Distanciation sociale, confinement à la maison : autant de mesures contraignantes que justifie la crise sanitaire. Conséquence : de nombreux Québécois se retrouvent plus sédentaires que jamais et exposés à bien des tentations. Quel impact cette pandémie aura-t-elle sur leurs habitudes de vie ? Voici un premier portrait de la situation.
Hier, 7 avril, c’était la Journée mondiale de la santé, une occasion pour les organisations de partout sur le globe de se mobiliser pour mieux prévenir les problèmes de santé et en faire la promotion auprès de la population et de diverses instances. Cette année offre également l’opportunité de saluer les efforts de tous ceux et celles qui contribuent à la lutte contre la pandémie, au traitement des malades et au soutien des personnes les plus vulnérables dans nos collectivités.
Avec raison, la crise actuelle de la COVID-19 n’a jamais autant mobilisé d’acteurs ni suscité autant d’attention sur un enjeu de santé. Ce que nous traversons collectivement remet en question l’ensemble de nos priorités et nos façons de faire. Cette pandémie bouscule le quotidien de chacun et pourrait bien affecter notre santé à long terme.
Pour établir un état de la situation en matière de santé générale de la population, et outiller l’ensemble des partenaires pendant cette période de confinement, l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ)1 a réalisé un sondage2. Il permet de suivre l’évolution de certains comportements liés à la santé depuis l’annonce des premières mesures de confinement. L’ASPQ a sondé les Québécois sur leur consommation d’aliments, d’alcool et de cannabis, ainsi que sur leurs habitudes en matière d’activité physique et de sommeil, en plus de les interroger sur leur préoccupation à l’égard du poids.
Si certains Québécois ont maintenu et parfois amélioré leurs comportements en matière de santé, malheureusement plusieurs d’entre eux ont pris des habitudes qui pourraient nuire à leur santé à court, moyen ou long terme.
Une importante baisse du niveau d’activité physique
Près de la moitié des Québécois (44 %) a diminué sa pratique d’activité physique. Les jeunes adultes de 18 à 34 ans sont les plus nombreux à trouver qu’ils pratiquent moins d’activité physique qu’avant et les Montréalais sont plus nombreux que la population des autres régions à rapporter une telle diminution.
Avec les mesures de confinement, il semble plus difficile pour la population de maintenir un bon niveau d’activité physique. Sans accès aux modules de jeux, installations sportives et activités de loisirs, les options pour bouger sont évidemment plus restreintes, de même que les déplacements actifs normalement faits entre le travail, l’école et la maison. Certaines familles, qui doivent jongler avec la réalité des enfants à la maison, sont aussi forcées de composer avec les défis de la conciliation travail-famille, limitant d’autant les occasions d’être actif.
L’activité physique joue un rôle majeur sur la santé physique, le bien-être psychologique et la santé mentale. Il semble donc nécessaire de redoubler d’efforts pour outiller et faire bouger davantage les Québécois pendant ces mesures exceptionnelles. Heureusement, de plus en plus d’organismes et d’écoles de danse, de yoga, d’arts martiaux et autres ont adapté leur offre de services afin de diffuser des trucs pratiques et des cours en ligne, souvent gratuits, pour les petits et les grands.
De moins bonnes habitudes alimentaires
Avoir une saine alimentation aide à se sentir bien et à soutenir son système immunitaire. Or, depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, le 13 mars dernier, 25 % des adultes Québécois rapportent une alimentation globalement de moins bonne qualité qu’avant. Les jeunes adultes, 18 à 34 ans, sont plus nombreux à trouver que la qualité de leur alimentation a diminué. Le tiers des Québécois indique aussi manger davantage de malbouffe qu’avant la crise.
Le confinement bouleverse nos habitudes et nos routines alimentaires, en plus d’exiger davantage de planification pour limiter les sorties destinées aux dépenses d’épicerie. Étant toujours à la maison, il peut aussi être plus difficile de résister aux nombreuses envies de grignoter. À cet égard, puisqu’il est facile de succomber à la facilité quand la faim se fait sentir, nous avons tout à gagner à modifier l’environnement alimentaire de la maison pour garder les aliments sains davantage en vue ou à portée de main : par exemple, préparer des crudités ou une salade à l’avance dans le frigo. D’ailleurs, certains semblent profiter de cette période de bouleversement pour développer de nouvelles compétences alimentaires et culinaires. Selon le sondage, 17 % de la population aurait réduit sa consommation de boissons sucrées, bonbons, croustilles et fritures et 21 % aurait amélioré son alimentation. Bravo !
Un sommeil perturbé
Quatre Québécois sur dix affirment avoir constaté une diminution de la qualité de leur sommeil. Ce sont les femmes et les adultes de 35 à 54 ans qui en sont les plus affectés. Il est possible que la qualité du sommeil soit un indicateur du niveau de stress de certains Québécois, et cela peut avoir des impacts sur la santé.
Plusieurs études établissent une association entre la carence de sommeil, les habitudes alimentaires et l’obésité. Par exemple, le manque de sommeil est associé à une consommation plus élevée de gras, ce qui peut également expliquer en partie le changement rapporté dans les habitudes alimentaires observées chez certains Québécois.
Sachant l’importance du sommeil sur la qualité de vie et sur plusieurs aspects de la santé comme le maintien d’un bon moral, la pratique d’activité physique et l’alimentation, ces données ne sont pas à négliger.
Plus d’alcool et de cannabis
Pour certains Québécois, la consommation de cannabis et d’alcool a également augmenté durant la période de confinement. Parmi les consommateurs de cannabis, un Québécois sur trois en consomme plus depuis la crise, alors que 22 % des Québécois disent boire davantage d’alcool. Plusieurs raisons peuvent expliquer de tels changements, comme la gestion du stress ou encore le besoin accru de se divertir. Cette situation pourrait être seulement temporaire et revenir à la normale après la crise. Par contre, une consommation excessive en une seule occasion peut entraîner des risques immédiats, comme l’augmentation des blessures et, pour un petit nombre de Québécois, cela pourrait devenir une habitude. Ainsi, mieux vaut explorer une variété de stratégies de mieux-être pour varier les moments de détente et de plaisir.
Plus de préoccupation à l’égard du poids
Le sondage révèle que 34 % des Québécois sont davantage préoccupés par leur poids et que ce sont les jeunes adultes qui s’en préoccupent davantage. Près d’un Québécois sur dix rapporte même que cette préoccupation a beaucoup augmenté. Si c’est votre cas, l’ASPQ vous invite à visiter le site apparencestrompeuses.ca.
Garder une bonne santé malgré la pandémie, c’est essentiel !
Garder une bonne santé est à la fois bon pour le moral et pour le système immunitaire. En cette période difficile, où les Québécois doivent s’adapter à une vie très différente, il est important de soutenir la population avec des idées simples, faciles et qu’il est réaliste d’intégrer dans le quotidien. Cela, en étant sensibles à la charge mentale et au niveau de stress des citoyens.
Anticipant les impacts possibles du confinement et de la pandémie sur la santé globale des Québécois, à court et à long terme, l’ASPQ et la Coalition Poids ont regroupé différentes ressources sur leurs sites Web respectifs pour aider les Québécois à :
- maintenir de saines habitudes de vie;
- conserver le moral en se divertissant à la maison;
- réduire le stress;
- lutter contre la solitude;
- trouver du soutien ou de l’aide professionnelle en cas de besoin.
Tout au long du confinement, ces sites seront régulièrement mis à jour pour y ajouter davantage d’outils, proposer des gestes simples afin de modifier son milieu de vie et ainsi faciliter le maintien de saines habitudes de vie, en plus d’offrir des services gratuits. Des infographies sur les données de ce sondage ont également été créées. Elles peuvent être consultées sur les sites de l’ASPQ et de la Coalition Poids.
Plus que jamais, il est essentiel de prendre soin de nous ! Ensemble et en réunissant nos forces, oui, ça va bien aller !
1 L’ASPQ, regroupe citoyens et partenaires pour faire de la santé durable par la prévention, une priorité. Depuis 2008, elle chapeaute la Coalition québécoise sur la problématique du poids.
2 Sondage web réalisé par Léger, pour le compte de l’Association pour la santé publique du Québec, auprès d’un échantillon représentatif de 1001 répondants du Québec, âgés de plus de 18 ans (du 27 au 29 mars 2020).