le vélo. Un événement qui a rassemblé la communauté professionnelle du vélo les 25 et 26 octobre dernier à Drummondville.
Bruno Marchand s’est dit fier de se retrouver devant un parterre composé de tant de personnes ayant milité pour une pratique du vélo plus sécuritaire, plus inclusive et plus généralisée. Et si plusieurs d’entre elles peuvent se féliciter des avancées réalisées au fil des ans, il est conscient que, pour d’autres, ça ne va pas assez vite.
De fait, il peut être frustrant de se comparer à des villes ou des États qui ont depuis longtemps mis en application ce que nous aurions déjà dû faire il y a 20, 30, ou 40 ans, reconnaît Bruno Marchand. Cela dit, il considère que la suite des choses nous appartient, que les temps n’ont jamais été aussi favorables et qu’il est temps d’aller de l’avant. Et vite. Parce que, parmi toutes les raisons qui militent en faveur de la pratique du vélo, la plus importante, c’est le changement climatique.
Mobilité durable
Bruno Marchand plaide donc pour une mobilité active, dont bien sûr fait partie le vélo. Il souhaite un changement de paradigme et demande que nous soyons ambitieux, car la destination ne se négocie pas, même si la manière de s’y rendre et le temps pour y arriver doivent faire partie d’un dialogue. Voilà pourquoi il souhaite convoquer la population à une grande conversation, comme c’est le cas dans la Ville de Québec.
De 2011 à 2017, les déplacements à vélo ont augmenté de 36 % à Québec. Le changement s’opère donc, même dans une ville réputée pour son attachement à la voiture. Et ce n’est qu’un début, car les 22 000 déplacements quotidiens actuels ont le potentiel de se chiffrer à plus de 200 000 par jour. Et comment atteindre ce plein potentiel ? Avec une offre de services et d’aménagements en conséquence.
Un exemple. Depuis la mise en place de son service de vélopartage électrique « àVélo », le nombre de déplacements est passé de 30 000 à 185 200 cette année. Ce qui n’est sans doute pas étranger au fait que le nombre des stations d’ancrage est passé de 10 à 40, et celui des vélos de 100 à 400. Et d’ici 2024, le réseau devrait compter un total de 1 000 vélos pour 100 stations.
Le vélo bon pour l’environnement, la santé et l’économie
Bruno Marchand rappelle que selon un récent sondage, 48 % des Québécois seraient prêts à utiliser le vélo pour se rendre à leur travail. Il y a donc un énorme potentiel à exploiter. Et plus on multiplie les déplacements à vélo, moins on génère de gaz à effet de serre. Voilà pour le premier argument en faveur de l’utilisation du vélo.
Le second argument, c’est que les villes, les villages et les communautés qui favorisent le transport actif éloignent les gens de l’hôpital. Les études sont d’ailleurs claires à ce sujet : les gens qui marchent tous les jours, ou qui font du vélo, ont une espérance de vie plus élevée que les personnes sédentaires.
Le troisième argument est de nature économique. Les études le démontrent : le vélo fait rouler l’économie. Bien sûr, il y aura toujours des commerçants qui vont exprimer des craintes, et c’est normal, lorsque des aménagements cyclables éliminent des cases de stationnement devant leur établissement. Mais il suffit d’aller à leur rencontre pour leur démontrer que, en réalité, les cyclistes sont aussi d’excellents consommateurs. Et des consommateurs en général plus fidèles.
Intermodalité des transports
On le voit, les choses changent. Mais Bruno Marchand considère qu’il faut redoubler d’efforts. Et ne pas craindre de parfois se tromper. Selon lui, on ne doit pas commettre l’erreur d’attendre afin de viser la perfection. Il faut, dit-il, préférer l’imperfection au néant. Mieux vaut une piste cyclable imparfaite que pas de piste cyclable du tout. Et malgré les discours démobilisateurs d’une certaine frange de la population, de moins de certaines radios locales, il en appelle à fédérer les forces vives de toutes les personnes qui militent pour le transport actif.
Et puisque l’on parle de transport actif, il est bon de rappeler qu’on ne peut pas développer le réseau cyclable indépendamment des autres modes de transport. Il faut aussi investir dans les aménagements qui favorisent la marche, améliorer le réseau de transport collectif, favoriser l’autopartage… Car, le concept à la base du transport actif, c’est l’intermodalité. C’est de faire en sorte que l’on puisse harmoniser entre eux les différents modes de transport pour que les gens puissent se déplacer du point A au point B de manière sécuritaire, confortable, et efficace.
D’ici quatre ans, le montant de 8 $ actuellement investi par personne dans les infrastructures cyclables va passer à 36 $. Mais, au-delà de ces investissements et de ces infrastructures, il sera essentiel d’obtenir le soutien des citoyens. On a beau être convaincu, rappelle Bruno Marchand, il faut parler au monde. Parce qu’on ne pourra pas avancer dans la bonne direction sans écouter, sans faire de pédagogie. Peut-être que la trajectoire va changer en cours de route, mais la destination, elle, ne change pas !
