À l’heure où on s’apprête à construire de nouvelles écoles, et en agrandir ou en rénover de nombreuses autres, pourquoi ne pas rêver et s’inspirer d’écoles exceptionnelles ailleurs dans le monde ? Zoom sur trois d’entre elles qui se démarquent non seulement par leur architecture, mais par leur solide ancrage au cœur de leur communauté.
En 2016, le World Architecture News Education Award était décerné à l’école Havre-Sud (Skolen i Sydhaven) de Copenhague. L’année suivante, c’était l’école internationale de Copenhague qui remportait la même distinction. Et, en 2018, le WAN Education Award était octroyé à l’école primaire de Melbourne-Sud, en Australie.
École Havre-Sud
Ces trois écoles nouvellement construites partagent de nombreuses caractéristiques architecturales reposant sur une conception des espaces voués à la fois aux besoins des élèves, mais aussi de la communauté. D’ailleurs, toutes trois ont en commun d’être construites sur plusieurs étages, ce qui permet d’aménager un vaste hall d’entrée. À ce chapitre, notons que l’école primaire de Melbourne-Sud est justement la première du pays que l’on ait érigé en hauteur.
École internationale de Copenhague
Une vision écosystémique
Dans son essai, Les écoles qu’il nous faut, le chroniqueur Marc-André Carignan plaide pour que l’école du 21esiècle soit pensée comme un écosystème d’apprentissage. Fini les classes où s’alignent immuablement les rangées de pupitres qui ne remplissent qu’une seule et unique fonction, celle de prodiguer des enseignements. Car les enfants ont aussi besoin de bouger, d’être physiquement actifs. Ce qui les aide à mieux se concentrer par la suite.
Les aménagements de ces trois écoles reposent justement sur le principe du décloisonnement dont Marc-André Carignan se fait le défenseur. Ce qui permet de créer des classes facilement reconfigurables, polyvalentes et qui s’adaptent en fonction de stratégies pédagogiques variées. L’école primaire de Melbourne-Sud a même pris au pied de la lettre ce principe du décloisonnement puisqu’elle n’abrite aucune salle de classe.
Outre des salles de classe flexibles, ou pas de salle de classe du tout, ces écoles comprennent des locaux dédiés comme des Fab Labs (ateliers de fabrication aussi bien physiques, mécaniques qu’informatiques), des cuisines, des zones actives, des zones calmes... Les corridors peuvent être aménagés pour offrir des parcours d’exercices ou servir de lieux d’exposition. On trouve parfois dans ces volumineuses écoles de vastes escaliers-gradins qui, outre leur fonction déambulatoire, peuvent accueillir un auditoire de manière ad hoc le temps d’une performance ou d’une conférence…
École internationale de Copenhague
À l’ère des aires communes
Nos trois écoles ont bien sûr en commun de consacrer de nombreux mètres carrés de superficie aux aires communes. Par exemple, l’école primaire et secondaire Havre-Sud leur consacre la moitié de sa superficie totale. Les premiers à en profiter sont les élèves eux-mêmes, ainsi que les équipes-écoles. Mais aussi les membres de la communauté, puisque ces aires communes peuvent servir de lieu de réunion, de spectacle, de conférence. Par exemple, les organismes communautaires peuvent utiliser ces espaces et ces équipements pour des ateliers de cuisines collectives.
École Havre-Sud
Les concepteurs de l’école Havre-Sud ont adopté les principes de l’approche DGNB, l’équivalent de notre certification LEED. Mais outre le choix des matériaux, de l’isolation thermique et de l’insonorisation, la construction de l’édifice devait aussi reposer sur des principes de développement durable à visée sociale, pour que le bâtiment continue à vivre après les heures de classe. C’est pourquoi l’école Havre-Sud s’inscrit dans le prolongement de la trame urbaine. Aucune clôture ne la ceinture et les portes de son hall d’accueil ne sont pas verrouillées.
École Havre-Sud
Ouverture sur l’extérieur
Puisque les vertus du jeu libre à l’extérieur sont désormais bien connues, ces écoles sont également conçues pour que les jeunes puissent facilement sortir à l’extérieur. Celle de Havre-Sud offre certes le plus bel exemple de cette ouverture sur l’extérieur. Étagée sur 7 niveaux, l’école possède des toits verts à chacun des étages, qui communiquent les uns aux autres par des escaliers. Ce parcours finit par aboutir à un escalier monumental, la signature de cette école.
École Havre-Sud
École Havre-Sud
Cet escalier en bois, qui sert aux enfants d’espace de jeu comme de lieu de rencontre remplit une autre fonction. Il donne accès à une salle de classe particulière : un canal. En effet, l’école Havre-Sud se spécialise en sciences et les métiers de la mer. Les élèves peuvent donc mettre à l’eau leurs embarcations à partir du quai de l’école. Ils peuvent en outre pêcher des poissons que, par la suite, ils pourront étudier dans leur cours de biologie.
École Havre-Sud
Pôles d’attraction
On le devine, dans ces trois écoles, aucun détail n’a été laissé au hasard afin de répondre aux nombreux besoins des enfants et leur offrir des lieux d’apprentissage qui sont de véritables milieux de vie. Mais ces écoles ont aussi en commun d’avoir été créées dans le but soit de revitaliser le milieu soit de le dynamiser. Ainsi, l’école primaire de Melbourne-Sud est érigée dans un ancien quartier industriel trop longtemps resté à l’abandon et que l’on souhaite faire revivre en attirant de nouvelles familles. Situation similaire à l’école Havre-Sud dans un contexte où Copenhague accueille 1 000 nouveaux résidents par mois.
L’école internationale de Copenhague représente, à ce chapitre, l’exemple le plus spectaculaire, voire le plus poussé. Elle a été implantée au beau milieu des installations portuaires, dans un tout nouveau district dont elle est appelée à devenir l’un des pôles d’attraction. En effet, l’école possède 3 terrains de basketball, une salle de théâtre ainsi que des salles de répétitions. Et, trait distinctif, grâce à ses 12 000 panneaux solaires, elle produit la moitié de l’électricité qu’elle consomme. Une véritable vitrine de la certification DGNB.
École internationale de Copenhague
Et au Québec ?
« Moderniser le parc scolaire québécois pour faire des classes du 21e siècle, ça va prendre du temps, nous expliquait Marc-André Carignan, l’année dernière. Mais c’est possible. (…) J’ai pu constater qu’il y a une conscience qui se développe, qu’il y a une sorte de réveil collectif. Et qu’une pression populaire commence à s’exercer sur le politique. On a maintenant besoin que cette poussée s’accompagne d’une vision résolument moderne du rôle de l’éducation, d’une volonté de donner à nos jeunes des écoles du 21e siècle ! »
Pour en savoir plus
Ce sujet a récemment fait l’objet d’une conférence organisée par le comité 100° -MTL : Les écoles scandinaves : un modèle inspirant
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