Éducation alimentaire

Cultiver des légumes à l'école: l'effet de serre à son meilleur!

Cultiver des légumes à l'école: l'effet de serre à son meilleur!

Apprendre à bien s’alimenter, c’est important. Mais apprendre à faire pousser soi-même ses propres légumes, c’est tout simplement inestimable ! À l’école primaire Saint-François-d’Assise de Longue-Pointe-de-Mingan, les élèves ont la chance de manger des légumes frais et savoureux qu’ils ont eux-mêmes semés, cultivés et récoltés dans la vaste serre aménagée sur le terrain de l’école. Une expérience riche d’apprentissages pour toute la vie !

En 2012, alors qu’il se demandait quoi faire du terrain vague adjacent à l’école, l’idée d’un jardin a germé dans l’esprit du directeur Nelson Méthot. « Je voulais montrer aux enfants, dit-il, que les légumes, ça ne vient pas de l’épicerie, mais de la terre. » Grâce au soutien du WWF-Canada et de plusieurs commanditaires, l’école ne tarde pas à aller de l’avant. Claude Lussier, cofondateur de la Coop de solidarité agroforestière de Minganie, Le Grenier boréal, est alors parent à l’école et impliqué dans le projet : « On s’est dit “tant qu’à faire quelque chose, on va faire la totale !” » En plus d’un jardin et d’un arborétum, les parents décident de construire une immense serre afin que les élèves puissent cultiver des légumes le plus longtemps possible dans l’année.

serre pédagogique

« Sur la Côte-Nord, les légumes parcourent des kilomètres par camion avant d’arriver à l’épicerie. Notre objectif, c’était d’inculquer aux jeunes de saines habitudes de vie, mais aussi de promouvoir l’agriculture locale. » - Claude Lussier

 Semer le goût d’une saine alimentation

Sensibiliser les enfants à l’importance de s’alimenter avec une variété de légumes frais pourrait sembler un défi insurmontable dans une région qui doit composer avec la rigueur du climat et l’éloignement. Mais depuis l’ouverture de la serre, il y a quatre ans, les élèves de l’école primaire Saint-François-d’Assise, dont la moitié provient de la communauté innue, connaissent tous les secrets des légumes. Du préscolaire à la 6e année, chaque groupe passe une période de 30 à 60 minutes dans la serre avec leur enseignant, tous les huit jours. Des semis aux récoltes, en passant par les plantations, le désherbage et la vérification de l’arrosage, ils découvrent le plaisir de travailler la terre et la fierté de produire leurs propres aliments.

serre pédagogique

« On voit les jeunes dans la serre et on se rend compte à quel point c’est bénéfique. Il y a vraiment quelque chose de magique qui se passe au niveau pédagogique, mais aussi au niveau de l’entrain et de la joie de vivre. C’est phénoménal l’impact que ça peut avoir. » - Claude Lussier

Les légumes sont aussi à l’honneur sur les bancs d’école. Les enseignants s’assurent en effet de tisser des liens entre le travail dans la serre et le programme scolaire. Toutes les matières sont prétextes à en apprendre davantage sur les légumes et leurs bienfaits sur la santé. Et bien sûr, la leçon ne serait pas complète sans vivre l’expérience de croquer à belles dents dans ces légumes de toutes les formes et de toutes les couleurs. À l’école Saint-François-d’Assise, les légumes qui servent à faire les collations se mangent toujours frais.

« Au début, les élèves étaient un peu réfractaires à goûter ce qu’ils ne connaissaient pas. Mais ils ont développé leur goût et ils adorent tous les légumes. Quand on passe des plateaux de légumes dans les classes, les plateaux se vident instantanément. » - Nelson Méthot

serre pédagogique

Cultiver l’entraide

Dès les premiers instants, un comité permanent composé de parents, de membres de l’équipe — école et du directeur a été mis sur pied afin d’assurer la réalisation et la pérennité du projet. « Quand on a monté la serre, raconte le directeur Nelson Méthot, ça nous a pris six grosses fins de semaine. Il y a des parents, mais aussi des personnes de la communauté, qui sont venus nous aider. Ça a été très apprécié. » Un projet d’une telle ampleur ne peut en effet se faire sans un réel engagement des parents et de l’équipe-école. « Au début, poursuit Nelson Méthot, certains professeurs étaient inquiets parce qu’ils craignaient de ne pas avoir le pouce vert. Mais avec les années, on a démystifié l’agriculture et le projet ne cesse d’évoluer. »

Une fois la serre construite, l’école a eu la chance de bénéficier de l’expertise de la Coop Le Grenier boréal qui s’est grandement impliquée au niveau de l’aménagement et de l’entretien de la serre. La coop, qui offre aujourd’hui ses services comme consultant, a obtenu cette année une aide financière de la communauté afin d’élaborer deux guides sur la production des légumes et l’entretien de la serre. Destinés aux parents et aux enseignants qui travaillent dans la serre avec les élèves, ces guides vont les accompagner au fil des saisons, pendant l’année entière. Pour assurer les récoltes d’automne, les familles doivent en effet prendre le relais des élèves durant l’été pour prendre soin de la terre et des légumes.

serre pédagogique

Récolter le vivre-ensemble

En mesure de constater la grande valeur pédagogique de la serre à l’école et les bienfaits de la production d’aliments sains sur les élèves, le directeur Nelson Méthot ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « À l’extérieur, il nous reste une cinquantaine de pieds, explique-t-il. En plus de poursuivre l’arborétum composé d’un arbre de chacune des espèces de la région, on veut faire un gros jardin avec des légumes qui poussent bien à l’extérieur, des bettes, des carottes, des pommes de terre... On va garder la serre pour les légumes plus capricieux. » Une façon de grossir encore davantage les abondantes récoltes qui sont distribuées aux enfants et aux parents chaque automne.

Claude Lussier, dont la coopérative installée à Longue-Pointe-de-Mingan œuvre principalement dans la production maraîchère et la cueillette en forêt, rêve pour sa part de voir des projets similaires émerger à la grandeur du Québec. Il fait valoir la dimension interculturelle du projet qui rassemble la communauté blanche et celle des Innus, qui sont un peuple de chasseurs-cueilleurs. Le comité songe par ailleurs à inviter les personnes âgées à se joindre au travail de la serre l’été prochain afin que le projet devienne également un lieu de rencontre intergénérationnelle. « C’est très englobant comme projet, conclut-il. En plus d’intégrer le côté sensibilisation à l’alimentation, il y a tout ce volet qui devient presque spirituel, parce que c’est un mélange de cultures. C’est très beau à voir ! »

Ce sujet vous intéresse ? Visionnez la conférence  d'Alain Massé du Grenier boréal Bien manger et mieux apprendre à l’école.

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