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Au moins le tiers des jeunes Québécois, âgés de 12 à 17 ans, dorment trop peu. La durée de sommeil est amputée notamment parce qu’ils sont distraits par les écrans, sédentaires ou stressés par les examens. Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, une équipe d’intervenants a mis en place des projets pour sensibiliser les jeunes à l’importance de bonnes habitudes de sommeil et ainsi favoriser leur bien-être, leur santé et leur réussite scolaire durant cette période charnière qu’est l’adolescence.
Portée par la volonté de déployer le référent ÉKIP, la Direction de la santé publique du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean a formé à l’automne 2021 un comité opérationnel pour tenter d’évaluer les problématiques des milieux scolaires de son territoire. « On a interpellé des intervenants de chaque école secondaire pour nous aider à identifier les besoins criants ou prioritaires que vivaient les jeunes. Au fil des discussions, on a réalisé que les habitudes de sommeil étaient préoccupantes et on a pu amorcer une réflexion », indique Jimmy Dufour, agent de planification, de programmation et de recherche, responsable du dossier santé mentale positive des jeunes au CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Dufour et sa collègue Françoise Gauthier, travailleuse sociale en santé mentale positive au CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean, ont travaillé étroitement avec le Centre de services scolaire des Pays-des-Bleuets. « On se rendait compte que les jeunes ne dormaient pas beaucoup, que leur sommeil n’était pas de qualité, principalement en lien avec l’utilisation des écrans, explique Nancy Bilodeau, directrice adjointe des services complémentaires du Centre de services scolaire des Pays-des-Bleuets. Les saines habitudes associées au sommeil étaient déficitaires. Or, on sait que cette problématique a un impact sur l’anxiété, la performance académique et la concentration. On veut donc intervenir à la source. » Une représentante de l’organisme communautaire Santé mentale Québec/Lac-Saint-Jean s’est jointe à l’équipe et a joué un rôle important dans la conception visuelle des outils développés.
Activités interactives, contenu de qualité et message ciblé
Dans un souci de transmettre du contenu de qualité et à jour sur les habitudes de sommeil et les adolescents, le comité a pu compter sur l’aide du professeur Luc Laberge, du Centre d’Étude des Conditions de vie et des Besoins de la population (ÉCOBES) affilié au Cégep de Jonquière. Ce transfert de connaissances a été très aidant. « Avec son aide, on a pu préciser notre angle d’intervention et formuler un message clair et précis », dit M. Dufour. Ainsi, au lieu de cibler des heures de sommeil selon l’âge, le comité a décidé de sensibiliser les jeunes aux signes de déficit de sommeil, à ses conséquences ainsi qu’aux saines habitudes à adopter.
Dès le printemps 2022, un kiosque interactif a été présenté dans six écoles secondaires de la région. « On a organisé l’activité sur l’heure du dîner et pendant les récréations afin de toucher le plus d’élèves possible, précise Françoise Gauthier. On présentait un quizz avec des questions sur le sommeil, sous forme d’une « roue de fortune » que les élèves devaient tourner. Nous avions aussi un tableau qui représentait une chambre à coucher, avec des items à velcro que les élèves devaient apposer selon qu’ils favorisaient ou nuisaient au sommeil. La réponse a été très positive. » Un concours était organisé, avec prix de présence, parmi les participants invités à donner leur truc pour bien dormir.
Cette activité a été la première d’une série d’initiatives prévues au calendrier. « Le but est de multiplier les actions dans le temps pour maximiser la force d’impact », explique Nancy Bilodeau. Une capsule vidéo, réalisée en collaboration avec Santé mentale Québec/Lac-Saint-Jean, circule dans toutes les classes des écoles secondaires. On évalue actuellement la pertinence de l’outil et l’intérêt des jeunes par le biais de sondages.
Une panoplie d’activités à venir
Le projet, actuellement en phase d’implantation, est déjà très en demande et est appelé à se diversifier. Le comité prévoit organiser sous peu des activités ciblées dans les écoles primaires et souhaite proposer un webinaire destiné aux parents. « On prévoit également diffuser un message multivox sur l’importance de reprendre une routine du sommeil au retour d’un long congé. On élabore actuellement un outil sur la gestion des écrans et l’impact sur le sommeil. On veut aussi développer un outil pour favoriser la préparation aux examens en mai », énumère Françoise Gauthier.
Selon les intervenants au dossier, la force du comité provient de l’implication de membres de divers horizons, du partage de connaissances et de la motivation de chacun. « C’est un vrai travail d’équipe. On peut ainsi multiplier les approches et favoriser les actions intégrées dans les milieux, souligne M. Dufour. Ça n’a pas toujours été facile. Au fil des rencontres, il a fallu recentrer nos efforts sur le besoin ciblé. En bout de ligne, c’est payant pour tous ! »
Qu’est-ce que le référent ÉKIP ? Le référent ÉKIP permet de cibler les actions à réaliser dans une approche de promotion de la santé et du bien-être et de prévention pour les élèves du préscolaire, du primaire et du secondaire dans une perspective d’agir aussi dans ses différents milieux de vie (école-famille-communauté). L’objectif est de renforcer les compétences personnelles et sociales des jeunes et de créer des environnements favorables à leur santé en mettant en place des actions dans leurs milieux de vie.
* Ce texte a été publié dans le cadre d’une collaboration avec le ministère de l’Éducation du Québec.
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