Santé et société

Le bien-être, la santé mentale et la réussite des jeunes : l’affaire de tous!

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Durant leur cheminement scolaire, les jeunes font face à plusieurs situations de vie. Ils peuvent, à l’occasion, avoir de la difficulté à gérer leur stress ou à prendre des décisions éclairées quant à leurs habitudes de vie. Comment les accompagner et favoriser leur épanouissement ? En développant chez eux des compétences personnelles et sociales par le biais d’activités éducatives qui leur sont offertes et par des actions dans leurs divers milieux de vie, soutiennent les experts. La clé : agir de manière intégrée.

Conseillère scientifique et responsable des dossiers de promotion de la santé mentale à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Marie-Claude Roberge nous explique en quoi l’approche globale en santé est gagnante pour tous.

Marie-Claude Roberge

Dans une perspective de promotion de la santé mentale, est-il convenu de miser sur les forces des jeunes plutôt que sur leurs déficits, de développer chez eux des compétences personnelles et sociales ?

Oui, tout à fait. Dans une perspective de promotion de la santé mentale, on ne cherche pas seulement à réduire les risques et les problèmes, mais on souhaite avant tout miser sur les forces des milieux et des individus pour consolider celles-ci. C’est pourquoi le développement de compétences socioémotionnelles chez les jeunes est majeur. C’est comme pour la santé physique : on veut que les jeunes apprennent à bouger et qu’ils soient physiquement actifs. Dès le plus jeune âge, il faut donc les aider à développer certaines habiletés motrices et leur offrir des occasions de les pratiquer pour qu’ils puissent avoir les compétences physiques afin d’être actifs toute leur vie. C’est la même chose pour les compétences socioémotionnelles : les jeunes doivent, par exemple, être capables de demander de l’aide, de gérer leurs émotions ou d’être en relation positive avec les autres et vivre dans des milieux qui leur offrent les possibilités de le faire. C’est ça, miser sur les forces.

On veut agir en amont. Une direction d’école qui remarque une hausse de la détresse parmi les élèves a comme réflexe d’augmenter le nombre d’intervenants pour aider les jeunes qui ne vont pas bien. C’est important, voire essentiel, mais des actions doivent aussi être mises en place pour créer les conditions qui contribuent à préserver la santé mentale. Si on fait ça, tous les jeunes qui pourraient améliorer leur santé mentale, simplement en ayant davantage d’occasions de bouger ou en ayant la possibilité de participer à des activités sensibles à leur réalité, n’auront pas à se tourner vers des services d’aide. Et ceux qui auront davantage besoin des services y auront accès plus facilement.

Compétences socioémotionnelles

Est-ce important d’agir tôt et de faire la promotion de la santé mentale dès la petite enfance ?

Oui, clairement. Cependant, faire la promotion de saines habitudes de vie et enseigner comment prendre soin de sa santé mentale est insuffisant. On n’a pas tous les mêmes moyens pour atteindre cet objectif. Il faut travailler sur les milieux, sur les déterminants. Que peut-on mettre en place pour que les milieux de vie soient porteurs d’une bonne santé mentale dès la petite enfance ? Comment soutenir les nouveaux parents ? Comment mettre en place des milieux de garde de qualité et bienveillants ? Comment inviter les communautés à favoriser l’engagement des jeunes et leur implication ? Ça, c’est porteur de santé mentale et il faut s’en préoccuper toute la vie, en commençant tôt.


Les enfants ne grandissent pas tous dans les mêmes milieux. Comment la santé, le bien-être et la réussite des jeunes sont-ils touchés ?

Il ne suffit donc pas d’enseigner les compétences. Il faut offrir aux jeunes un milieu qui leur permet de les exercer. Le développement des compétences socioémotionnelles est crucial, mais il ne se fait pas en dehors du milieu. C’est nécessaire de créer des environnements favorables. L’enjeu est d’intervenir de façon concertée.

L’école, milieu propice aux apprentissages, est le pilier de l’approche globale de la santé. L’approche y est-elle bien comprise ?

Oui. L’idée de développer les compétences est au cœur de la mission de l’école et des enseignants. Les enseignants sont convaincus que les apprentissages socioémotionnels sont d’une grande importance pour le cheminement scolaire des jeunes. L’approche globale de la santé nous montre que ces apprentissages socioémotionnels sont aussi essentiels à la santé physique et mentale des jeunes, c’est cet aspect qui doit être compris par l’ensemble des acteurs qui gravitent autour des jeunes.

Compétences socioémotionnelles

La mise en place d’actions peut sembler lourde et complexe pour des enseignants déjà débordés. Les actions intégrées peuvent-elles leur faciliter la tâche ?

Oui. On a l’impression qu’il faut toujours faire de nouveaux projets. Plusieurs des actions déjà en place peuvent favoriser la santé mentale, si on le fait avec cette intention. Par exemple, si on organise un club de plein air et qu’on a le souci d’être inclusif, en choisissant des activités variées qui plaisent au plus grand nombre et qui sont offertes de façon à respecter les divers niveaux d’habiletés motrices ou physiques, on est porteur de santé mentale. Ce sera moins porteur si on oblige tous les jeunes à participer, malgré leur malaise et leur désintérêt. C’est déjà un grand pas de s’arrêter et de réfléchir à la portée des actions existantes. Est-ce que certaines ont un effet nocif, positif ? Et tout ça contribue à mettre en place des actions intégrées. Ici, on favorise non seulement les saines habitudes de vie, mais aussi les habiletés sociales dans un milieu bienveillant, tout en contribuant à la santé mentale des jeunes.

* Ce texte a été publié dans le cadre d’une collaboration spéciale avec le ministère de l’Éducation du Québec.

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