Santé et société

Mauricie et Centre-du-Québec: tous ensemble pour des jeunes épanouis

Ressource

Stress. Anxiété. Vapotage. Utilisation abusive des écrans. Faible estime de soi. Insatisfaction corporelle. Tout au long de leur parcours scolaire, les jeunes Québécois sont susceptibles de rencontrer divers obstacles pouvant nuire à leur épanouissement, tant aux plans physique, psychologique, académique que social. Comment les aider ? En Mauricie et dans le Centre-du-Québec, des écoles misent sur la promotion de la santé mentale et la prévention plutôt que l’intervention et mettent en place des projets porteurs liés au référent ÉKIP.

Au CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, le projet Épanouir, qui repose sur l’approche École en santé et le référent ÉKIP, est la pierre angulaire de toutes les actions en promotion de la santé mentale et en prévention. Lancé en 2020 par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), ce projet vise à aider les « jeunes à développer leurs compétences personnelles et sociales » et « rendre leurs milieux de vie sains, sécuritaires et bienveillants, de façon à favoriser leur santé mentale positive » en mettant en place des actions directement auprès des jeunes, mais également auprès de leurs familles, au sein des écoles et dans la communauté. On vise des actions universelles (non ciblées) destinées à l’ensemble des jeunes.
 
Dans le cadre de ce projet, aucun programme existant n’est ciblé ou recommandé. Bien entendu, le recours à des programmes en particulier n’est pas exclu; toutefois, il revient aux établissements scolaires de procéder à l’analyse des besoins de leurs élèves et de vérifier si les actions proposées répondent aux priorités qu’ils ont établies, si ces actions respectent leur réalité et si les conditions organisationnelles favorables à leur efficacité sont en place.
 
« Nous proposons un changement de paradigme. Plutôt que de cibler une seule thématique à la fois, on propose de développer en amont les compétences personnelles et sociales chez les jeunes pour qu’ils adoptent des comportements qui favoriseront leur santé et leur bien-être », indique Sébastien Jacques, conseiller en promotion-prévention en milieux scolaires à la direction de santé publique du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. Il compte parmi une équipe de conseillers motivés qui travaillent à temps plein sur le déploiement de cette approche.
 
Si les actions visées sont universelles, les besoins exprimés ou les problématiques rencontrées par les milieux diffèrent d’une école à l’autre, d’une ville à l’autre. Ainsi, selon les particularités, Sébastien Jacques et ses collègues tentent de soutenir leurs partenaires dans leurs actions. Parfois, les initiatives émergent des milieux qui souhaitent valider leur pertinence par rapport au référent ÉKIP.

Violences amoureuses: renverser la tendance

Il y a deux ans, les plus récentes données de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire révélaient que la violence amoureuse était préoccupante dans la région de Shawinigan. Une animatrice de vie spirituelle et d’engagement communautaire a parlé des Couloirs de la violence amoureuse, car l’expérience s’était vécue à La Tuque. De là, une mobilisation du Centre de services scolaire ainsi que des partenaires clés se sont unis pour démarrer le projet à Shawinigan. Tous les jeunes de 3e au 5e secondaire vivront une animation pré couloirs, les couloirs et une animation post couloirs. En tout, 1658 jeunes vivront l’expérience. Déjà impliqués de belle façon dans la promotion de la santé et la prévention, les conseillers pédagogiques du Centre de services scolaire de l’Énergie ont souhaité intervenir en amont.
 
L’outil pédagogique Les Couloirs de la violence amoureuse a été développé au Lac-Saint-Jean en 2008 pour diminuer la progression de la violence conjugale sur leur territoire. Par le biais d’une expérience interactive, les élèves entrent dans la vie intime d’un couple et découvrent les signes précurseurs et les conséquences de la violence amoureuse. Plus de 25 000 jeunes ont à ce jour été sensibilisés notamment à Laval, en Estrie et sur la Côte-Nord.
 
Dès ce printemps, sept écoles secondaires de la région de l’Énergie présenteront le projet. Il a d’abord fallu créer un comité de coordination, établir un lien avec le corps de police local, mettre en place une entente avec l’organisme La Séjournelle de Shawinigan pour former les animateurs et membres scolaires. Un partenariat fort de plusieurs organismes afin de combler les plages horaires pour faire vivre les couloirs. Le CIUSSS a contribué au déploiement du projet. « Après évaluation, nous avons pu confirmer que le projet correspond aux bonnes pratiques du référent ÉKIP, précise M. Jacques. Nous avons invité les conseillers de différents centres de services scolaires à expérimenter ce parcours, à faire rayonner l’initiative. »
 

coeur

Miser sur Hors-Piste

Forts d’une volonté du MSSS de déployer le programme Hors-Piste dans les écoles secondaires du Québec, dont un des volets peut répondre à l’objectif de développer les compétences personnelles et sociales des jeunes du projet Épanouir, les conseillers en promotion-prévention en milieux scolaires du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec redoublent d’efforts pour le faire connaître. Ils multiplient les présentations dans les écoles et offrent depuis peu un accompagnement aux nouveaux milieux intéressés : ils peuvent coanimer les deux premiers ateliers pour faciliter la mise en place du programme. On aborde du même coup l’existence du référent ÉKIP. « Notre but est de semer des graines. »
 
La réponse est bonne, mais varie selon l’intérêt des gens en place et leur sensibilisation à la promotion de la santé et la prévention. Certaines écoles, comme l’École secondaire Jeanne-Mance à Drummondville, comptent parmi les pionnières et ont même participé aux recherches. D’autres sont plus réticentes. « Quand on leur dit qu’ils n’ont pas à offrir le programme Hors-Piste mur à mur, plusieurs deviennent intéressés. Tous sont aux prises avec un manque de ressources, on le comprend. Et comme c’est gratuit, c’est invitant. »
 
Le programme Hors-Piste vise d’abord à prévenir l’anxiété et le stress chez les jeunes, mais il ratisse bien plus large, souligne M. Jacques. « Ça touche aussi à la gestion des émotions et du stress, à la connaissance de soi et à plusieurs compétences du référent ÉKIP. Ça permet de faire de la prévention universelle. » 
 

Projet JM déjeuner pour bien démarrer la journée

À l’École secondaire Jeanne-Mance de Drummondville, le personnel a remarqué que le quart des jeunes de 1er et 2e secondaire ne déjeunaient pas et ne dînaient pas. On a tenté de cerner le besoin, de voir quelles actions étaient à privilégier. Pourquoi ne mangeaient-ils pas ? Était-ce parce qu’ils venaient de milieux défavorisés, par influence des pairs, ou en raison de la grande distance entre la maison et l’école ? À l’aide d’une grille d’analyse qu’ils ont conçue, les conseillers en promotion de la santé et prévention ont cherché à mieux comprendre le contexte de la problématique.
 
« On s’est rendu compte que c’était multifactoriel, dit M. Jacques. Des jeunes font une heure d’autobus le matin et, comme ils doivent se lever très tôt, ils n’ont pas faim. Plusieurs ont confié ne pas vouloir perdre du temps dans la file à la cafétéria le midi, pendant que leurs amis se rendaient au parc. Ils préféraient les suivre sans dîner. L’aspect monétaire, que l’on pensait important, venait parmi les dernières préoccupations. » L’école a mis en place le projet JM déjeuner il y a quelques années déjà et une soixantaine de jeunes en bénéficient. À leur arrivée le matin, les élèves ont désormais accès à une collation, comme un fruit, un fromage ou une barre tendre.

L’importance cruciale des partenaires

La clé du succès est la concertation et la collaboration, estiment M. Jacques et ses collègues. « Dans la région, on tisse des liens avec les milieux scolaires, mais aussi avec les organismes en prévention de la toxicomanie, les maisons des jeunes, les carrefours jeunesse-emploi et Aire ouverte... Beaucoup de personnes mettent la main à la pâte. Plus les jeunes auront de connaissances et de compétences personnelles et sociales, moins leur santé mentale sera affectée. Ils seront en meilleure posture pour faire face aux défis mis sur leur chemin. »
 
Les actions concertées sont de plus en plus nombreuses. « Quand une école a fait savoir qu’elle avait une problématique de vapotage chez les élèves de 4e année, on s’est allié avec des partenaires comme Action-toxicomanie. » Au Centre de services scolaire Chemin du Roy, certaines enseignantes étaient mal à l’aise d’aborder la prévention des agressions sexuelles, en éducation à la sexualité, chez les 1ere, 3e et 5e année. « Une équipe formée d’une conseillère pédagogique, d’une collègue de la santé publique et d’une intervenante de PÉTAS (Programme d’évaluation et de traitement des agressions sexuelles) du Centre jeunesse a monté une formation. Des liens se tissent, le partage de connaissances avec les organismes communautaires est important. »
 
Les milieux scolaire et communautaire sont de plus en plus ouverts à collaborer avec la santé publique. « On souhaite démontrer que, plus on va travailler tous ensemble, plus ça va être gagnant pour les jeunes, les familles, indique M. Jacques. On doit s’entraider, intervenir dans la bienveillance. On doit investir dans nos jeunes et développer chez eux des compétences personnelles et sociales pour leur assurer une bonne santé mentale. »

Déjà, certaines enseignantes témoignent des effets positifs du programme Hors-Piste. La gestion de classe est allégée, le retour au calme est facilité et le réinvestissement est apprécié. Les effets seront néanmoins plus marqués à long terme. « Le grand défi est de continuer d’y croire et de maintenir le programme dans le temps, insiste Sébastien Jacques. Ça va passer par l’implication de tous, on devra y mettre de l’huile de coude, mais on continue nos efforts. Un geste à la fois. Un pas à la fois. »

Encadré Épanouir : la santé mentale positive

Le modèle de santé mentale positive est au cœur du projet Épanouir qui guide les actions des conseillers en promotion-prévention en milieux scolaires. Qu’est-ce que la santé mentale positive ? « La santé mentale positive consiste en la capacité, pour une personne, de ressentir, de penser et d’agir de manière à améliorer son aptitude à jouir de la vie et à relever les défis, lit-on dans le document. Pour les jeunes, cela renvoie par exemple à la confiance en soi, à la satisfaction à l’égard de la vie, aux relations harmonieuses avec les autres, etc. En ce sens, l’absence de trouble mental n’est pas garante d’une santé mentale optimale et, par opposition, une personne présentant un trouble mental peut jouir d’une santé mentale optimale. »
 

* Ce texte a été publié dans le cadre d’une collaboration avec le ministère de l’Éducation du Québec.

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