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Dix projets portés par des jeunes ou des organismes autochtones ont récemment pu concrétiser leur vision du développement durable. L’initiative, soutenue par le Secrétariat à la jeunesse, visait à encourager les leaders autochtones de 15 à 35 ans à agir dans leurs communautés et mettre sur pied des initiatives concrètes dans les sphères économiques, environnementales, sociales et culturelles.
Des leaders autochtones porteurs de mémoire et d’avenir
Parmi les projets financés, celui de Diego à Wendake a marqué les esprits. En réintroduisant les techniques horticoles traditionnelles des Wendats – dont la culture des trois sœurs (maïs blanc, haricot, courge) – il ravive avec fierté une culture ancestrale. « On parle ici d’un savoir ancien qui renaît sur notre territoire. C’est plus qu’un projet agricole, c’est une reconnexion identitaire », comme le décrivait Diego. Avec l’implication d’une cinquantaine de jeunes, ce projet vise notamment la transmission de la culture traditionnelle par la transformation des produits de la récolte en poupées, mocassins ou masques en feuilles de maïs.
Samwillie, originaire de la communauté d’Inukjuak, est le porteur du projet novateur InukRock, un projet d’escalade mis en œuvre à Ivujivik. Plus qu’un simple sport, l’escalade devient ici un acte culturel qui renoue avec les pratiques ancestrales de collecte d’œufs d’oiseaux sur les falaises. En sécurisant des parois naturelles dans les environs, l’équipe de Samwillie offre aux jeunes de la communauté un cadre sécuritaire et significatif pour réinvestir leur territoire et leur identité.
L’art pour porter la voix des jeunes leaders autochtones
En guise de legs, et pour la mémoire collective, Fabienne Jérôme-Théoret, une jeune Anishnaabe originaire de Lac-Simon, a mis son art au service des projets et de leurs retombées. Pour l’illustratrice graphiste, certaines formes d’art servent aussi à exprimer le leadership des jeunes leaders autochtones : « Offrir une image globale et sensible de ce qui se vit dans les communautés, c’est une autre manière d’honorer les voix des jeunes ».
Toutes ces initiatives, menées avec brio par des jeunes de 7 Premières Nations, remplissent d’ailleurs de fierté le chef Francis Verreault-Paul, de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. Pour ce sage, un constat s’impose : « Clairement, c’est une génération qui prend sa place avec courage et détermination ».
Des leçons pour la suite du monde…
L’avenir est certainement à inventer, pour l’ensemble de la jeunesse, tant autochtone qu’allochtone. Voici quelques leçons tirées de la première édition de l’appel de projets WGKI S8GM8 qui méritent d’être méditées pour la suite…
Le développement durable est culturellement enraciné : il ne peut être dissocié de la relation au territoire, des ancêtres et des savoirs. Chaque culture de chaque Nation offre un terreau fertile pour le développement durable.
Les défis sont bien réels : bureaucratie, éloignement géographique, météo, financement… face à ces obstacles, la persévérance, le soutien et la communication sont des clés essentielles de réussite.
L’écoute et le soutien institutionnel, des leviers essentiels : pour que les financements génèrent des impacts directs, visibles et durables dans les communautés.
Le leadership est multiple : qu’il soit culturel, juridique, communautaire ou environnemental, chaque style de leadership est nécessaire. Comme le prône le Chef Francis Verreault-Paul, la force d’une Nation repose sur la diversité de ses leaders.
L’identité agit comme une boussole : les projets visent un objectif commun, soit celui de renforcer le sentiment d’identité, de fierté et d’appartenance. Ce sont des fondations solides pour naviguer entre les défis du monde actuel.
Le territoire est un enseignant : qu’il s’agisse d’escalade, de cueillette ou d’apprentissage juridique, tous les projets reconnaissent le territoire comme un pilier pour édifier l’avenir.
La jeunesse est en marche : les jeunes leaders autochtones sont structurés, inspirés, et porteurs de changements concrets. Leurs projets démontrent une volonté claire d’assumer des responsabilités, de dialoguer avec les institutions, et d’imaginer un avenir plus juste et durable.
Voilà un chantier prometteur pour l’avenir de la jeunesse autochtone, mais aussi allochtone.