Éducation alimentaire

Des CPE certifiés pour leur engagement en faveur d'une offre alimentaire saine et locale

Des CPE certifiés pour leur engagement en faveur d'une offre alimentaire saine et locale

Offrir une majorité des produits locaux au menu des tout-petits, une utopie ? Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, certainement pas ! Onze CPE arborent désormais fièrement leur certification « Petits ambassadeurs de saveurs », un mouvement initié par la Table agroalimentaire régionale. Mise en place avec Annie Tremblay, cuisinière au CPE L’Enfanthèque d’Alma, cette initiative continue de faire des adeptes parmi les milieux de garde.

Tout a commencé en 2016 alors qu’Annie Tremblay suivait des formations en alimentation durable animées par Philippe Grand, chef d’équipe du Service saine alimentation à l’Association québécoise des centres de la petite enfance. « Je trouvais cela absurde de ne pas pouvoir offrir aux enfants du Lac-Saint-Jean des bleuets de chez nous ! », s’exclame-t-elle. « J’intégrais déjà quelques produits régionaux aux menus de la garderie, mais le défi était de trouver les bons fournisseurs pour mettre en valeur plus de saveurs locales. »

Lorsque Philippe Grand met en lien le regroupement Zone boréale et Annie Tremblay, l’aventure a pu commencer. Orchestrée par la Table agroalimentaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Zone boréale avait déjà mis sur pied les attestations « Marchand/zone boréale » et « Ambassadeurs de saveurs » pour les détaillants et les restaurateurs soucieux d’offrir des produits agroalimentaires régionaux. Émilie Tremblay, agente de développement à la Table, organise alors une rencontre entre une dizaine de cuisinières en CPE et des producteurs régionaux. L’offre variée de produits uniques, comme le miel des Ruisseaux, le sirop d’érable de l’Érablière du Cap bleu, l’avoine de la ferme Olofée et les nombreux légumes frais du terroir ont tout de suite conquis les cuisinières. Restait maintenant à coordonner les commandes tout en respectant les budgets.

petits ambassadeurs de saveurs

Le CPE l’Enfanthèque d’Alma a été le premier à obtenir la certification « Petits ambassadeurs de saveurs ». Chaque CPE accrédité reçoit une plaque officielle pour afficher son engagement sur la porte d’entrée.

Encourager l’achat local : exigeant mais satisfaisant !

Un CPE accrédité « Petits ambassadeurs de saveurs » doit respecter trois engagements. D’abord, il doit intégrer une majorité de produits locaux à son menu. Par exemple, 70 % des produits laitiers fabriqués ou transformés au Saguenay–Lac-Saint-Jean ; 50 % des fruits et légumes issus de l’agriculture locale. Le reste doit provenir en priorité de producteurs québécois.

Les responsables de l’alimentation des CPE ont constaté avec bonheur que respecter cette grille d’exigences était aussi avantageux pour les achats en gros que de faire affaire avec de gros fournisseurs. « En plus, les producteurs sont très conciliants avec les garderies », souligne Annie Tremblay. « Certaines boulangeries ont même adapté leurs formats de pains en portions réduites pour les besoins du milieu de garde. En plus, les livraisons sont rapides. Nos commandes arrivent souvent le lendemain, plutôt que d’attendre plusieurs jours un transport de Montréal. Et nous avons enfin notre fournisseur de bleuets ! »

Une panoplie d’outils pour découvrir l’agroalimentaire

Le deuxième volet de l’attestation implique l’offre de deux activités éducatives par année, en lien avec l’agroalimentaire. « Les nouveaux contacts créés avec les producteurs ont facilité l’organisation d’une visite à la ferme et d’un projet de jardinage avec les enfants », raconte Marie-Ève Turcotte, responsable de la pédagogie au CPE L’Enfanthèque. « Ce printemps, les jeunes de 4-5 ans ont démarré des semis dans une petite serre. C’était une belle occasion d’inculquer des notions telles que la cueillette et l’agriculture de manière créative et stimulante. Évidemment, lorsque les enfants cuisinent des biscuits ou des salades de fruits, ils sont très enthousiastes ! »

potager dans un cpe

Pour compléter l’attestation, le CPE doit signer la charte d’engagement en faveur des saines habitudes de vie. « Tout le processus demande un certain investissement, confie Émilie Tremblay, mais c’est vraiment emballant. » Elle se réjouit de constater l’enthousiasme des cuisinières et du personnel des CPE.

En échange, une fois que les trois critères sont remplis, la Table agroalimentaire s’engage à outiller les milieux de garde en offrant du matériel éducatif pour les enfants (cahiers d’activités, idées d’ateliers culinaires) et un accompagnement pour ajuster leurs budgets ou ajouter de nouveaux produits à leur menu. La Table organise aussi des activités de réseautage entre les responsables de l’alimentation. « Cela nous sort un peu de notre cuisine et nous permet d’échanger sur nos façons de faire et nos liens avec les producteurs », ajoute Annie Tremblay.

ambassadeurs de saveurs Les 10 premières cuisinières accréditées « Petits ambassadeurs de saveurs »

Des enfants acteurs de leur alimentation

Philippe Grand témoigne de l’importance à long terme de ce type de projet durant la petite enfance. « Lorsque les enfants s’impliquent dans leur alimentation, cela a un impact majeur dans leur développement. Non seulement ils ont du plaisir au quotidien en découvrant les saveurs locales, mais ils le racontent à leurs parents et ils ont eux-mêmes les mains dans la terre. »

potager dans un cpe

Les jeunes de l’Enfanthèque ont planté leurs semis de haricots et de pois mange-tout dans les bacs du jardin de la garderie. À leur retour en août, ils ont pu fièrement déguster leurs propres légumes qui avaient poussé tout l’été. Une visite à la ferme du producteur est venue boucler la boucle et créer un lien d’attachement très fort envers leur alimentation. « Nos activités ont éveillé la curiosité des petits pour l’alimentation, raconte Annie Tremblay. L’autre jour, un enfant m’a demandé s’il pouvait entrer dans ma cuisine. Alors, pour la première fois, tout le groupe a visité les lieux. C’était beau de voir leurs yeux émerveillés ! »

Et qu’en pensent les parents des bambins ? « Ils sont emballés ! », affirme Marie-Ève Turcotte en riant. « Chaque semaine, le menu est affiché à la porte. Ils sont nombreux à s’exclamer et partager leur envie de rester dîner à la garderie en humant les effluves qui montent de la cuisine... »

*** Cet article a été publié dans le cadre d’un partenariat avec le groupe de travail « Saine alimentation pendant l’enfance » de la Table québécoise sur la saine alimentation.

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