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Tous les matins, depuis maintenant 14 ans, des dizaines d’enfants de l’école Saint-Germain-d’Outremont marchent vers l’établissement grâce à leur Trottibus. Ils papotent, ils rient et ils intègrent l’habitude de marcher au quotidien, beau temps, mauvais temps. Supervisés par des bénévoles dévoués, ils se rendent à l’école dans le plaisir et en toute sécurité. La Société canadienne du cancer, qui a déployé le projet Trottibus en 2010, se réjouit de la longévité de cet autobus pédestre montréalais.
« Le Trottibus de l’école Saint-Germain-d’Outremont est en fonction depuis les tout débuts, dès notre projet-pilote. C’est inspirant de voir qu’il demeure pertinent et vivant après toutes ces années. On souhaite que cet exemple puisse inspirer d’autres écoles à joindre le mouvement », indique Marie-Ève St-Onge, gestionnaire du projet Trottibus de la Société canadienne du cancer. Une centaine d’écoles proposaient des Trottibus, avant que la pandémie ne vienne jouer les trouble-fêtes, faisant chuter le nombre d’écoles actives à 12. Depuis, la remontée est douce, mais encourageante. Aujourd’hui, près de 40 écoles ont un Trottibus en marche ou en développement dans 10 régions du Québec.
À l’école Saint-Germain-d’Outremont, le projet est bien ancré. « Nous avons actuellement 44 élèves (et 13 bénévoles) qui marchent sur l’un de nos trois trajets, ça représente plus de 10 % de nos 332 élèves. Ils arrivent à l’heure et plus disposés à apprendre en classe », mentionne la directrice Catherine Leduc. L’autobus pédestre permet aussi de répondre à un enjeu de sécurité. « L’école est située dans un quartier très dense où la circulation automobile est difficile. À proximité, on a le REM, le métro, l’université, la piste cyclable. Sans accompagnement, plusieurs élèves ne marcheraient pas. Les parents sont rassurés par la présence des bénévoles », poursuit Mme Leduc. Le Trottibus contribue à réduire le nombre d’automobiles et, du même coup, à améliorer la sécurité aux abords de l’école. « C’est un effet boule de neige. »
De précieux bénévoles
Danièle MacKinnon est bénévole depuis une dizaine d’années. Elle s’est d’abord impliquée pour marcher avec ses deux filles. « C’était important pour moi de leur inculquer l’habitude de marcher tous les jours pour se rendre à l’école. Maintenant, leur premier réflexe est de marcher. Notre famille ne prône pas l’usage de la voiture. » Son conjoint compte aussi parmi les bénévoles. Selon elle, le Trottibus permet de contribuer à l’esprit de communauté et de bon voisinage.
Plusieurs anciens marcheurs, devenus grands, la reconnaissent aujourd’hui. « J’ai eu l’occasion de marcher avec un bénévole retraité du voisinage. Il préparait des devinettes aux enfants, ça le gardait jeune », raconte Mme MacKinnon. L’aspect communautaire et intergénérationnel du Trottibus est d’ailleurs cher à la Société canadienne du cancer. « Les grands-parents et les personnes retraitées du quartier sont les bienvenus. Souvent, ils sont contents d’offrir leur temps et de donner un coup de pouce aux familles qui sont débordées », affirme Marie-Ève St-Onge de la SCC.
Anne-Marie Blais est aussi bénévole de longue date. Son garçon fréquente aujourd’hui l’école secondaire, mais elle a décidé de continuer à marcher. Une fois par semaine, elle accompagne une dizaine de petits marcheurs. « Je suis travailleuse autonome, ça me fait du bien prendre l’air, ça me donne de l’énergie. Au fil des ans, j’ai noué de belles amitiés. Ça me permet aussi de garder contact avec les enfants, ils sont drôles, créatifs, j’aime jaser avec eux et je sens que je fais quelque chose d’utile. »
Un petit-déjeuner annuel est organisé pour les enfants participants et les bénévoles. « C’est un événement spécial qu’ils attendent avec hâte », note Danièle MacKinnon. Au cours de l’année, des bénévoles soulignent les événements spéciaux; en décembre, ils portent des bonnets de Noël et à la fin d’année scolaire, ils marchent avec des ballons. « Ces petites attentions leur apportent de la joie à aller à l’école. En route, les grands apprennent à connaître les petits et vice-versa », souligne la bénévole. Certains élèves sont assistants-bénévoles, jouant ainsi un rôle qui leur permet de développer leur sens des responsabilités.
Selon Sandrine Abaziou, coordonnatrice des bénévoles, des parents remarquent une différence sur la persévérance et la ténacité de leurs enfants lors d’activités en famille. « Quand les enfants marchent tous les jours, ils ont plus envie de bouger durant le week-end. Ça se poursuit chez les plus vieux, une fois à l’école secondaire. »
Une murale pour le 10e anniversaire !
Pour souligner le succès et la longévité du Trottibus de l’école Saint-Germain-d’Outremont (qui a célébré ses 10 ans en 2020), la Société canadienne du cancer a offert une murale intérieure participative à l’établissement. Réalisée par l’organisme MU, avec un comité de 15 jeunes de l’école âgés de 10 à 12 ans, elle a pour thème : les saines habitudes de vie. À la demande des élèves, la diversité, le vivre ensemble et l’amitié ont aussi été mis de l’avant comme éléments essentiels à une hygiène de vie favorable.
L’éducatrice artistique Fanny Labonté et son assistant Loik Asselin-Côté ont créé la murale et tracé le dessin que les élèves ont été invités à peindre. Cette œuvre permettra de faire réfléchir les élèves d’aujourd’hui et de demain !
On peut joindre l’équipe du Trottibus à trottibus@cancer.ca.
De nombreux bienfaits
Les bienfaits du Trottibus sur la santé, sur l’école, sur la communauté et sur l’environnement sont nombreux, confirme Marie-Ève St-Onge de la SCC. « Au départ, notre objectif avec le Trottibus était de faire bouger davantage les enfants et d’intégrer les saines habitudes de vie dès l’enfance, via la marche comme moyen de transport actif. Le Trottibus permet aux enfants d’apprendre à devenir de bons piétons parce qu’ils ont des modèles. » Les jeunes participants au Trottibus tissent des liens qui peuvent contribuer au sentiment d’appartenance. « Ça peut même être une clé contre l’intimidation parce que les plus vieux peuvent épauler les plus jeunes lors de situations problématiques. » L’enjeu de sécurité près des écoles est aussi très souvent soulevé. L’utilisation réduite de la voiture contribue du même coup à la diminution des GES. « Le Trottibus fait assurément partie de la solution. »
Crédits photos : François Grenier / 100º
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